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ZATAZ » Escroquerie par IMSI-catcher : 14 personnes jugées

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Lu il y a 7 minutes


Une vaste arnaque téléphonique a utilisé une fausse station de base pour envoyer des SMS frauduleux et soutirer des coordonnées bancaires à des milliers de personnes, révèle l’enquête.

Quatorze prévenus, dont une société, sont renvoyés devant le tribunal pour une escroquerie ayant mobilisé un IMSI-catcher, dispositif d’interception de téléphonie mobile. L’enquête, déclenchée par une plainte d’Orange en octobre 2022, a identifié l’usage d’une fausse station de base permettant d’imposer des SMS d’hameçonnage se faisant passer pour Ameli ou Chronopost. Un véhicule repéré le 31 décembre 2022 contenait le matériel. Le dossier vise des faits commis entre septembre 2022 et février 2023. Le préjudice dépasse 20 millions d’euros, et des milliers de victimes restent à identifier.

Usage d’une fausse station de base et détection par l’opérateur

L’alerte a été donnée par l’opérateur télécoms Orange, qui a déposé plainte en octobre 2022 après la réception par plusieurs clients de SMS frauduleux visant des comptes Ameli. Selon les éléments transmis aux enquêteurs, ces SMS n’apparaissaient pas sur le réseau d’Orange et les terminaux montraient un comportement radio atypique au moment de réception. Ces anomalies ont orienté les investigations vers l’utilisation d’une fausse station de base, technique qui consiste à créer un point d’accès radio local imitant une antenne opérateur pour capter les appareils à proximité. Les messages ainsi imposés se présentaient comme provenant d’organismes connus, notamment Ameli et Chronopost, afin de pousser les destinataires à communiquer leurs coordonnées bancaires. L’objectif était clair : obtenir des informations financières pour escroquer les victimes.

Le 31 décembre 2023, la police a repéré à Paris un véhicule suspect, dont la lunette arrière était obstruée par un caisson gris. Les services de déminage ont été appelés pour détruire le dispositif avant toute manipulation. L’analyse réalisée après neutralisation du caisson a établi qu’il s’agissait d’un IMSI-catcher. Le terme, repris dans le dossier, désigne un équipement capable d’intercepter des signaux et des données de terminaux mobiles en feignant d’être une station d’accès réseau. L’usage de ce dispositif permettait d’envoyer des messages d’hameçonnage à tous les appareils captés, en se faisant passer pour un organisme familier, et ainsi d’extraire des données ou d’orienter les victimes vers des démarches de transfert d’argent.

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Poursuites, calendrier et montants en jeu

Quatorze personnes vont être jugées : huit prévenus et la société Scion Data Agency sont cités devant le tribunal correctionnel de Paris pour des audiences programmées les 6, 12, 13, 19, 20, 26 et 27 février 2025. Ces poursuites concernent des faits commis entre le 1er septembre 2022 et le 14 février 2023, au préjudice de milliers de victimes non identifiées et d’opérateurs téléphoniques dont Orange, partie civile. Le montant total de l’escroquerie dépasse les 20 millions d’euros. Les chefs retenus contre les mis en cause couvrent la captation de données informatiques, l’utilisation non autorisée de fréquences, l’entrave au fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données, ainsi que l’escroquerie ou la tentative d’escroquerie en bande organisée. Parmi les personnes poursuivies figure un ressortissant chinois extradé depuis la Suisse et placé en détention provisoire, présenté dans le dossier comme le vendeur des IMSI-catchers.

Six autres personnes et deux sociétés font l’objet d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Cette procédure, qui permet de juger plus rapidement les prévenus reconnaissant leur culpabilité sous conditions, doit être homologuée le 5 novembre à Paris. Par ailleurs, le calendrier judiciaire prévoit des audiences en novembre et en février pour les autres mis en cause, conformément aux informations transmises au dossier et reprises par la presse. La combinaison de procédures distingue des protagonistes susceptibles d’obtenir un jugement rapide de ceux pour lesquels une instruction et un procès complet sont prévus.

Un préjudice étendu, des victimes nombreuses et partiellement inconnues

Les faits reprochés se sont déroulés sur une période de six mois et ont visé des milliers de victimes qui, à ce stade, restent partiellement non identifiées. Outre le préjudice direct subi par les victimes, les opérateurs télécoms ont été affectés, Orange se constituant partie civile. Les chefs d’accusation reflètent la complexité technique et l’organisation présumée de l’affaire : interception de communications, utilisation illicite de fréquences radio, entrave au fonctionnement de systèmes automatisés et escroquerie en bande organisée. L’existence d’un vendeur présumé d’IMSI-catchers, extradé depuis la Suisse, indique que l’appareil n’aurait pas été une acquisition artisanale mais liée à une chaîne d’approvisionnement internationale.

L’affaire met en lumière l’exploitation criminelle d’un matériel habituellement associé aux forces de l’ordre et aux services de renseignement. L’IMSI-catcher, lorsqu’il est employé illégalement, transforme un téléphone mobile en vecteur d’exposition pour son utilisateur et pour l’opérateur. La capacité de créer une fausse station de base permet d’imposer des flux d’information et de contourner les mécanismes classiques de détection, sauf lorsqu’un opérateur identifie des anomalies radio. L’intervention d’Orange et la remontée d’indices techniques ont permis d’ouvrir l’enquête. Reste la question de la traçabilité des équipements et des voies commerciales qui fournissent ces dispositifs, ainsi que la prévention opérationnelle pour protéger les abonnés et les réseaux.

 

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