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Deux nouvelles filiales du groupe ACI placées en redressement judiciaire

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Lu il y a 10 minutes



Deux mois après sa mise en redressement judiciaire, la holding du groupe ACI a obtenu un dernier sursis du tribunal des affaires économiques de Lyon. Sauf à trouver de l’argent frais rapidement, sa liquidation parait inéluctable et une vente par appartements des différentes entités du groupe se profile. Deux nouvelles filiales passent d’ailleurs en redressement judiciaire.

Le clap de fin pour ACI groupe pourrait tomber plus rapidement que prévu. Le tribunal des affaires économiques de Lyon a accordé, mardi 25 novembre, un dernier sursis de deux semaines à la holding financière de tête du groupe industriel ACI, placée en redressement judiciaire deux mois plus tôt. Son ancien président Philippe Rivière a demandé au tribunal plus temps pour trouver des financements afin de renflouer la structure. Il a jusqu’au 9 décembre.

Sans attendre, le tribunal a placé deux nouvelles filiales, LBY Méca et Lorentz Groupe, en redressement judiciaire avec période d’observation de six mois. L’avenir reste flou pour les quelques 40 filiales du groupe de sous-traitance, qui emploie près de 1500 salariés chez les fonderies de Sougland, Hachette et Driout, Enerflux ou encore Rabourdin. Ces dernières semaines, cinq sociétés ont déjà été liquidées par les administrateurs judiciaires. Trois autres ont été placées en redressement judiciaire, Roche Meca Tech (Loire), MPM (Haute-Savoie) et SDML à Vitrolles (Bouche-du-Rhône), et sont en attente de repreneurs.

La chute de la holding ouvrirait la voie à une vente à la découpe du groupe constitué par Philippe Rivière. Selon l’état de leur trésorerie, d’autres filiales pourraient être placées à leur tour en redressement judiciaire dans les semaines à venir. «Toutes les sociétés sont asséchées, la plupart ne vont pas pouvoir passer les salaires en novembre», prédisait il y a quelques jours une source proche du dossier. Depuis l’ouverture de la procédure collective, la holding a vu l’argent frais remonté de ses filiales chuter drastiquement. Et elle est dans l’impossibilité de constituer de nouvelles dettes pour faire face à ses échéances.

Enquête pénale ouverte par le parquet de Lyon

Philippe Rivière avait été écarté de la gestion opérationnelle de l’entreprise par le tribunal des affaires économiques mi-octobre. Selon nos informations, il espère pourtant encore présenter une offre de reprise de son groupe. Une hypothèse qui apparait néanmoins compliquée, au vu de la perte de confiance tant des pouvoirs publics que des clients et de ses salariés. Au-delà de la défaillance du fonds d’investissement Fortuna, qui devait apporter 82 millions d’euros, les difficultés financières d’ACI ont mis en lumière la gestion plus que calamiteuse de Philippe Rivière. Une enquête pénale a été en parallèle ouverte par le parquet de Lyon, visant des soupçons d’abus de biens sociaux (voir encadré).

Quelques dizaines de salariés du groupe étaient présents devant le tribunal, ce 25 novembre, pour «dénoncer la gestion de Philippe Rivière et aussi faire en sorte que les pouvoirs publics interviennent», défend Samy Tabti, délégué CGT sur le site de Roche Meca Tech. Quelques jours plus tôt, quelques salariés avaient été reçus par le comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), la cellule chargée du suivi des grandes entreprises en difficulté, le 18 novembre, à Paris. Un nouveau point devait avoir lieu en fin de semaine entre les syndicats et le ministère. Selon plusieurs sources, le CIRI privilégiait une reprise globale de la holding de tête, allégée de quelques entreprises en perdition.

Préserver au maximum la continuité de l’activité sur les sites

Bercy va continuer à suivre de près ce dossier. «L’État travaille, aux côtés des administrateurs judiciaires, à des solutions visant à préserver la continuité de l’activité sur le plus grand nombre de sites possible, sous réserve d’une perspective de retour à la viabilité», assurait le cabinet du ministre de l’Industrie Sébastien Martin, quelques heures avant l’audience, précisant que Philippe Rivière ne participait pas à ces discussions.

