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Boosté par le Rafale et le trafic aérien, Safran investit fortement en Inde pour y tripler son chiffre d’affaires en cinq ans

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Lu il y a 8 minutes



Safran investit tous azimuts en Inde, pour les besoins des Rafale commandés par le pays mais aussi pour suivre la croissance du transport aérien. Le motoriste compte y tripler son chiffre d’affaires d’ici 2030, pour dépasser 3 milliards d’euros.

En Inde, Safran multiplie les initiatives en mode rafale. Présent dans le pays depuis près de 70 ans, le motoriste et équipementier aéronautique a dévoilé, mercredi 26 novembre, une série d’investissements, d’un montant total de 240 millions d’euros, soulignant le poids croissant de la nation la plus peuplée du monde au sein de son schéma industriel.

Le groupe espère d’ailleurs y tripler son chiffre d’affaires d’ici à 2030, lequel pourrait alors dépasser les 3 milliards d’euros. Une dynamique qui s’explique à la fois par la forte hausse du trafic aérien, mais aussi par les besoins de la future flotte de Rafale indiens livrés par Dassault Aviation.

Safran, parmi les acteurs aéronautiques occidentaux les plus implantés en Inde, surfe sur les ambitions du pays en matière d’aéronautique. Lequel se rêve puissance aérospatiale, et ne cherche rien tant qu’à devenir un hub industriel d’envergure mondial, poussé par la politique du «Make in India» cher au Premier ministre Narendra Modi. Et en particulier dans le domaine militaire, les tensions géopolitiques locales étant plus fortes que jamais. En 2016, l’Inde a ainsi commandé 36 Rafale, déjà en service dans l’Indian Air Force. Plus récemment, en avril 2025, ce sont 26 Rafale Marine qui ont été commandés par l’Indian Navy.

Un atelier de maintenance pour le M88

Le motoriste tricolore a annoncé son intention d’ouvrir un nouvel atelier de maintenance dédié à son moteur M88, qui équipe l’avion de chasse français. Ce site de 5000 m² sera basé à Hyderabad, dans le sud du pays, où l’industriel est déjà bien implanté. Montant de l’investissement : 40 millions d’euros. L’atelier emploiera jusqu’à 150 personnes et pourra réviser plus de 600 modules par an, d’ici 2040 selon une porte-parole. «Dédié en priorité aux moteurs des avions opérés par les forces aériennes indiennes, il assurera également des opérations de maintenance pour d’autres clients export du M88», indique Safran dans son communiqué. L’industriel songe aussi à une future ligne d’assemblage finale du moteur du Rafale sur place, avec notamment des pièces fabriquées en Inde.

En outre, l’entreprise française – qui emploie 300 personnes en Inde au travers de 18 sites – a signé le même jour, à New Delhi, un accord pour la création d’une coentreprise avec un industriel indien bien connu, Bharat Electronics Limited. Un tandem qui se destine à produire les Hammer, le nom donné pour l’export aux bombes AASM, un armement air-sol modulaire. Une activité qui n’était jusque-là assuré qu’un niveau du site de Montluçon, dans l’Allier. «Le Hammer peut s’adapter à de multiples plateformes aériennes, notamment le Rafale et le monoplace indien Tejas de HAL», précise Safran. La production doit démarrer en 2028.

Avec ces investissements, Safran se pose en acteur incontournable pour le secteur militaire indien. Pour rappel, Safran est d‘ailleurs toujours dans la course pour concevoir et produire le moteur de l’AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft), futur avion de chasse indien de cinquième génération. Alors que ce projet de développement est estimé à 7 milliards de dollars, l’industriel français se trouve en concurrence le Britannique Rolls-Royce, principal motoriste du Typhoon du consortium européen Eurofighter. Aussi dans la course, l’américain GE qui fournit les systèmes de propulsion des F15, F16 et F18 de l’US Air Force. Safran équipe par ailleurs les hélicoptères des forces armées indiennes et a fourni des équipements de positionnement pour plus de 500 avions de combat de l’Indian Air Force.

Un doublement de la flotte d’ici à 2030

Au-delà des activités militaires, Safran compte également profiter de la forte hausse du transport aérien en Inde. La flotte d’avions commerciaux en service pourrait y doubler d’ici à 2030, passant de 800 à 1600 appareils. D’ici à 20 ans, 4000 nouveaux engins pourraient être nécessaires pour soutenir une croissance annuelle du trafic aérien supérieure à 8%. L’Inde représente déjà le 3ème marché mondial pour CFM International, la société commune du motoriste formée avec GE Aerospace et qui gère les moteurs Leap.

Successeurs des CFM 56, les Leap équipent les 2/3 des Airbus A320neo et la totalité des Boeing 737 MAX. Ces moteurs, et plus encore les activités de support à leur exploitation, constituent le principal levier de croissance – et de rentabilité – pour le groupe. Aujourd’hui, cinq compagnies aériennes indiennes exploitent plus de 400 appareils équipés de Leap. Et ont commandé plus de 2000 exemplaires de ces moteurs, en particulier Air India et Indigo.

Une capacité de 300 moteurs par an

L’industriel a inauguré, mercredi 26 novembre, son plus grand centre au monde de maintenance, réparation et révision pour les Leap, à proximité immédiate de celui qui sera dédié au M88. Safran dégaine ainsi 200 millions d’euros pour ce nouveau centre de maintenance, qui sera opérationnel en 2026. «D’une superficie de 45 000 m², cet atelier sera doté à terme d’une capacité annuelle de maintenance de 300 moteurs LEAP et d’un banc d’essai de nouvelle génération», fait savoir l’industriel dans son communiqué. Opérationnel en 2026, le site emploiera plus de 250 personnes lors de son ouverture et jusqu’à 1100 à termes. Il servira les compagnies indiennes, mais aussi les clients présents dans toute la zone Asie, indique une porte-parole.

Cette annonce s’inscrit dans un ambitieux plan d’investissements dévoilé par Safran en 2024. D’ici à 2028, le groupe compte investir plus d’un milliard d’euros pour faire sortir de terre sept industriels dédiés à la maintenance des Leap. Ils emploieront à termes quelque 4000 personnes, ce qui fera doubler les effectifs de cette activité. Entre la croissance du trafic aérien et les besoins générés par le renouvellement plus lent qu’attendu des flottes d’avions actuelles dans le monde, Safran s’attèle à répondre à une demande qui n’est pas près de retomber. L’entreprise affiche plus de 11500 Leap dans son carnet de commandes.



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