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Problèmes de qualité, défaut logiciel… Airbus veut-il aller trop vite pour livrer ses avions ?

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Lu il y a 5 minutes



En plein sprint final de livraisons de fin d’année, Airbus est confronté à deux problèmes survenus à quelques jours d’intervalle au niveau de son A320. Faut-il y voir un effet d’emballement de sa production ? Pas si sûr, mais l’avionneur doit veiller à ne pas rompre le lien de confiance avec ses fournisseurs.

Un logiciel défectueux qui impose une mise à jour sur des milliers d’avions, des panneaux de fuselage à la mauvaise épaisseur affectant des centaines d’appareils, un cours de bourse qui dévisse… En l’espace de quelques jours, le navire Airbus semble pris d’un sérieux mouvement de tangage. Au point de soulever une question : tout à sa volonté d’atteindre son objectif de livraisons, fixé cette année à environ 820 appareils, l’avionneur ne va-t-il pas trop vite ? Au risque de trébucher…

Depuis la pandémie, une menace plane au-dessus du secteur aéronautique : celle d’une multiplication des erreurs sur les chaînes de fabrication. Alors que les avionneurs affichent des carnets de commandes historiques et courent après les volumes de production d’avant-crise, les usines ont accueilli une vague massive de nouvelles recrues pour remplacer des départs plus ou moins contraints. Ces dernières années, les couacs se multiplient sur les lignes de production. «Mais depuis le double crash du Boeing 737 MAX intervenu en 2018 et 2019, les exigences de qualité chez Airbus, comme chez Dassault, sont devenues plus fortes», soutient le patron d’un sous-traitant.

Des failles dans le système

Les deux problèmes survenus en cette fin d’année, causés par des fournisseurs extérieurs à Airbus, démontrent pourtant que des failles existent et peuvent avoir de sérieuses conséquences. L’avionneur européen a pris les devants concernant la mise à jour d’un équipement de vol – trop sensible au rayonnement solaire – au niveau de plus de 6000 A320, réglant par ailleurs la majeure partie du problème en 48 heures. Alors que cette mésaventure n’est pas liée à la hausse des cadences de production, le logiciel en question a été implémenté depuis plus de 20 ans, excluant l’hypothèse d’un récent manquement de la part du groupe.

Quant aux problèmes de qualité sur les panneaux de quelque 600 A320, ils ont été détectés rapidement par Airbus, qui l’a fait savoir à ses clients concernés. Ce qui a d’ailleurs permis à la presse de l’apprendre. Les retouches sur des avions sont monnaie courante sur des pièces non critiques, et font rarement la Une des journaux. Par ailleurs, avec une augmentation souhaitée cette année de 7% de livraisons, en ligne avec les croissances annuelles des dix dernières années, l’avionneur ne vise pas la Lune.

«Airbus a fait preuve de transparence, c’est plutôt rassurant», estime un industriel. Mais le groupe ne devrait-il pas malgré tout davantage prendre en compte les contraintes de ses fournisseurs, qui doivent aussi pour certains produire des pièces pour les avions existants, ainsi que l’environnement ultra volatile et réduire quelque peu ses ambitions ? Car si sa cible n’est pas atteinte, les investisseurs feront grise mine, les objectifs financiers n’étant pas respectés. Idem pour les compagnies aériennes, qui devront prendre leur mal en patience.

Une décorrélation entre Airbus et certains sous-traitants

Mais d’autres acteurs en pâtiront également : les sous-traitants, et en particulier les bons élèves, ceux qui investissent et embauchent à hauteur des prévisions définies, et qui livrent en temps et en heure. «Car s’ils ne génèrent pas le chiffre d’affaires escompté, ils se retrouvent en surcapacités et la situation peut être compliqué pour eux», atteste un patron d’entreprise.

Résultat ? Depuis quelques années, des sous-traitants jouent la prudence. En clair, ils établissent leurs propres hypothèses de livraisons, en deçà de celles d’Airbus. «Tout le monde fait ça, ceux qui sont aguerris, glisse un dirigeant. Parce qu’au début, on a tendance à croire Airbus. Toute la difficulté est de placer le curseur au bon niveau.» Et de préciser qu’il table par exemple en 2026 sur une dizaine d’A350 de moins que ce que prévoit Airbus. Un décrochage entre les objectifs de l’avionneur et ceux de certains de ses partenaires qu’il ne faudrait pas ignorer.



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