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L’Etat ambitionne de bâtir une alternative souveraine crédible face aux grandes suites bureautiques américaines

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Lu il y a 7 minutes



L’Etat poursuit le développement de sa “Suite Numérique”, un ensemble d’outils collaboratifs conçus pour les agents du secteur public. Pensée comme une réponse souveraine et open source aux suites dominantes, cet outil entend offrir un environnement de travail cohérent et sécurisé, même si son adoption et sa maturité fonctionnelle restent encore en construction.

L’ambition est grande : redonner aux agents publics des outils sur lesquels l’Etat a réellement la main, sans dépendance à des services étrangers et sans compromis sur les fonctionnalités.

Lancement en mai 2024

C’est la Direction interministérielle du numérique (Dinum), placée sous l’autorité du Premier ministre et chargée d’élaborer et de piloter la stratégie numérique de l’Etat, qui a été mandatée pour porter ce projet. La plateforme, sous la forme d’une suite logique d’outils, a été présentée en mai 2024.

Plus d’un an et demi après son lancement, la Dinum a fait un premier bilan sur les fonctionnalités des outils et de leur adoption, à l’occasion d’un événement qui s’est tenu le 27 novembre.

Cette suite regroupe aujourd’hui six outils phares développés en interne ou avec des éditeurs européens : Visio pour les réunions, Doc pour l’édition collaborative, Fichiers pour le stockage, Tchap pour la messagerie instantanée, Grist pour la donnée et l’Assistantun chatbot issu d’un partenariat avec Mistral AI.

60 000 personnes utilisent la visioconférence

Visio est un outil de visioconférence pour les réunions “sans installation de logiciel, sans création de compte et sans dépendance à des services étrangers”. L’application a été utilisée plus de 60 000 utilisateurs mensuels.

L’un des principaux apports de Visio est la transcription asynchrone. À la fin d’une réunion, l’outil génère automatiquement une transcription et l’envoie à l’agent. Plus de 1000 comptes rendus ont déjà été produits lors du mois de septembre 2025.

L’équipe prépare actuellement une intégration native au calendrier pour créer une réunion depuis son agenda, ainsi que le sous-titrage en temps réel et, bientôt, une synthèse automatique produite.

De son côté, Doc est une solution de prise de notes collaboratives. “Les agents peuvent y réfléchir, préciser une idée, rédiger un compte rendu ou construire une base de connaissances», explique la Dinum.

Un assistant IA dans l’outil de prise de notes

L’outil intègre un assistant qui reformule les phrases, résume des documents entiers ou génère des contenus adaptés aux besoins des agents. L’équipe prépare “une nouvelle version plus puissante de cet assistant”. Il sera capable de proposer des plans de notes ou de reformuler un texte en direct.

Fichiers est un espace de stockage souverain pour remplacer les drives américains. Il s’agit de la brique de stockage sécurisée de la Suite. L’application est en version bêta, mais “déjà pensée pour accueillir un grand volume de documents, de dossiers et d’équipes, tout en restant fluide au quotidien”. Les données sont “exclusivement stockées en France».

Les prochaines évolutions incluront le partage de dossiers complets, un historique détaillé des versions et une recherche sémantique avancée qui permettra de retrouver un document non seulement par son titre, mais aussi par son contenu.

Une messagerie sécurisée obligatoire pour certains agents

La Suite propose également une messagerie sécurisée, baptisée “Tchap”, dont l’utilisation avait été imposée par l’Etat aux ministères à partir du 1er septembre 2025. Elle dépasse aujourd’hui les 375 000 utilisateurs actifs mensuels.

Développée et hébergée en France, basée sur le protocole Matrix, elle permet de communiquer de manière instantanée dans un environnement sécurisé, que ce soit au sein des ministères, des collectivités territoriales, des établissements scolaires ou des hôpitaux, détaille la Dinum.

Les appels de groupe sont désormais disponibles, ainsi que le partage d’écran. Une application Windows est en test depuis octobre 2025. De plus, une toute nouvelle version mobile, plus fluide et plus rapide, est en préparation et intégrera les appels audio et vidéo de groupe.

Grist, un outil no-code de gestion de données

Grist est la brique qui connaît “une croissance spectaculaire”. Il s’agit un outil no-code de gestion de données. Il “transforme la manière dont les agents structurent et manipulent les données”. En un an, l’outil est passé de 1000 utilisateurs à 15 000 utilisateurs actifs mensuels.

Grist permet de gérer des tableaux collaboratifs, d’afficher des données sous forme de cartes ou de listes, de centraliser des informations en temps réel ainsi que de créer des applications en interne.

Les dernières évolutions incluent la possibilité de récupérer des pièces jointes directement dans les formulaires, de pré-remplir des champs via une simple adresse URL ou encore d’activer un mode suggestion et des commentaires lorsque le tableau est partagé avec un grand nombre d’agents.

Un partenariat avec Mistral AI

Déjà dévoilé il y a quelques moisl’Assistant est l’outil qui “reliera toute la suite”. Il s’agit d’un chatbot dopé à l’intelligence artificielle générative. Il est le fruit d’une collaboration avec la pépite Mistral AI, à l’origine de l’assistant Le Chat.

10 000 agents sont en train de le tester avant un déploiement complet prévu “début 2026″.

L’Assistant intervient déjà dans Doc, où il reformule et résume les textes, et dans Visio, où il génère les transcriptions et bientôt les synthèses. À terme, il pourra interroger des documents existants, retrouver l’essentiel d’une réunion passée ou agir directement sur d’autres applications de la Suite, comme créer un document, proposer un ordre du jour ou planifier une réunion.

L’ambition est “d’en faire le fil invisible entre toutes les briques, sans ajouter de complexité».

L’interopérabilité, la condition essentielle à la réussite

Pour la suite, la Dinum souhaite se concentrer sur l’interopérabilité entre les différents outils afin de créer une plateforme cohérente. Cette interopérabilité constitue la condition essentielle pour que La Suite fonctionne réellement.

L’interopérabilité est également ce qui permettra d’aligner La Suite sur les standards que les agents publics ont pris l’habitude d’utiliser dans les suites les plus répandues sur le marché, où les passerelles entre outils sont au cœur de l’expérience utilisateur.



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