À la tête du syndicat professionnel Polyvia et du plasturgiste Demgy, Pierre-Jean Leduc devient président d’honneur du FIP 2026 organisé du 2 au 5 juin 2026 à Lyon Eurexpo. Interview.
Quelle est votre première réaction en tant que nouveau président d’honneur du salon FIP ?
C’est un plaisir et une fierté que de présider l’évènement français de la plasturgie. C’est la première fois qu’on me propose d’assumer cette fonction pour un salon. Il est toujours intéressant de vivre une nouvelle expérience. D’autant que je connais le FIP depuis de nombreuses années. Il permet de rassembler tous l’écosystème des transformateurs, recycleurs et constructeurs de machines hexagonaux, contrairement à des salons régionaux ou nationaux multifilières.
C’est une vitrine technologique qui met en avant le dynamisme et l’esprit d’innovation de notre secteur, notamment en matière d’économie circulaire et de décarbonation.
Quel est votre rôle dans ce cadre et que comptez-vous apporter au salon et à l’écosystème de la plasturgie grâce à cette présidence ?
Je veux avant tout mettre en lumière ce secteur de la transformation des plastiques, composites et caoutchouc, véritable filière d’excellence française. Montrer, notamment aux jeunes, qu’il constitue une solution pour la décarbonation de l’industrie, plutôt qu’un problème. Tous les jeunes que nous recevons en formation initiale trouvent ensuite un emploi. La plasturgie est un secteur industriel qui propose globalement des niveaux de salaire élevés dans des métiers d’avenir et d’innovation, au niveau process comme au niveau matériaux.
Pendant le salon, je jouerai par ailleurs un rôle d’ambassadeur auprès des décideurs politiques pour porter haut et fort les préoccupations et les ambitions de la profession.
Je veux enfin, en tant que président de Polyvia, être garant de la ligne de conduite commune que nous avons fixé en 2024 avec l’organisateur du FIP, Infopro Digital Trade shows, et l’Association des constructeurs et distributeurs de la plasturgie (ACDI). L’idée étant de sanctuariser le rythme du salon et son implantation à Lyon. Avec donc une rotation sur trois ans autour du pivot que constitue la K de Düsseldorf en Allemagne. À savoir : la K en 2025, le FIP en 2026 et un évènement parisien sous forme de forum en 2027, avant que ne revienne la K en 2028, etc.
Avec 85,28 % de représentativité, Polyvia confirme son statut de représentant majoritaire de la plasturgie en France. Comment tirer meilleur parti de cette légitimité ?
Ce résultat montre que 85% des entreprises dépendant de la convention collective de la plasturgie sont aujourd’hui des acteurs qui vont dans le sens de Polyvia. C’est un élément de fierté parce que cela démontre l’intérêt de tout le travail de fond mis en place pour fédérer des syndicats régionaux en un syndicat national et regrouper tous nos services en trois entités. Avec cette représentativité, nous continuons d’être légitimes pour aller négocier et défendre notre filière face aux pouvoirs publics, mais aussi aux éco-organismes ou encore vis à vis de structures comme le Syndicat des régénérateurs de matières plastiques (SRP) par exemple.
Comment aujourd’hui aider les transformateurs que vous représentez à résister aux turbulences économiques et à continuer à se développer ?
Ces 85 % de représentativité nous confèrent justement une grande responsabilité : celle d’accompagner nos adhérents, notamment en collaboration avec notre centre technique IPC, afin qu’il puisse affiner leur stratégie et acquérir une plus grande efficacité opérationnelle. De leur ouvrir le champ des possibles, de leur signaler les risques en fonction des secteurs d’activité, notamment au vu de toutes les évolutions techniques, réglementaires et normatives en cours. Ce, grâce à notre travail de veille, de notre présence au sein de toutes les filières et au niveau de l’Europe, via le syndicat européen des transformateurs EuPC. La profession est dans une phase profonde de mutation entre économie circulaire, nécessité de compétitivité et concurrence internationale de plus en plus féroce.
Les campagnes de communication grand public que nous avons récemment menées, comme celles qui sont en préparation pour 2026, ont en outre pour but d’attirer des jeunes, des salariés en reconversion ou des personnes qualifiées qui peuvent venir d’autres filières et que nous pouvons former à nos métiers.
Notre objectif est par ailleurs de faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de matières plastiques recyclées ré-incorporées. Nous avons donc aussi un devoir de conseil sur ce plan auprès de nos adhérents pour leur apporter de l’expertise, mais également au niveau de la communication et des vocables utilisés. Vous avez aujourd’hui des matières régénérées qui ont les mêmes qualités, voire parfois meilleures que des matières vierges. Le mot “recyclé” a par ailleurs un petit côté matière de deuxième ordre, alors que le terme “régénéré” renvoie à un aspect plus noble, plus qualitatif. Il faut que nos adhérents soient capables d’aller défendre ce type de notions vis-à-vis de leurs clients.
Quelles sont, à votre sens, les conclusions majeures à tirer de l’étude “Emballages en transition : vers des choix éclairés” réalisée pour le compte de Polyvia par le cabinet Quantis ?
Cette étude neutre et indépendante démontre, sur la base de faits scientifiquement prouvés, que le plastique constitue plus souvent la solution que le problème. Elle atteste, et d’autant plus s’il y a une filière de recyclage derrière, que les plastiques sont meilleurs que les autres matériaux dans certains cas, et moins bons dans d’autres. Il faut le reconnaître. Il ne faut pas chercher à défendre ce qui est indéfendable, mais défendre avec force ce qui l’est ! Aujourd’hui, on a démontré que les matériaux plastiques peuvent tout à fait concurrencer l’aluminium, le verre ou le carton. Encore faut-il choisir les bonnes applications. C’est au meilleur matériau de gagner !


