La Chine a commencé à délivrer ses premières licences «générales» d’exportation de terres rares, après des mois de tensions commerciales avec les États-Unis et plusieurs blocages dans l’industrie mondiale, notamment automobile. Cet assouplissement, décidé à l’issue du sommet entre Donald Trump et Xi Jinping, s’inscrit dans une trêve commerciale plus large, mais sans remise en cause du dispositif de contrôle chinois.
La Chine a délivré un premier lot de nouvelles licences d’exportation de terres rares, conformément aux engagements pris lors du sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping fin octobre 2025 à Busan (Corée du Sud), a indiqué mardi 2 décembre une source proche du dossier.
Ces premières approbations interviennent après des mois de perturbations provoquées par l’introduction, en avril, de contrôles chinois sur les exportations de terres rares, au plus fort de la guerre commerciale sino-américaine. En imposant aux entreprises de demander une licence pour chaque expédition, Pékin avait provoqué des pénuries majeures dans l’industrie mondiale, en particulier dans l’automobile, tout en renforçant son levier de négociation face à Washington. Ces « licences générales » doivent désormais assouplir le dispositif : elles autorisent des exportations sur une période d’un an pour des clients déterminés. L’architecture de ce système avait été dévoilée par Reuters début novembre 2025.
Cette décision s’inscrit dans le prolongement de l’annonce faite le 30 octobre par le ministère chinois de l’Économie confirmant la mise en pause, pour un an, des contrôles décrétés le 9 octobre sur cinq terres rares lourdes supplémentaires ainsi que sur plusieurs métaux critiques destinés aux batteries, dont le graphite artificiel. Une annonce alors accueillie comme un soulagement par les industriels mondiaux, très dépendants de l’approvisionnement chinois.
Des fournisseurs de l’automobile concernés
Selon la source, le fabricant chinois d’aimants JL Mag Rare Earth a reçu des licences générales couvrant la quasi-totalité de ses clients, tandis que Ningbo Yunsheng et Beijing Zhong Ke San Huan High-Tech ont obtenu des autorisations plus limitées. Les trois groupes, tous fournisseurs de l’industrie automobile, disposent de clients internationaux. JL Mag est notamment présent en Europe tandis que Ningbo Yunsheng revendique des débouchés sur les marchés européen et américain.
Les nouvelles licences viennent compléter – sans le démanteler – le régime en vigueur. Pour l’heure, seules les grandes entreprises chinoises de la filière peuvent en bénéficier, mais Pékin pourrait élargir le dispositif si la phase de déploiement s’avère concluante, selon la source. Alors que la Maison blanche a assimilé les licences générales à la fin effective du contrôle des exportations de terres rares par la Chine, Pékin n’a que peu parlé des nouvelles licences en public et n’a donné aucun signe de son intention de démanteler son régime.
Cette évolution fait partie d’un compromis beaucoup plus large entre Pékin et Washington. Les États-Unis avaient accepté de réduire temporairement leurs droits de douane sur les importations chinoises, notamment celles liées au dossier du Fentanyl, tandis que la Chine aurait repris ses achats de soja américain et ouvert des discussions sur l’achat d’énergie américaine. Il reste à voir dans quelle mesure les licences seront délivrées et si elles seront interdites à certains clients, par exemple dans le domaine de la défense ou dans des secteurs sensibles tels que l’aérospatiale ou les semi-conducteurs. Entre-temps, les entreprises européennes se sont à nouveau plaintes lundi des longs délais et du manque de transparence du système actuel de contrôle des exportations.
Avec Reuters (version française Etienne Breban ; édité par Augustin Turpin)