Le ministère veut en particulier «se montrer vigilant à ce qu’une éventuelle liquidation au niveau de la tête de groupe n’affecte pas la continuité de certaines activités clé et n’obère pas les possibilités de reprises au niveau des filiales». Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a par ailleurs lancé début novembre un audit pour comprendre «les conditions qui ont amené» la holding à être placée en redressement judiciaire. «Cet audit financier est toujours en cours», précise le ministère de l’Économie, en estimant la procédure «habituelle dans les dossiers de retournement». Mais celui-ci ne devrait pas être rendu public, précise Bercy.

Une trentaine de marques d’intérêt

De toute évidence, une éventuelle liquidation de la holding de tête réduirait la marge de manœuvre pour Bercy. «L’unique but du mandataire judiciaire est de réduire le passif et de rembourser les créanciers. Il ne va pas être insensible à des solutions qui vont préserver l’emploi et la souveraineté, mais s’il faut vendre des actifs, il vendra», résume Numa Rengot, avocat expert en restructurations du cabinet Franklin.

Selon nos informations, plusieurs marques d’intérêt ont déjà été exprimées par une trentaine d’industriels pour la reprise d’une ou de plusieurs filiales du groupe ACI. De fait, certaines sociétés disposent d’un vrai savoir-faire, notamment dans l’aéronautique ou la défense. À ce stade, «un repreneur global apparait très utopique ou irréaliste, car les sociétés opèrent dans des domaines industriels très divers et affichent des santés financières différentes. L’idéal serait d’avoir une reprise par pôles, avec des grappes d’entreprises par domaine d’activité ou par zone géographique, plutôt que des reprises au cas par cas», abonde Pierrick Courbon, député socialiste de la Loire.

Trouver des solutions rapides

Tout va être une question de timing. «Si ça ne va pas assez vite, les clients des quelques entreprises viables qui ont encore du potentiel risquent de réorienter leurs commandes et leurs salariés vont aller voir ailleurs», s’inquiète un observateur. Mais il faudra trouver le juste milieu : «si les administrateurs se précipitent, ça va être la foire d’empoigne. Il faut qu’ils posent un minimum de cadre pragmatique et qu’il y ait suffisamment de temps pour qu’on puisse se positionner», détaille le gérant d’un fonds potentiellement intéressé par la reprise de plusieurs entreprises.

Les syndicats, eux, redoutent la casse sociale. «La suite est inquiétante, on a trois mois maximum pour trouver soit de la trésorerie, soit un repreneur», résume Yannick Raszkowski, représentant Force ouvrière chez Enerflux (ex-Jtekt) à Blois (Loir-et-Cher). En attendant, malgré l’incertitude, les 180 employés de l’entreprise sont à pied d’œuvre. «Il y a des clients à livrer, il faut faire vivre l’entreprise», jure le syndicaliste. Et désormais convaincre un nouveau repreneur, un an et demi après la cession à ACI de l’ancien site du groupe japonais Jtekt.

Philippe Rivière soupçonné d’abus de biens sociaux

Une ligne élancée dessinée par les meilleurs dessinateurs industriels britanniques. Un moteur bicylindre en V à 88° quatre temps joint à une boîte manuelle six rapports, tous deux posés sur une structure porteuse en carbone avec cadre en aluminium… Produite en seulement 100 exemplaires, l’Aston Martin AMB 001 est une moto d’exception, conçue exclusivement pour un usage sur circuit. Un bijou de mécanique rare, dont il n’est pas toujours aisé de déterminer le prix. Hormis lorsqu’une facture datée de l’été 2024 l’indique noir sur blanc : 108 883 euros et 64 centimes, toutes taxes comprises. Son acquéreur officiel, celui qui a réglé l’addition, s’appelle ACI Groupe. Mais dans les faits, son propriétaire serait Philippe Rivière, selon de multiples sources. C’est une des nombreuses actions que la justice pourrait juger répréhensible de la part de l’ex-dirigeant d’ACI, soupçonné d’avoir confondu le portefeuille de son empire industriel naissant avec le sien. De tels flux anormaux de gestion, évalués en millions d’euros, auraient été soulevés par l’audit réalisé à la demande des actionnaires minoritaires. À ces derniers s’ajoutent des soupçons de malversations au profit de la holding privée de Philippe Rivière, Capart. Selon l’AFP, le parquet de Lyon a ouvert une enquête pénale pour abus de biens sociaux, dont les investigations ont été confiées à la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) de la police.



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