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Encore jamais vu à cette échelle, ce stockage d’électricité géant va être testé en mer par Sizable Energy dès 2026

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Lu il y a 6 minutes



La start-up italienne Sizable Energy vient de lever 8 millions d’euros pour développer ses systèmes de stockage d’énergie offshore, dans lesquels une saumure est pompée et turbinée. Elle promet un coût largement inférieur à celui des batteries lithium-ion, mais doit encore démontrer la viabilité de sa solution à échelle réelle.

Bien que les premières stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) aient été mises en service à la fin du XIXe siècle, celles-ci restent à ce jour, de loin, la solution la plus répandue à l’échelle mondiale pour stocker l’électricité sur le long terme. Construites sur certains barrages hydroélectriques, ces installations souvent gigantesques nécessitent deux bassins situés à différentes altitudes : lorsque la demande d’électricité est faible, l’eau est pompée du bassin inférieur vers le bassin supérieur, et lorsque la consommation est forte, l’eau est relâchée et alimente des turbines qui génèrent de l’électricité. En Europe, l’essor de cette technologie est cependant freiné par de multiples contraintes d’implantation, qu’elles soient géographiques, environnementales ou financières. Pour Sizable Energy, une start-up fondée à Milan (Italie) en 2022 et qui a conclu fin octobre un tour de table de 8 millions d’euros, l’avenir des STEP sera pourtant radieux… dès lors qu’elles seront déployées en mer.

Jusqu’à 200 MWh

L’innovant système de stockage d’énergie offshore mis au point par la société prend la forme d’un sablier marin géant. Il comprend deux réservoirs en plastique gonflables, l’un flottant à la surface de l’eau et l’autre ancré au fond de l’océan, qui sont reliés par un tuyau dans lequel circule une saumure saturée, environ 20 % plus dense que l’eau de mer. Pensé pour être relié à des parcs éoliens en mer ou des panneaux solaires flottants, le dispositif peut stocker leur énergie lorsqu’elle est bon marché, en pompant la saumure du réservoir inférieur vers le réservoir supérieur, et la redistribuer au réseau au moment opportun en relâchant la saumure, pour qu’elle active des turbines et fournisse ainsi de l’électricité. «En prenant le large, les STEP pourront être installées massivement, sans avoir à se soucier des caractéristiques spécifiques de chacun des lieux d’implantation, comme c’est le cas sur la terre ferme», souligne Manuele Aufiero, PDG de la start-up.

En visant une profondeur minimum de 500 mètres et des réservoirs de plusieurs centaines de mètres, Sizable Energy estime pouvoir bâtir des systèmes de stockage dans de nombreuses régions du monde. A terme, ceux-ci pourraient atteindre entre 100 et 200 MW de puissance et entre 1 000 et 2 000 MWh de capacité, en conservant l’énergie entre dix et vingt heures. A titre de comparaison : la batterie lithium-ion la plus puissante de France, mise sous tension près de Nantes mi-août, dispose de 100 MW pour 200 MWh, avec deux heures de stockage. La start-up italienne ambitionne par ailleurs de se démarquer en vendant son électricité environ 20 euros par kilowatt-heure stocké. Un coût nettement moins élevé que celui des batteries traditionnelles, grâce notamment à l’absence de matériaux critiques, aux économies générées par une (éventuelle) future production en série et au partage des câbles sous-marins qui relient déjà les parcs d’énergies renouvelables offshore au réseau.

Premiers projets commerciaux en 2027

Tout comme ces derniers, Sizable Energy devra surmonter l’un des principaux défis des énergies marines : la corrosivité de l’eau de mer, qui accélère la dégradation des structures. On pourrait croire que baser le fonctionnement de son système de stockage sur le déplacement d’eau salée accentuerait les risques mais, selon Manuele Aufiero, il n’en est rien. «La saumure que nous utilisons contient beaucoup plus de sel que l’eau de mer, rappelle-t-il. Or, la saturation empêche la solubilité de l’oxygène, et sans oxygène, il ne peut y avoir de corrosion. Tous les équipements qui se situent à l’intérieur de notre tuyau sont donc protégés». Parmi les limites potentielles figure également l’impact de ces installations sur la vie marine, notamment vis-à-vis de la large surface occupée par les flotteurs, qui empêcheront les rayons du Soleil de passer. Si le dirigeant reconnaît que «les études de ces conséquences doivent encore être approfondies de façon à les minimiser», il souligne que l’espace nécessaire à son dispositif «n’excéderait pas celui occupé par quatre éoliennes dans un parc offshore traditionnel».

Après avoir mené de multiples tests en laboratoire, en mesurant par exemple la réaction de ses flotteurs à différentes intensités de vagues, la start-up veut aujourd’hui passer à la vitesse supérieure. Grâce à l’argent récolté lors de la levée de fonds, elle s’apprête à construire un prototype de 1 MW qu’elle prévoit de déployer en 2026 à Reggio de Calabre, au sud de l’Italie. «Au-delà de la faisabilité technique, nous cherchons surtout à démontrer la viabilité de notre solution, de façon à pouvoir lancer de premiers projets commerciaux d’ici à la fin 2027», précise Manuele Aufiero. Un objectif que Sizable estime à portée de main, puisque l’entreprise a déjà décroché il y a quelques mois auprès de Trena, l’équivalent italien de RTE, une autorisation pour la connexion au réseau de son premier projet de 10 MW.



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