
Dix-huit mois. C’est le temps dont l’entreprise Soyez Frères a disposé pour se diversifier après l’annonce, en 2020, de l’interdiction des pailles en plastique à partir de janvier 2021.
Fondée en 1832 et installée à Donzy (Nièvre) depuis 1958, l’entreprise s’était hissée au rang de leader européen des paillons de fromages et des pailles en plastique pour l’hôtellerie-restauration, mais aussi auprès des producteurs de jus de fruit, de lait et de la restauration rapide, McDonald’s en tête. Avec un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros à l’époque, elle produisait des milliards d’unités chaque année. «Nous faisions un produit unique. Nous avons dû brutalement trouver une alternative pour notre usine», insiste Frédéric Soyez, son dirigeant. Soyez Frères prend alors le pari risqué du papier et de la cellulose. «Nous avons travaillé avec des fournisseurs pour créer les solutions, nous sommes partis d’une page blanche, raconte Frédéric Soyez. Le papier est plus sensible à l’humidité et à la température. La partie flexible de la paille posait un défi. Elle devait ne pas casser et rester hermétique.»
Huit millions d’euros sont mobilisés pour équiper les lignes de production. Après ce premier investissement, le dirigeant utilise son savoir-faire dans la transformation du papier pour développer une nouvelle expertise et s’ouvrir à un nouveau marché. L’objectif : réduire sa dépendance aux pailles. «Nous avons ciblé les pots et couvercles en carton pour les remplacer par une solution recyclable ceux en polystyrène, détaille le responsable. Devant l’imposant marché français du yaourt, nous nous orientons vers les acteurs plus modestes qui valorisent leur produit, qui misent sur le local et des valeurs environnementales.» Soyez Frères engage 4 millions d’euros supplémentaires pour s’équiper de machines dédiées et se doter d’un atelier afin d’éliminer le risque de contamination bactérienne. «Nous sommes les seuls à avoir poussé aussi loin le niveau de sécurité et d’hygiène sanitaire», se félicite Frédéric Soyez. Peu à peu, les pots en carton trouvent leur marché et voyagent, notamment grâce au bar des TGV de la SNCF. Malgré ces efforts, l’impact de la loi Agec se ressent dans le chiffre d’affaires, à 7,5 millions d’euros en 2024 après être descendu à 6 millions. «Nous connaissons une phase de croissance et espérons remonter à 10 ou 12 millions d’euros», indique Frédéric Soyez. L’industriel et ses 75 salariés sont sur la bonne voie.
Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3749 – Décembre 2025


