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Emboutissage, économie circulaire… A défaut de nouveau véhicule à assembler, des projets de diversification pour l’usine Stellantis de Poissy

Service Com'
Lu il y a 7 minutes



En sursis depuis plusieurs années, le site de Stellantis à Poissy (Yvelines), dernière usine automobile d’Île-de-France, est assurée de fabriquer des voitures DS et Opel jusqu’en 2028. Et après ? Le constructeur travaille à diversifier ses activités sur place. Il va investir 20 millions d’euros pour moderniser son atelier d’emboutissage et ouvrir un centre de démontage de véhicules hors d’usage.

Poissy, c’est fini ? Ce n’est peut-être pas son premier amour industriel, mais Stellantis souhaite démentir les Cassandre qui ont annoncé à maintes reprises la fermeture du dernier site d’assemblage automobile d’Île-de-France (d’où sortent des DS et Opel). Le constructeur assure que l’usine des Yvelines ne fermera pas. «On a pris l’engagement de lui donner un avenir industriel et on s’y tient !», lance un porte-parole de l’entreprise. À l’occasion d’un CSE extraordinaire mercredi 26 novembre au matin, le directeur du site, Eric Haan, n’a pas annoncé de plan social, mais plutôt esquissé son projet de diversification pour trouver une solution d’emploi pour l’ensemble des 2000 employés au-delà de 2028. Une demande formulée de longue date par certaines organisations syndicales, dont la CFTC.

Trois nouvelles activités

Au programme : un investissement de 20 millions d’euros pour repenser l’atelier d’emboutissage, où des presses industrielles frappent des feuilles de tôle pour former des portes ou des capots. Façade et isolation du bâtiment vont être rénovées dans le cadre du programme «Emboutissage 2050», qui comprend surtout l’installation d’une nouvelle ligne de presse dite «G1», dédiée à l’emboutissage des pièces de grande dimension telles que les côtés d’habitacle. Selon nos informations, il s’agit de l’ancienne presse rétrofitée de MA France, ex-fournisseur de Stellantis liquidé en mai 2024. «Cela fait plus de 20 ans que je n’ai pas vu une nouvelle presse arriver», se réjouit Frédéric Lemayitch, le délégué syndicat central de la CFTC et élu sur le site de Poissy, qui voit d’un bon œil la volonté de son employeur de chercher de nouvelles activités face à l’incertitude qui continue de régner sur le futur de l’assemblage final de véhicules sur le site. Le constructeur met en avant que ces investissements «permettent un engagement de la production pour plus de 20 ans» et devraient permettre d’accroître l’activité d’emboutissage du site, dont 60% des pièces frappées sont déjà expédiées dans d’autres établissements du groupe.

Autre piste de diversification : la production de pièces de rechange pour l’après-vente, en complément de l’activité existante à Vesoul (Haute-Saône). «Un nouvel ilot de ferrage polyvalent (la soudure de composants pour former un ensemble, NDLR) produira dans un premier temps des portes, capots et volets de coffre de modèles Opel qui ne sont plus en production», explique le constructeur. Troisième volet : l’économie circulaire. À l’image de ce qui a été imaginé à Flins (Yvelines) par Renault, Stellantis envisage de démonter des véhicules hors d’usage à Poissy pour donner une deuxième vie à certaines pièces. Cette activité sera engagée à partir du second semestre 2026 avec initialement 200 postes. Stellantis promet que cette activité «sera en croissance les années à venir» et dit préparer avec l’IUT de Mantes un accord de partenariat pour former des alternants et des stagiaires à la maintenance industrielle dans une usine dont près de 50% des salariés auront plus de 58 ans en 2028.

Rassurer les 2000 salariés

Ces trois nouvelles activités ont été imaginées depuis mai par des groupes de travail auxquels ont participé l’ensemble des organisations syndicales, à l’exception de Sud. Objectif : répondre à l’inquiétude grandissante des salariés sur l’avenir de leur usine, fondée en 1937 par Henry Ford et aujourd’hui implantée à deux pas des nouveaux bâtiments qui accueillent le siège et l’ingénierie de Stellantis en France. «Les ressources humaines disent se battre sur deux volets : garder une usine rentable en performance et en qualité pour obtenir une éventuelle affectation, tout en cherchant un plan B pour alimenter les emplois», glisse Laurent Oechsel, délégué syndical central de la CFE-CGC.

Selon les prévisions du constructeur, l’usine de Poissy devrait produire 90 000 voitures en 2025 (comparable à 2024, mais considérablement moins que les 148 000 unités de 2023), dont une écrasante majorité d’Opel Mokka (dont une nouvelle variante va être commercialisée) pour seulement quelques petits milliers d’exemplaires de la DS3 Crossback. Selon plusieurs sources, le lancement de ces nouveaux projets pourrait coïncider avec le passage à l’été de deux à une seule équipe de production au montage. Pour les années à venir, les volumes (parfois surestimés par l’entreprise et dépendants de la santé du marché automobile) sont orientés à la baisse : 67000 en 2026, 64000 en 2027 et 55000 en 2028.

Un hypothétique nouveau modèle après 2028

Au-delà de cet horizon, aucune nouvelle affectation de véhicule n’est encore en vue. Une annonce était attendue pour la fin d’année à ce sujet. Mais en raison des réflexions bruxelloises en cours sur l’objectif de tout-électrique en 2035, Stellantis repousse sa décision au second trimestre, lorsque son dirigeant, Antonio Filosa, présentera son plan stratégique. Les salariés sont lucides sur la faible possibilité que leur usine attire un nouveau produit, alors qu’elle est en concurrence avec des sites industriels très performants en coûts implantés en Slovaquie, Slovénie ou au Maroc, où l’usine de Kénitra vient de doubler sa capacité de production.

Malgré son implantation dans un pays dit «high cost» (coûts élevés), l’usine de Poissy se targue d’être performante malgré une production plutôt faible. Elle a réduit ses coûts de 30% en deux ans et continue de rationaliser son empreinte au sol. Des activités ont déménagé pour compacter l’activité dans un nombre restreint de bâtiments, à l’image de l’atelier d’assemblage de batteries désormais plus proche de l’atelier montage. Au total, plus de 70 hectares du site sont à présent libres de toute activité industrielle… et pourraient, demain, accueillir le futur stade du Paris Saint-Germain ? Réponse à l’automne 2026.



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