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Grâce à son usine de La Rochelle, Solvay va vendre ses premières terres rares pour aimants permanents… aux Etats-Unis

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Lu il y a 6 minutes



Solvay a annoncé la signature de deux contrats pour fournir des terres rares pour aimants permanents produites à La Rochelle à des industriels… américains. Selon le géant belge, son site français, berceau du raffinage des terres rares, pourrait fournir 30% des besoins européens en 2030. Mais les contrats manquent.

Les premières terres rares pour aimants permanents de Solvay à La Rochelle iront… aux Etats-Unis. Après s’être lancé sur ce créneau stratégique en avril, l’industriel belge a annoncé, mi-novembre, la signature de deux contrats pour vendre ses produits à des industriels américains.

«Ces clients aux Etats-Unis recherchent des matériaux issus du monde occidental pour construire la chaîne d’approvisionnement américaine, qui est très dynamique pour l’instant», décrypte An Nuytten, présidente chimie de spécialité chez Solvay, qui supervise le projet.

Construction d’une chaîne de valeur occidentale

Dans le détail, le premier contrat concerne Noveon. Soutenu par le département de la défense (DoD), qui a investi au total plus de 439 millions de dollars pour créer une chaîne d’approvisionnement domestique depuis 2020, Noveon est actuellement le seul producteur d’aimants aux terres rares les plus performants (NdFeB par frittage) aux Etats-Unis, à San Marcos au Texas. L’industriel devrait être rejoint sur ce créneau par de nombreux autres, comme MP Materials, Vacuumschmelze ou USA Rare Earth, dès l’année 2026. A partir de 2026, Solvay devrait fournir Noveon en néodyme, praséodyme, dysprosium et terbium, soit les quatre terres rares utilisées dans les aimants NdFeB.

«Ces éléments proviendront en majorité de matériel recyclé», précise An Nuyttens. Solvay ne donne pas davantage de détails sur ce sujet, mais il pourrait être fourni par Cyclic Materials, un industriel canadien qui transforme des aimants usagés en concentré de terres rares mélangées avec lequel il a signé un accord en 2024.

Du samarium pour la défense

Le deuxième contrat est signé avec US Permag, un producteur d’aimants haute-performance. L’accord intègre aussi Less Common Metals (LCM), une entreprise britannique qui se spécialise sur la métallisation des terres rares. Cette étape complexe permet de transformer les oxydes séparés en métaux et alliages qui servent ensuite à produire des aimants. En septembre, LCM a été racheté par l’américain USA Rare Earth, qui ambitionne de construire une mine et une usine d’aimants aux Etats-Unis. En mai, LCM avait par ailleurs annoncé envisager construire une usine de métallisation à Lacq, mais n’a pas encore confirmé cet investissement de 110 millions d’euros.

Solvay fournira à ces deux partenaires du samarium, une terre rare lourde, que l’on retrouve dans les aimants “samarium-cobalt” (Sm-Co). Moins performants en termes magnétiques que les aimants NdFeB, ces derniers sont plus résistants aux hautes températures. «Il y en a moins dans les voitures, mais ces aimants servent dans le ferroviaire, dans les énergies renouvelables [éoliennes] et dans les systèmes de défense», détaille An Nuyttens, qui précise que l’élément sera raffiné à partir de matériel déjà stocké par Solvay à La Rochelle, issu des résidus d’anciennes lignes.

Montée en puissance progressive

Solvay ne précise pas la quantité de matière concernée par ces contrats. Pour rappel, le chimiste a relancé, en avril, la production de terres rares pour aimants permanents sur son site de La Rochelle en inaugurant une petite ligne de raffinage de néodyme et de praséodyme. D’ici à 2030, il prévoit d’investir entre 50 et 100 millions d’euros pour faire grimper sa production à 4 500 tonnes d’oxydes par an, ce qui représente 30% des besoins européens à cette date. Depuis, Solvay a validé le lancement d’une deuxième ligne, dédiée aux oxydes “lourds”, comme le dysprosium et le terbium, qui servent d’additifs dans les aimants et dont la Chine contrôle l’exportation depuis avril.

«Nous augmentons les capacités progressivement, en fonction des contrats clients en nous assurant du modèle d’affaire», souligne An Nuyttens précisant être «encore au tout début» du projet. «Les discussions avec nos partenaires aux Etats-Unis, pour lesquels il est très important d’avoir accès à des matériaux occidentaux et qui bénéficient d’un fort soutien, sont allées assez vite», décrit-t-elle.

En Europe, le sujet tarde un peu plus. «Il faut que toute la chaîne de valeur s’installe et puisse gagner de l’argent. Pour l’instant, nous n’y sommes pas», juge la cadre de Solvay. Elle se dit toutefois «confiante», jugeant que les clients comme les gouvernements ont pris conscience, suite aux restrictions d’exportation chinoises, de l’aspect stratégique de ces éléments de niche et que «personne ne veut que les chaînes d’usine automobiles s’arrêtent»… Un discours proche de celui du PDG de Solvay, Philippe Kehren. Lors des résultats trimestriels du groupe, début novembre, celui-ci dévoilait s’intéresser à la production d’autres terres rares, comme le gadolinium ou l’yttrium, tout en précisant juger le sujet moins dynamique en Europe qu’aux Etats-Unis.



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