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Avec le rachat d’Aviatube, l’équipementier Telma Group s’invite dans l’aéronautique

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Lu il y a 5 minutes



Le spécialiste du freinage pour camion Telma Group, basé à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), reprend le nantais Aviatube (Loire-Atlantique), un fournisseur clé de l’aéronautique, en redressement judiciaire depuis six mois.

Fournisseur clé de l’aéronautique en difficulté, Aviatube a finalement été repris par l’équipementier automobile Telma group, basé à Saint-Ouen-L’Aumône (Val-d’Oise) sur décision du tribunal de commerce de Nantes, le 21 novembre. Contactées à plusieurs reprises, les deux sociétés n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

Basé à Carquefou (Loire-Atlantique), Aviatube conçoit et fabrique des tubes et profilés en alliage d’aluminium sans soudure de hautes performances pour les marchés de l’aviation, de la défense, du naval, du nucléaire, du spatial et du luxe ainsi que pour de nombreuses autres industries. L’entreprise dispose de savoir-faire spécifiques dans le filage de lingots d’aluminium par lubrification avant étirage et traitement de surface. Placée en redressement judiciaire en mai 2025, l’entreprise avait bénéficié d’avances de trésorerie et de financements de stocks venant de ses trois principaux donneurs d’ordre soucieux d’éviter sa liquidation, ce qui témoigne de son importance pour la filière aéronautique.

Telma, spécialiste du freinage à induction, préféré à Carlesimo

De son côté, Telma, fondé en 1946 et basé à Saint-Ouen l’Aumône (Val d’Oise), se présente comme le leader mondial du freinage sans friction basé sur le principe physique de l’induction électromagnétique, principalement pour les camions. Ses technologies permettent de réduire les particules fines liées au freinage. L’entreprise, actuellement présidée par Ariel Levy, fut la propriété de Valeo jusqu’en 2010 avant d’être acquise par le chinois Torque Industry, dont la gouvernance avait suscité des tensions avec les salariés. Selon le média spécialisé TRM24, elle a été reprise en 2023 par ses salariés, son chiffre d’affaires étant passé de 23,5 millions d’euros en 2019 à 28,3 millions en 2024, l’objectif étant d’atteindre 30,5 millions en 2025.

L’offre de Telma prévoit la reprise de 84 salariés d’Aviatube sur les 98 qui demeuraient dans l’entreprise. Aviatube faisait l’objet de deux autres offres émanant de Carlesimo Groupe et de SGS, ce dernier s’étant finalement retiré. Bien que les deux offres restantes «soient proches aussi bien sur le volet social que sur le volet économique, Telma Group justifie de financements plus importants et a la préférence des principaux donneurs d’ordre», a indiqué le tribunal de commerce de Nantes. Les représentants du comité social et économique avaient, pour leur part, marqué une préférence pour l’offre de Carlesimo. Le prix de cession était fixé à 50000 euros auxquels s’ajoutent la reprise des droits acquis, la prise en charge des dettes fournisseurs, clients et bancaires, le tout atteignant 1,4 million d’euros.

Aviatube faisait partie d’un ensemble plus large. L’entreprise a été rachetée, il y a dix ans, par le fonds d’investissement allemand Quantum Capital Partners (QCP) au groupe Constellium. Désireux d’entrer sur le marché aéronautique, ce fonds a par la suite constitué un petit groupe français, Aviagroup Industries, comprenant aussi les sociétés Aerocast et Indraero, dans l’Indre, et une filiale au Maroc. Le tout totalisait en 2023 un chiffre d’affaires de 65 millions d’euros avec 800 salariés. Aviatube réalisait pour sa part un chiffre d’affaires de 13,5 millions d’euros en 2024, la société affichant des pertes depuis plusieurs années.

Baisse des commandes pour Aviatube

«Aviatube a enregistré une baisse drastique du volume de commandes de ses principaux clients au premier trimestre 2025, ainsi que des prévisions faibles pour l’année et un manque de perspectives positives», indiquait, en juillet 2025, Stephan Schuster, directeur de Quantum Capital Partners. En interne, l’analyse est tout autre. «Le projet de QCP était d’investir pour que nous puissions redevenir compétitifs», confie un salarié, selon lequel l’outil de travail s’est dès lors dégradé et l’externalisation de la maintenance sur des machines complexes a provoqué des jours d’arrêt des machines à répétition.

Des ruptures d’approvisionnement du fournisseur d’aluminium auraient aggravé la situation, ce que dément l’ex-actionnaire, soutenant qu’il a investi plus de 12 millions d’euros «pour maintenir et renouveler Aviatube», dont 7 millions d’euros pour l’outil industriel et 5 millions d’euros pour couvrir les pertes d’exploitation. Si l’entreprise a des clients fidèles, elle fait aussi face à deux grands rivaux, l’allemand Alunna et le roumain UAC, ce dernier étant perçu comme un compétiteur très offensif.



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