
Des palettes d’eau minérale Perrier sont bloquées dans l’usine de Vergèze (Gard) suite à la détection d’une anomalie, a révélé Radio France. Pour Nestlé Waters tout doit rentrer dans l’ordre dans les prochains jours. Une décision sur l’appellation “eau minérale naturelle” doit tomber prochainement.
Une enquête de Radio France, publiée le 3 décembre, affirme que des millions de bouteilles de Perrier sont bloquées par les autorités sanitaires après des analyses non conformes. Contacté par L’Usine Nouvelle, Nestlé Waters ne nie pas avoir détecté une anomalie dans l’une de ses analyses, mais assure que «toutes ces analyses complémentaires confirment qu’il n’y a pas de déviation microbiologique dans le forage.» Après une suspension temporaire, la production a repris mais des palettes sont encore bloquées en attente de la décision de l’ARS (Agence régionale de santé) Occitanie.
Celle-ci a publié un décompte des palettes qui ont été bloquées, isolées et contrôlées à nouveau pour non-conformité depuis le 30 avril dernier, date à laquelle Nestlé Waters a abandonné la microfiltration à 0,2 micron pour passer à 0,45 micron. Elles sont au nombre de 9534, dont «34 palettes ont été retirées et ont fait l’objet d’une destruction préventive (re-contrôles non-conformes) ; 2415 palettes sont actuellement en cours de re-contrôle (analyses en instance)», précise l’ARS. Selon le décompte de Radio France, 4 millions de bouteilles seraient concernées.
La production a redémarré
«C’est un grand classique de la vie d’une usine, remarque une porte-parole du groupe Nestlé. Quand nous détectons une anomalie, nous bloquons les palettes, puis nous informons l’ARS et nous procédons à de nouvelles analyses. Cela fait partie de notre protocole de gestion intégrée de la qualité.» Si Nestlé Waters attend la décision de l’ARS pour débloquer ces milliers de palettes, la production a repris y compris sur les deux forages qui avaient été arrêtés.
L’ARS Occitanie confirme à L’Usine Nouvelle que le forage RVI a avait été fermé le 23 novembre pour non-conformité et présence de la bactérie pathogène Pseudomonas aeruginosa ou bacille pyocyanique. Après contrôle, il a été remis en service par l’exploitant. Quant au forage RVII, il avait été arrêté pour une panne qui avait provoqué l’arrêt de la pompe ; après réparation, il est à nouveau opérationnel. Aujourd’hui, Nestlé Waters assure que «l’eau minérale naturelle Source Perrier, produite sur le site de Vergèze, peut être bue en toute sécurité.»
La filtration à 0,45 micron dénoncée par les minéraliers
Il n’en reste pas moins qu’il y a eu depuis le mois de mai une vingtaine d’épisodes de non-conformité. Aujourd’hui, Nestlé Waters utilise la filtration à 0,45 micron, ce qui fait débat, alors qu’en France il ne peut y avoir de filtration inférieure à 0,8 micron. La Maison des eaux minérales naturelles (MEMN), le syndicat de la profession, militait pour ne pas modifier la réglementation française, plus ambitieuse. «Toutes les analyses à 0,45 microns que nous réalisons pour des tests de qualité enlèvent toutes les bactéries y compris celles qui ne sont pas pathogènes, indiquait en novembre David Merle, directeur général des eaux Minérales de Bonneval et vice-président de la MEMN. Cette filtration modifie la composition de l’eau minérale. La réglementation est très claire et ceux qui demandent une clarification tentent de changer les règles.»
Cette filtration sera sans doute au centre de la décision que doit prendre le préfet du Gard : autoriser ou pas Perrier à conserver la dénomination eau minérale naturelle et éventuellement fermer certains forages. La demande d’autorisation déposée en juillet dernier par Nestlé Waters est en cours d’instruction technique par l’ARS Occitanie qui rappelle à L’Usine Nouvelle le déroulé de la procédure : «Un hydrogéologue agréé a été saisi, comme le prévoit la réglementation, afin de remettre un avis scientifique et technique sur la demande d’autorisation déposée par l’exploitant. Conformément à la réglementation et sur la base de cet avis, le directeur général de l’ARS Occitanie transmettra au Préfet du Gard un rapport de synthèse et un projet d’arrêté, qui seront transmis au CoDERST (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) réuni par le préfet du Gard afin d’émettre un avis sur la demande de l’exploitant. À l’issue de cette procédure, le préfet statuera sur la demande d’autorisation en prenant un nouvel arrêté. » Il disposera alors d’un délai de quatre mois pour rendre son avis. Il serait surprenant qu’il fasse durer le suspense aussi longtemps…


