Dans le Loiret, Cristal Union a investi 12 millions d’euros pour faire baisser, pour chaque tonne produite, de 26% la consommation d’énergie de sa sucrerie de Corbeille-en-Gâtinais. Une prochaine étape est programmée.
Pour du sucre, c’est carré. Cristal Union, deuxième coopérative sucrière hexagonale, a présenté le 25 novembre les travaux de transformation énergétique de son site de Corbeille-en-Gâtinais, situé dans le Loiret.
En période de campagne, l’usine traite 12000 tonnes de betteraves chaque jour, livrées par 800 planteurs environnants. Moyennant 12 millions d’euros, le site vient de réduire de 26% sa consommation d’énergie, du gaz naturel principalement, par rapport aux années 2023/2024, présentées comme références en la matière. «Nous sommes passés d’un site qui était dans la moyenne de ce que faisait l’industrie au haut du panier», résume Maxime Cassel, directeur de l’usine.
Remplacement des caisses d’évaporation
L’atelier d’évaporation, moment où le jus sucré extrait de la betterave, préalablement nettoyé de ses impuretés, est concentré avant l’ultime étape de cristallisation, a été totalement repensé. Les caisses d’évaporation ont été remplacées. «On fait mieux travailler la vapeur», souligne Maxime Cassel. «En sortie de la deuxième caisse d’évaporation, la pression de la vapeur est faible, détaille-t-il. Nous la faisons remonter par effet Venturi (accélération du fluide par le passage dans un conduit réduit, NDLR) et la réinjectons dans la première caisse d’évaporation. Cela nous permet d’avoir de la vapeur quasi gratuite.»
Cette dernière était auparavant envoyée en amont du processus de l’usine, lorsque les betteraves, coupées en cossettes, sont chauffées progressivement jusqu’à 70 degrés avant de rejoindre une tour de diffusion où elles vont former un jus sucré, alors vert car chargé d’impuretés, à la manière d’une théière. Cette opération de chauffe est désormais assurée par échange thermique en utilisant les eaux chaudes issues du processus d’évaporation nécessaires à la concentration du jus sucré. «L’évaporation génère 400m³ d’eau chaude par heure», pose Maxime Cassel. Une économie de plus de 15 tonnes de vapeur par heure à la clef.
Augmentation de la capacité de production et meilleure maîtrise des débouchés
Voilà deux procédés qui ont permis d’améliorer la performance énergétique du site. En parallèle, sa capacité de production a grimpé de 1000 tonnes. Un investissement a aussi été réalisé pour extraire davantage de sucre de la betterave quand les marchés sont au plus haut. Une fois le jus de sucre concentré, un sirop est obtenu : ce dernier doit cristalliser pour que le procédé soit parachevé. «Seule la moitié du sucre est cristallisée lors de l’opération : on réalise donc l’opération deux fois en temps normal, indique le directeur du site. Nous investissons pour cristalliser le troisième jet : nous serons capables de valoriser en sucre les 25% de sirops résiduels. Cela nous permet de mieux maitriser nos débouchés alors que ce résidu est habituellement valorisé en éthanol.»
Prochaine étape : s’attaquer au poste de déshydratation, très consommateur lui aussi. En effet, une fois le jus extrait de la betterave, la partie solide, les pulpes, est séchée pour fabriquer des pellets. Cette opération est réalisée au gaz naturel. L’idée à l’avenir est d’utiliser la vapeur du processus d’évaporation pour réaliser cette étape de déshydratation et de récupérer la vapeur qui s’échappe lors de l’opération, du fait de l’eau contenue dans les pulpes, pour la réinjecter dans le processus d’évaporation du jus sucré. Un projet qui devrait permettre d’économiser 35% d’énergie supplémentaires.
Des panneaux solaires flottants bientôt installés
La sucrerie de Corbeille est autonome en eau depuis 2023 : l’eau extraite de la betterave est en effet stockée dans des bassins environnant l’usine. Elle sert au lavage des betteraves, au démarrage de la sucrerie, mais aussi à l’irrigation des terres voisines. D’ici à 2027, EDF doit installer dans ces bassins, vidés à l’été mais remplis pendant la période d’activité de l’usine, entre septembre et janvier, des panneaux solaires flottants. Ils permettront d’accompagner l’électrification progressive des consommations de l’usine, alors que cette dernière dépend encore largement des fossiles.


