«La déception est immense». C’est par ces quelques mots qu’Adrien Salmon, le dirigeant de la filature de lin Safilin installée à Béthune (Pas-de-Calais), s’exprime.
Il réagit à l’annonce de la cessation de son activité, lancée seulement trois ans plus tôt. «Le sentiment de gâchis est énorme», consent-il avant de mettre fin à l’échange.
En 2022, Safilin décidait de réimplanter une filature dans le Pas-de-Calais. Il s’agissait de relocaliser la filière lin dans les Hauts-de-France, l’industriel s’étant installé en Pologne aux alentours des années 2000. Un investissement de 5 millions d’euros, soutenu par le plan France Relance.
Un marché peu favorable
La démarche est alors unanimement applaudie par les acteurs de la filière textile et les politiques. Conscient à l’époque de s’adresser à un marché de niche, l’industriel tablait sur l’essor du «made in France» et visait l’embauche d’une cinquantaine de personnes et une production de près de 25000 tonnes en 2025.
Mais la croissance attendue n’a pas été au rendez-vous. Le dirigeant énumère comme facteurs pénalisants une hausse des prix des matières premières après de mauvaises récoltes, la flambée des prix de l’énergie et une concurrence féroce, notamment des acteurs de la fast fashion. Résultat : une usine à l’arrêt depuis fin septembre et 23 salariés licenciés.
Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, évoque «un grand regret» et réclame le remboursement de 500000 euros versés à titre d’aides. L’entreprise Safilin, fondée en 1778, possède toujours deux sites de production en Pologne.



