Directrice générale de Veolia, Estelle Brachlianoff évalue à 380 000 tonnes la perte de capacité en Europe.
« L’Europe fonce droit dans le mur les yeux grands ouverts » : le titre donne le ton. Dans une tribune publiée le 26 novembre 2025 par le quotidien économique Les Echos, Estelle Brachlianoff tire la sonnette d’alarme. Par manque de « courage politique » au risque de laisser « filer un bout de notre souveraineté industrielle », la directrice générale de Veolia estime que l’industrie européenne du recyclage des plastiques s’effondre dans un silence assourdissant. Estelle Brachlianoff évalue à 380 000 tonnes la perte de capacité en 2025, soit trois fois plus qu’en 2023. « L’Europe a passé des décennies à bâtir une filière du plastique recyclé solide générant plusieurs milliards. Aujourd’hui, nous la regardons s’effondrer pendant que nos politiques multiplient les discours sur l’économie circulaire », explique Estelle Brachlianoff.
Souveraineté
« Le recyclage du plastique est bien plus qu’un enjeu environnemental : c’est un levier de souveraineté économique. Les plastiques recyclés créent des matières premières 100 % locales qui transforment notre position stratégique. Chaque tonne de plastique recyclé, ce sont des chaînes d’approvisionnement raccourcies, une dépendance réduite aux marchés mondiaux volatils, et des matériaux produits chez nous avec nos propres déchets », poursuit la patronne du spécialiste du traitement des déchets.
Electrochoc
Afin de déclencher un « électrochoc » pour relancer une Europe « à la croisée des chemins », Estelle Brachlianoff déroule quatre pistes « en donnant un coup de pouce à la demande », en favorisant le recyclage mécanique plutôt que chimique, en finançant les usines plutôt que « les circuits administratifs » et en récompensant « les entreprises qui choisissent des matériaux recyclés fabriqués en Europe ».
