Deux jours après l’annonce par Airbus de la nécessité de mettre à jour des milliers d’A320, une centaine reste encore immobilisée. Le coût de cette crise express devrait être faible pour l’avionneur.
La tempête, qui s’annonçait forte, n’aura finalement été que de courte durée. Et elle n’a pas provoqué une onde de choc dans le trafic aérien. Alors qu’Airbus avait annoncé, vendredi 28 novembre au soir, la nécessité d’immobiliser jusqu’à la moitié de sa flotte d’A320, moins d’une centaine était encore clouée au sol lundi 1er décembre au matin, comme l’a fait savoir l’avionneur.
Si la nature de la cause, le rayonnement solaire, a pu surprendre, ainsi que l’ampleur potentielle de l’action à mener, la crise ne devrait avoir que très peu de conséquences.
Dès les premières heures suivant la publication de son annonce de devoir assurer une maintenance surprise, Airbus a fait état d’un maximum de 6000 A320 concernés. Un chiffre comprenant environ 5000 appareils ne nécessitant qu’une mise à jour logicielle de quelques heures et jusqu’à 1000 devant se soumettre à un remplacement de matériel, entraînant une immobilisation plus longue au sol. Finalement, ces derniers sont moins nombreux qu’anticipé. Quant aux mises à jour logicielles, nombre de compagnies aériennes sont parvenues à les effectuer en quelques heures, dans la nuit du vendredi au samedi.
Un impact financier très limité
Airbus a effectué une mise en musique à grande échelle du principe de précaution. Et ce en raison d’un incident ayant affecté le 30 octobre dernier un appareil de JetBlue, un piqué non voulu mais de courte durée. En cause : le rayonnement solaire, qui aurait affecté un équipement critique de l’appareil, dénommé ELAC, chargé des gouvernes de profondeur et des ailerons. Un évènement rarissime mais pas si surprenant : les industriels de l’aéronautique connaissent depuis des décennies le risque que des particules cosmiques dérèglent les composants électroniques, sur fond de miniaturisation constante de ces éléments. L’équipement en question est fourni par Thales, mais l’industriel tient à souligner qu’il n’est pas responsable du logiciel associé.
Vos indices

In fine, la pagaille mondiale qui se profilait n’a pas eu lieu. C’est ce que prouvent les données du site internet FlightRadar24 : du vendredi au dimanche, le nombre de vol était en augmentation de 7,5% par rapport au même week-end de l’année précédente. Au total, environ 450 vols auraient été annulés dans le monde sur l’ensemble du week-end. Ce 1er décembre au matin, la plupart des compagnies aériennes possédant les plus grandes flottes d’A320 avaient effectué les mises à jour requises, telles qu’Air Asia, American Airlines et Wizz Air. La persistance de problèmes semble ne toucher plus que la compagnie colombienne Avianca et, peut-être, certaines compagnies aériennes chinoises.
Une vitesse d’exécution qui devrait limiter l’impact financier pour Airbus. «Il sera quasi nul», assure-on chez l’avionneur, où l’on met en avant les réactions positives de certains dirigeants de compagnies aériennes, telles qu’Indigo, Flyadeal et Air Asia, ayant vanté la réactivité de l’avionneur. «Les obligations financières envers Airbus seront très minimes, voire inexistantes, car la majeure partie de la flotte semble avoir été réparée sans qu’il soit nécessaire de remplacer le matériel, et le retour à l’ancien logiciel ne devrait pas représenter une charge importante», estime dans une note Chloé Lemarie, experte aéronautique au sein du cabinet américain Jefferies.
Le coût total de cette crise express pourrait représenter moins de 10 millions de dollars (8,6 millions d’euros), selon les experts de Jefferies. Un chiffre établi en supposant nécessaire l’intervention de deux techniciens pendant trois heures pour chaque avion, «bien que certains rapports sur les réseaux sociaux indiquent que 15 minutes suffisent avec un seul technicien», détaille la note du cabinet. Soit un coût estimé à environ 5 millions de dollars (4,3 millions d’euros). Idem du côté des compensations financières potentielles à verser en raison des retards et annulations de vols. Quant au coût du matériel restant à remplacer, il serait «limité». Une estimation de l’impact financier jugée toutefois «faible», par un consultant.


