
Les fabricants européens d’emballages en verre demandent des ajustements techniques pour préserver l’innovation et le design face aux nouvelles exigences réglementaires.
« Tous ces efforts dépendent d’un cadre réglementaire clair, favorable et cohérent », alertent vingt PDG des principales entreprises européennes de fabrication de verre d’emballage dans une lettre adressée à la Commission européenne. Parmi eux, Patrice Lucas, PDG de Verallia, Xavier Gagey, PDG du groupe Pochet, et aussi Emmanuel Ladent, président de Saverglass, Vincenzo Di Giuseppantonio, PDG de Bormioli Luigi, ou encore Emmanuelle Guerin, vice-présidente des opérations commerciales Europe d’O-I Glass.
Leur message est sans équivoque : les exigences de minimisation des emballages du nouveau règlement sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWR) risquent, selon eux, de compromettre la compétitivité mondiale des chaînes de valeur industrielles qui dépendent du verre.
Un secteur sous pression
L’industrie du verre d’emballage représente un poids économique considérable pour l’Europe. Avec 130 installations réparties dans 21 États membres, le secteur emploie directement 50 000 personnes et contribue à 825 000 emplois à travers les industries utilisant le verre, alimentation, vins, spiritueux, cosmétiques, parfumerie, bière et boissons non alcoolisées. Les produits emballés dans du verre génèrent à eux seuls 140 milliards d’euros d’exportations annuelles, soit près de 6 % du commerce total de l’Union.
« Nous nous situons à l’intersection de la culture, de l’artisanat et de l’innovation circulaire », soulignent les dirigeants, rappelant que leurs entreprises investissent massivement dans la durabilité tout en préservant la qualité et le caractère distinctif de la production européenne.
Selon les signataires, le secteur peut se prévaloir de résultats impressionnants en matière de circularité : le verre affiche un taux de collecte de 80,8 % et un taux de recyclage de 74,9 % à travers l’Europe. Infiniment recyclable, le verre recyclé constitue déjà la principale matière première utilisée dans la fabrication de nouveaux contenants. Les fabricants affirment être prêts à soutenir le développement des systèmes de réutilisation dans toute l’UE.
L’article 10 dans le viseur
Pour la vingtaine de dirigeants de l’industrie du verre, le cœur du problème réside dans l’article 10, le considérant 60 et l’annexe IV du PPWR. Ces dispositions exigent que tous les emballages soient réduits au poids et au volume « minimum nécessaire » d’ici le 1er janvier 2030, sans tenir compte du marketing, de la différenciation de marque, de la présentation du produit et de l’acceptation par les consommateurs.
Pour les industriels, cette formulation « restreint indûment la conception et l’innovation des emballages en Europe » et aura « un impact commercial incroyablement dommageable » sur l’ensemble des chaînes de valeur européennes. La lettre dénonce une approche « disproportionnée » qui « apporte une énorme incertitude juridique sur le marché, décourage l’investissement et l’innovation en matière de design et de fabrication et risque de déplacer la production et la création de valeur hors de l’UE ».
Des ajustements pragmatiques demandés
Les dirigeants appellent la Commission à modifier l’article 10. Leurs demandes visent à « reconnaître le rôle important que jouent les principaux moteurs de la compétitivité économique tels que le marketing, la différenciation de marque, la présentation du produit et l’acceptation par les consommateurs ».
L’objectif est d’éviter « une uniformité terne dans les rayons des magasins » et d’empêcher « l’érosion du leadership de l’Europe en matière d’emballage en verre et de design de produits ». Les secteurs des boissons, spiritueux, alimentation gastronomique, cosmétiques et parfumerie seraient particulièrement vulnérables à des règles trop rigides.
Les industriels demandent notamment un équilibre entre minimisation de l’emballage et liberté de conception, un renforcement de la protection de la propriété intellectuelle et une révision des délais. « Les objectifs d’économie circulaire de l’UE ne peuvent être atteints que si ses industries restent fortes et compétitives sur leur territoire », concluent-ils, en se déclarant prêts à collaborer avec les institutions européennes.


