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Le Jacquard Français perpétue sa tradition centenaire

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C’est à seulement un kilomètre du lac de Gérardmer et de son cadre pittoresque, entouré des forêts vosgiennes, que l’on trouve le site de fabrication du Jacquard Français (13 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 50 % à l’international), où les fameux tissus à motifs sont confectionnés depuis 1888. Mais ce n’est que depuis 1968, année de rachat par le groupe Elis, spécialiste de la location et de l’entretien de vêtements professionnels, que la marque est déposée.


«Jean Leducq, le fondateur d’Elis, a voulu faire de l’intégration verticale en rachetant la société, mais elle avait plus de production que ses besoins en linge», raconte Béatrice Brandt, la directrice générale du Jacquard Français et ancienne directrice marketing chez Elis. Dans l’usine de 8500 m2, 70 salariés (sur 110 au total) créent, préparent et tissent plus de 800 000 mètres de jacquard déclinés sous forme de nappes, linge de lit ou de bain haut de gamme, entre autres. Le jacquard nécessite plus de temps de fabrication que d’autres étoffes et requiert des métiers à tisser spécifiques, car les motifs y sont directement tissés au lieu d’être imprimés.


Communiquer pour recruter


Dans la salle principale de l’usine, 53 métiers à tisser sont répartis selon la laize – le nombre de fils, qui définit la largeur de l’étoffe fabriquée – et fonctionnent dans un tapage assourdissant. L’un d’eux fabrique un tissu curieusement sans motif : il s’agit du tissu destiné aux vêtements professionnels d’Elis, mais aussi de tissu recyclé à partir d’uniformes en fin de vie. «Vous pouvez avoir l’impression que tout est automatisé, mais chaque étape nécessite un métier spécifique, sourit Béatrice Brandt. Sur le métier, le harnais comporte autant de tiges qu’il n’y a de fils de chaîne. Il faut par exemple 6 000 tiges pour une nappe.» Ce harnais sert à lever et baisser ces tiges, ce qui permet aux fils de trame de passer au-dessus ou en dessous des fils de chaîne – les fils qui composent la largeur et la longueur du tissu, respectivement – et de construire différents tissages qui produisent autant d’effets visuels et tactiles.


L’étape peut paraître très complexe pour le profane, comme celles qui la précèdent, tel l’ourdissage, ou la création des chaînes à partir de quelques centaines de bobines, tout en vérifiant la tension de chaque fil. Sur les 53 métiers à tisser, seuls 35 fonctionnent en moyenne. «Chaque métier est spécifique à la taille de l’étoffe fabriquée», indique Olivier Durand, le contremaître en chef. «Il faut un tisserand pour gérer une quinzaine de métiers à tisser, sauf pour ceux à lin, qui est plus capricieux, ajoute la dirigeante. Quand je suis arrivée en 2017, j’ai été alertée par les contremaîtres au sujet des futurs départs à la retraite. Or, former un tisserand nécessite trois ans.» Si le recrutement était difficile au départ, l’entreprise a fait des efforts de communication pour le faciliter. Elle a aussi investi récemment pour changer deux de ses métiers à tisser, à 25 000 euros l’unité. De quoi sécuriser son avenir.


Couv 3746Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3746 – Septembre 2025

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