
Après une année 2024 morose, les cinq usines d’assemblage de Stellantis retrouvent des couleurs. Principalement tirées par l’activité à Sochaux et Hordain, elles enregistrent une hausse de 17% de leurs volumes de production.
Presque 100000 unités de plus. La production hexagonale de Stellantis devrait enregistrer en 2025 un bond de 17% par rapport à l’année précédente. Selon les dernières prévisions du constructeur, présentées mardi 25 septembre aux partenaires sociaux lors d’un comité paritaire stratégique, il devrait fabriquer au total un peu moins de 662000 voitures dans ses cinq usines d’assemblage final françaises. Ces chiffres restent des estimations, par nature susceptibles d’évoluer à la marge, sauf surprise au cours du mois de décembre.
Après une année 2024 marquée par une chute libre (-22%) de son activité manufacturière française, ce rebond rapproche Stellantis de son niveau de production de 2022 (677000 unités) mais il reste loin des 733000 véhicules assemblés en 2023, et très loin des niveaux d’avant-pandémie (1168238 unités en 2019).
640000 véhicules produits en 2026 ?
Plus surprenant, cette reprise intervient alors que les marques du groupe franco-italo-américain rencontrent un succès commercial limité en Europe depuis trois ans. Sur les dix premiers mois de l’année, Stellantis a immatriculé 1,41 million de voitures particulières dans l’Union européenne (-6%), pour une part de marché de 15,8%, soit 1,2 point de moins que sur la même période un an plus tôt. Le groupe commence peut-être à inverser la vapeur. Pour le deuxième mois d’affilée en octobre, le groupe aux 14 marques a regagné 0,1 point de parts de marché.
La relance de sa production automobile française, dont environ 80% est exportée, gonfle l’activité dans ses usines comme chez ses fournisseurs. Mais ce soubresaut pourrait n’être que temporaire, de l’aveu même de Stellantis. En 2026, le propriétaire de Peugeot, Citroën ou encore d’Opel table sur la fabrication de 640000 véhicules dans l’Hexagone. Sans s’effondrer, ce total continuerait de baisser à 590000 unités en 2028.
«Situation contrastée»
Dans les usines d’assemblage, «la situation demeure contrastée, confirme dans un communiqué le délégué syndical central de la CFE-CGC, Laurent Oechsel. Certains établissements affichent des volumes prévisionnels en hausse depuis le dernier comité paritaire, notamment Hordain, Sochaux et Rennes. D’autres devraient connaître des baisses de charge, qui seront détaillées pour chaque site», à savoir ceux de Mulhouse et Poissy.
Pour ce dernier, les détails sont connus depuis ce 26 novembre. À l’occasion d’un CSE extraordinaire, la direction du site industriel a dévoilé un plan de diversification comprenant l’installation d’une nouvelle ligne de presse, la fabrication de pièces détachées et le lancement d’un centre de démantèlement de véhicules hors d’usage. Une manière de pallier la baisse annoncée de l’assemblage des citadines vieillissantes Opel Mokka et DS3 Crossback. L’usine devrait fabriquer 90000 véhicules en 2025, un chiffre qui devrait tomber à 55000 en 2028. Au-delà, les 2000 employés ne savent pas encore s’ils continueront à produire des voitures. Tout dépendra de l’orientation des politiques publiques européennes en matière de décarbonation des transports.
Hordain bénéficie de la fermeture de l’usine de Luton
L’usine de Mulhouse, qui fabrique des modèles relativement peu dynamiques (les Peugeot 308 et 408), doit également voir ses volumes baisser. Concernant les sites qui pourraient voir leur production grimper, l’usine bretonne de Rennes pourrait reprendre du poil de la bête, grâce à la Citroën C5 Aircross. À l’aube du lancement de ce modèle en milieu d’année, les salariés avaient émis ces derniers mois des inquiétudes quant à la survie de l’usine, qui dépend de ce seul modèle. Stellantis semble confiant sur les prises de commandes.
Dans le Nord, à Hordain, l’usine spécialisée dans les véhicules utilitaires devrait voir sa production progresser de 30000 unités, profitant du rapatriement de véhicules précédemment assemblées dans l’usine britannique de Luton, aujourd’hui fermée. Enfin, à Sochaux (Doubs), les difficultés de livraison de batteries ACC n’empêchent pas la montée en puissance des SUV 3008 et 5008 de Peugeot.


