À l’approche des fêtes, Asahi, premier brasseur japonais, subit une cyberattaque d’ampleur inédite qui a désorganisé sa production et bouleversé la distribution nationale de bière.
La cyberattaque contre Asahi Group Holdings Ltd., identifiée comme un rançongiciel, a paralysé les systèmes internes du plus grand brasseur du Japon depuis plus d’un mois. Incapable de traiter ses commandes en ligne, l’entreprise a dû recourir à des méthodes manuelles, ramenant ses expéditions à 10 % de la normale. L’incident frappe au pire moment : décembre représente le pic annuel de ventes, avec la célèbre Super Dry pesant 12 % du chiffre d’affaires. En parallèle, les concurrents Kirin, Sapporo et Suntory profitent de la pénurie pour renforcer leur présence dans les bars et commerces, tandis que les analystes estiment les pertes du quatrième trimestre à plus de 15 milliards ¥ (93 millions d’euros).
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Une cyberattaque qui paralyse la filière brassicole japonaise
Le Asahi cyberattack a mis à genoux les opérations du brasseur. Ses systèmes de gestion de commandes et de logistique étant inaccessibles, la société a dû basculer vers des processus analogiques : commandes téléphoniques, traitement manuel, envois par fax. Résultat : une chute de 90 % des livraisons à travers le Japon.
À Tokyo, les bars et restaurants ressentent directement les effets. Kohei Matsuo, propriétaire du Bier Reise ’98 à Shimbashi, indique que 80 % de ses ventes dépendaient de la marque Maruefu : « Une semaine après l’attaque, mes stocks étaient épuisés », confie-t-il. À Ueno, Hiroyuki Iida, gérant d’Izakaya Ueno Ichiba Honten, a brièvement remplacé Asahi par Sapporo et Suntory avant de recevoir des livraisons limitées de Super Dry, les autres références restant indisponibles.
Les rivaux profitent du vide laissé par Asahi
Kirin, Suntory et Sapporo ont rapidement réagi en remplaçant les équipements estampillés Asahi — verres, tireuses, fûts — dans les établissements partenaires. Ces initiatives pourraient compliquer la reconquête du marché par Asahi lorsque la production reprendra. Selon l’analyste Euan McLeish de Sanford C. Bernstein Japan, Sapporo, grâce à sa gamme de bières maltées, serait le principal bénéficiaire de la crise.
Depuis l’attaque du 6 octobre, Asahi a perdu sa première place sur le marché de détail au profit de Kirin, dont la marque Ichiban Shibori connaît une hausse record, selon les données Nikkei. Kirin, de son côté, a ajusté ses expéditions pour maintenir une offre stable, tandis que Suntory et Sapporo augmentent leur production face à la demande croissante.
Ruptures, inflation et avertissement technologique
Dans le commerce de détail, la situation reste contrastée. Certaines enseignes OK Corp à Tokyo disposent encore de Super Dry et Maruefu, mais les rayons se vident rapidement. Les chaînes de proximité comme Seven & i Holdings, FamilyMart et Lawson maintiennent une disponibilité correcte, bien que des pénuries de boissons énergétiques distribuées par Asahi, telles que Monster, se fassent sentir.
En ligne, Amazon Japan affiche le pack de 24 Super Dry à 5 040 ¥ (31,3 €) et Aeon un coffret de 10 canettes à 2 380 ¥ (14,8 €), livrable entre décembre et janvier. Les grands magasins Isetan et Takashimaya, eux, signalent des ruptures de stock, fragilisant la tradition japonaise des cadeaux de fin d’année. Les conséquences financières sont lourdes : McLeish estime les pertes du trimestre à 15 milliards ¥ (93 millions d’euros) et une baisse de 13 % des bénéfices. Pour le professeur Tetsutaro Uehara, les systèmes informatiques fragmentés d’Asahi ont offert une surface d’attaque idéale.


