
Nommé directeur de la technologie et de la performance industrielle de Saint-Gobain en juillet 2025, Nicolas Miègeville compte mettre à profit sa longue expérience à l’international pour venir en appui aux usines du fabricant de matériaux de construction.
Depuis le 1er juillet, Nicolas Miègeville est le nouveau directeur de la technologie et de la performance industrielle de Saint-Gobain (161000 personnes, 46,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024). Il succède à Benoît d’Iribarne, nommé directeur général adjoint et directeur général Segments de performance solutions industrielles. Un poste qu’il exerce depuis le siège du leader mondial des matériaux de construction, à La Défense (Hauts-de-Seine), où il a posé ses valises il y a cinq ans.
«Je suis le père de trois fils, tous nés dans des pays différents. C’est une aventure familiale dont nous rêvions. Nous nous sommes installés dans chaque pays comme si nous allions y rester pour toujours en faisant l’effort de découvrir leur culture. On n’a pas vu le temps passer. Nous sommes aussi revenus en Europe avec joie», explique le manager, âgé de 45 ans, qui a travaillé dans quatre pays différents, à l’international, toujours pour le compte du groupe, où il a effectué l’intégralité de sa carrière.
«Chaque pays m’a apporté des touches complémentaires. Le Brésil était un de nos pays les plus performants en matière de performance industrielle. En Corée du Sud, la culture de la précision et de la vitesse d’exécution de grands projets techniques m’ont marqué. En Egypte, la résilience et l’agilité pour trouver des solutions, dans un contexte difficile», ajoute-t-il.
«Optimiser la performance industrielle des procédés»
Diplômé de l’École centrale de Paris et titulaire d’un DEA en mathématiques appliquées, Nicolas Miègeville effectue son stage de fin d’études au centre de recherche de Saint-Gobain à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Il intègre, dès sa création, l’équipe de recherche en mathématiques appliquées du groupe en tant qu’ingénieur de recherche junior, et prépare une thèse en génie industriel, en contrat Cifre, entre 2002 et 2005. L’objet ? L’optimisation des opérations de la branche vitrage, le métier historique du groupe.
Début 2005, Nicolas Miègeville rejoint l’usine d’Aniche (Nord), spécialisée dans le verre plat, en tant qu’ingénieur de production, avant de s’envoler deux ans plus tard pour le Brésil comme chef de ligne d’une usine de verre float. Fin 2008, il participe à la construction d’une ligne float en Colombie, la seule du pays. «J’ai adoré l’intensité du terrain, le travail en équipe. C’est une industrie à feu continu, les usines ne s’arrêtent jamais. Mon fil rouge a été d’utiliser ma formation en mathématiques appliquées et en digital pour optimiser et améliorer la performance industrielle de nos procédés», retrace-t-il.
Du verre aux céramiques
Mi-2009, Nicolas Miègeville devient, en Corée du Sud, directeur industriel de Hanglas, le leader local du verre plat, dans laquelle Saint-Gobain était alors actionnaire majoritaire. Mi-2011, il part en Égypte pour son premier poste en tant que directeur général de Saint-Gobain Glass Egypt, qui achève la construction de la plus grande usine de verre plat d’Afrique, dans un pays où Saint-Gobain n’avait pas d’activité dans le verre. «Durant ces années, l’environnement local était très perturbé, avec le Printemps arabe, mais nous avons collectivement réussi la mission de devenir leader régional», se félicite le manager. Une deuxième ligne dédiée au verre plat doit être mise en service fin 2026.
En 2014, il revient en France, à la demande de Pierre-André de Chalendar, alors PDG. Nommé directeur monde des branches abrasifs agglomérés et super abrasifs, un nouveau secteur pour lui, il repart ensuite au Brésil afin de diriger, entre 2016 et 2019, la division Abrasifs pour l’Amérique latine, avec l’intégration d’une entreprise locale, Tekbond. «Je gérais quinze usines depuis Sao Paulo. Il y avait des sujets de transformation et de croissance commerciale, et de remise à niveau de l’outil industriel avec une transformation digitale en profondeur», souligne-t-il.
En 2020, Nicolas Miègeville est rappelé au siège du groupe pour devenir directeur général de la division Céramiques (6000 personnes, 50 usines), laquelle comprend notamment Sefpro, le leader mondial des réfractaires pour les fours verriers. A ce titre, il participe à plusieurs opérations de croissance externe aux États-Unis, en Chine et en Europe, ainsi qu’à la cession de l’activité mondiale des cristaux et des activités céramiques au Brésil. Autre chantier, la mise en œuvre d’une stratégie dédiée à l’économie circulaire, autour du recyclage des céramiques et réfractaires en fin de vie.
Un nouveau plan stratégique à appliquer
Dans le cadre de son nouveau périmètre, Nicolas Miègeville a notamment pour mission de soutenir et optimiser les opérations industrielles et projets d’ingénierie de Saint-Gobain. «Nous opérons plus de 1000 usines à l’échelle mondiale, et je dois m’assurer que chaque patron de pays dispose d’un outil industriel performant et en progrès continu qui nous donne de l’avance sur nos concurrents», détaille le manager, qui devra suivre le nouveau plan stratégique («Lead and grow»), présenté en octobre dernier et prévu d’ici à 2030.
Il devra poursuivre l’intégration des dernières acquisitions du groupe, dont l’entreprise australienne CSR, entrée dans le giron de Saint-Gobain en 2024, ou bien les développements dans la chimie de la construction (Chryso, GCP, Cemix…), un segment considéré comme prioritaire. Autre dossier sur la pile, celui de la place des femmes dans les usines. Ce chiffre n’est que de 16%. «Il s’agit d’un challenge que la robotisation et la transformation digitale vont nous aider à relever notamment en améliorant l’ergonomie de nos postes de travail. Dans certains métiers, il y a encore des améliorations à faire et c’est un travail de fond», estime-t-il.


