L’ex-ambassadeur américain en Israël, David Friedman, devient président exécutif du groupe NSO, développeur du logiciel espion Pegasus, récemment repris par de nouveaux investisseurs.
Le groupe israélien NSO, connu pour son controversé logiciel d’espionnage Pegasus, change de direction. Son nouveau président exécutif, David Friedman, ancien diplomate et avocat de Donald Trump, veut rétablir les liens du groupe avec Washington et conquérir à nouveau le marché américain. Une nomination qui marque une tentative de réhabilitation pour une entreprise au cœur de multiples scandales liés à la surveillance numérique.
Un nouveau départ sous bannière américaine
David Friedman, ancien ambassadeur en Israël sous l’administration Trump, prend les rênes d’un groupe secoué par les accusations d’espionnage et les restrictions imposées par les États-Unis. L’entreprise a confirmé dimanche sa reprise par un consortium mené par le producteur hollywoodien Robert Simonds. Les trois fondateurs historiques de NSO se sont totalement retirés du capital. Selon Friedman, sa mission consiste désormais à « obtenir des contrats avec les agences gouvernementales américaines » et à repositionner NSO comme acteur légitime de la cybersécurité. Dans une déclaration au Wall Street Journal, il a souligné que « si l’administration est disposée à explorer toute possibilité d’améliorer la sécurité des Américains, elle nous prendra en considération ». Une stratégie qui vise clairement à normaliser les relations entre l’entreprise et Washington, après des années de mise à l’écart.
Une réputation entachée par Pegasus
Le groupe NSO, basé à Herzliya en Israël, a longtemps été synonyme d’innovation technologique dans le renseignement numérique avant de devenir un symbole d’abus liés à la surveillance. Pegasus, son logiciel phare, a permis à divers gouvernements d’accéder aux communications de cibles via des failles de sécurité dans les smartphones. Cependant, des enquêtes journalistiques et des plaintes judiciaires ont révélé que le programme avait aussi servi à espionner des journalistes, militants et opposants politiques dans plusieurs pays. En 2019, WhatsApp, propriété de Meta, a poursuivi NSO après la compromission d’environ 1 400 utilisateurs via Pegasus. Un tribunal fédéral de Californie a récemment interdit à NSO d’utiliser la plateforme de messagerie comme vecteur d’attaque. L’entreprise a averti que cette injonction risquait de la mener à la faillite. Friedman a reconnu qu’il s’agissait d’un « revers important » tout en confirmant l’intention de faire appel.
Vers une réintégration encadrée dans le paysage cyber
Malgré les tensions judiciaires, NSO continue d’opérer sous la supervision du ministère israélien de la Défense. Le groupe annonce vouloir renforcer sa présence internationale et « reprendre ses activités aux États-Unis » sous des règles strictes. Cette tentative de redéploiement vise à rassurer les autorités américaines et à repositionner NSO comme fournisseur de solutions de cybersécurité plutôt que d’outils offensifs. Le défi reste majeur : regagner la confiance d’un marché qui l’a classée parmi les acteurs à haut risque pour les droits humains. Friedman, en misant sur sa proximité politique et sa connaissance du terrain diplomatique, semble vouloir transformer NSO en partenaire stratégique du renseignement occidental. Reste à savoir si la réhabilitation d’un acteur aussi controversé est compatible avec les standards de transparence et de conformité imposés par Washington.
La nomination de David Friedman illustre la volonté du groupe NSO de se réinventer sous une direction plus acceptable politiquement. Mais la question demeure : les États-Unis peuvent-ils renouer avec une société au passé si controversé sans compromettre leurs principes de cybersécurité et de protection des libertés civiles ?
Sources
-
Wall Street Journal, « Trump Ally David Friedman Named Executive Chairman of NSO Group, » 2025 : https://www.wsj.com
-
Reuters, « Ex-Trump envoy to Israel David Friedman named executive chairman of spyware firm NSO Group, » 2025 : https://www.reuters.com
