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quels leviers pour électrifier l’industrie régionale ?

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Lu il y a 6 minutes



C’est sous le ciel bleu de Marseille, qu’a eue lieu la deuxième étape des Rencontres de l’électrique organisées par l’Usine Nouvelle et EDF. L’occasion de rassembler industriels, représentants de l’État et acteurs économiques autour d’une même question : où et comment remplacer le fossile par l’électricité ?

Dès l’introduction, Frédéric Busin, directeur action régionale d’EDF Provence Alpes Côte d’Azur, a replacé le débat sur le terrain de l’industrie. « Nous avons déjà gagné la bataille de la sensibilisation et de la conviction », a-t-il assuré. Les entreprises du territoire sont effectivement déjà passées à l’action, comme le démontre une étude nationale menée par l’Usine Nouvelle et EDF. Elle souligne que 82 % des industriels français ont engagé un processus d’électrification de leurs procédés, et ceux de la région Sud (Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse) figurent parmi les plus volontaires.

Le territoire dispose d’un tissu industriel dense et ancien, mais résolument tourné vers la transition. De l’acier à la chimie, les filières savent qu’elles doivent se décarboner pour rester compétitives, notamment sur les marchés internationaux. « Les besoins en électricité vont croître fortement, il faut des infrastructures capables de suivre », a insisté Frédéric Busin, évoquant aussi la montée en puissance des grands projets structurants et de la future filière hydrogène à Fos-sur-Mer. Sur le terrain, cette dynamique est déjà à l’œuvre, avec des industriels qui commencent à concrétiser cette mutation.

L’industrie régionale du Sud face au défi de l’électrification

La dynamique régionale se lit désormais à travers des projets concrets avec l’électrification des procédés, la modernisation des équipements et globalement, la réinvention des modèles énergétiques. Un mouvement que Pascal Kuhn, président de l’UIMM Alpes Méditerranée et directeur du site Airbus Helicopters à Marignane, observe de près. Il a rappelé le dynamisme du territoire : plus de cinquante projets industriels liés à la décarbonation sont recensés autour de Fos, dans des domaines allant de la chimie à la sidérurgie en passant par l’aéronautique. « L’électrification est absolument indispensable si nous voulons décarboner. C’est le nouveau moteur de la réindustrialisation », a-t-il insisté.

À Gardanne, l’usine d’alumine Alteo illustre ce virage. Après avoir longtemps traîné une réputation environnementale lourde, le site a réduit de 63% ses émissions de CO?. L’une de ses initiatives phares : une chaudière électrique de 7 MW mise en service en 2024, capable de produire dix tonnes de vapeur par heure. Ce choix, soutenu par un actionnaire familial, s’accompagne d’une participation à la réserve secondaire de RTE, qui peut piloter à distance l’arrêt et le redémarrage de l’installation pour équilibrer le réseau. « On ne savait pas combien cela allait coûter, mais il fallait y aller », a confié son directeur, Patrick Schneider, rappelant que la pression climatique impose parfois d’agir avant de calculer un retour sur investissement.

L’exemple d’Hydro Extrusion France, implantée dans le Var, illustre un autre levier : celui des achats. « Nos choix technologiques engagent l’entreprise pour vingt ou trente ans », a rappelé Aurélie Delouvrier, directrice achats Europe. Dans ses appels d’offres, le groupe intègre désormais des critères énergétiques stricts et teste de nouvelles solutions de fours électriques. Et si la compétitivité reste un défi à court terme car les produits décarbonés coûtent plus cher ; face à des concurrents étrangers qui ne se transforment pas au même rythme, l’équation économique sur le long terme en vaut la chandelle.

Ces témoignages ont montré que l’industrie régionale ne se contente pas d’afficher des intentions. Si l’urgence climatique pousse à accélérer, c’est bien la compétitivité qui, en toile de fond, conditionne la pérennité de ces choix.

Des réussites visibles et un effort collectif à amplifier

Les réussites locales prouvent que l’électrification n’est pas un horizon lointain mais une réalité déjà mesurable. L’aéroport de Nice Côte d’Azur a réduit de 95 % ses émissions de CO? en changeant en profondeur ses usages, avec notamment un projet de récupération de chaleur issue des eaux usées de la métropole. De son côté, À Miramas, le Terminal Ouest Provence s’est équipé des deux premiers engins de manutention 100 % électriques en France : une innovation qui a finalement amélioré le confort des opérateurs sans sacrifier la productivité.

Dans l’industrie, les solutions électriques s’imposent aussi. Dalkia Méditerranée a accompagné la tuilerie Terreal, aujourd’hui intégrée au groupe Wienerberger, avec une pompe à chaleur de 1,5 MW permettant d’économiser dix gigawattheures de gaz par an. Grâce aux aides mobilisées, le retour sur investissement est inférieur à cinq ans.

Reste la question du financement, déterminante pour massifier ces démarches. Sébastien Debeaumont de la DREETS (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), implantée à Marseille, a rappelé l’importance d’un accès simplifié aux dispositifs existants, tandis que Patrick Lesbros, directeur du développement EDF Commerce Méditerranée, a insisté sur l’accompagnement offert aux industriels pour identifier les guichets adaptés et réduire le coût initial des investissements. En conclusion, Teresa Esnault, directrice déléguée EDF Commerce Méditerranée, a résumé l’esprit de la journée : « L’électrification est une opportunité pour décarboner, mais aussi un vrai levier de compétitivité ».

Contenu proposé par EDF



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