Un technicien arrêté à Kaliningrad, des « planques » découvertes à New York, des fermes démantellée en Asie et en Ukraine. Des affaires qui illustrent l’usage massif des cartes SIM par le crime organisé, les services de renseignement et les cyberattaques de grande ampleur.
Les cartes SIM sont devenues bien plus qu’un simple support téléphonique. De Kaliningrad à New York en passant par l’Ukraine, elles sont au cœur d’opérations mêlant fraude, espionnage et guerre hybride. Escrocs et services secrets exploitent ces minuscules puces pour orchestrer appels frauduleux, désinformation, navigation de drones et perturbations de réseaux. L’affaire récente d’un technicien arrêté en Russie ou encore de cette « ferme » à cartes SIM New Yorkaise éclairent la diversité et la dangerosité de ces usages, révélant comment le crime numérique et la guerre de l’information convergent autour d’un outil du quotidien. Des petits bouts de plastique qui ont déjà permis de frauder des milliers de personnes, dont des influenceurs/influenceuses sur le web.
Un technicien arrêté en Russie pour fraude massive
Dans la région de Kaliningrad, un homme chargé de maintenir le matériel utilisé par des réseaux d’escrocs a été interpellé. Il gérait une infrastructure alimentée par des centaines de cartes SIM et des passerelles GSM. Chaque jour, plus de 8 000 appels frauduleux étaient traités grâce à ce dispositif. Le logiciel déployé permettait d’usurper les numéros d’appel, donnant l’illusion que les communications provenaient de Russie, alors que les malfaiteurs agissaient depuis l’étranger.
Le suspect touchait jusqu’à 800 $ (740 €) par semaine, payés en cryptomonnaie. Pour échapper à la police, il changeait chaque semaine de logement et récupérait de nouveaux lots de cartes SIM via des lieux secrets. Lors de son arrestation, les enquêteurs ont découvert plus de 500 cartes SIM, plusieurs boîtiers GSM, des smartphones et divers matériels dans un appartement loué. Une vidéo a été diffusée montrant une installation « à la bonne franquette » !
Ce schéma révèle un modèle économique transnational : des escrocs installés hors de Russie sous-traitent l’opération technique à des intermédiaires locaux. Ces derniers mettent en place les équipements, entretiennent les passerelles et assurent la fluidité des communications, rendant les fraudes difficiles à remonter vers leur véritable origine.
L’Ukraine au cœur d’une guerre invisible des cartes SIM
La guerre russo-ukrainienne a mis en lumière l’usage militaire des cartes SIM. Les services ukrainiens ont multiplié les saisies de « boîtes SIM », des dispositifs capables de gérer des milliers de puces simultanément. Ces systèmes, souvent dissimulés dans des objets du quotidien, sont utilisés pour envoyer automatiquement des appels ou SMS. Leur rôle dépasse la fraude classique : ils servent désormais aux campagnes de désinformation et aux opérations de propagande.
Plus récemment, deux agents du FSB ont été arrêtés près de Kiev. Ils organisaient un trafic de cartes SIM ukrainiennes vers la Russie, via l’Union européenne. Ces puces étaient ensuite intégrées dans des drones « kamikazes », pour assurer communications et guidage. L’un des suspects, un ancien policier ukrainien, a été inculpé de haute trahison. L’affaire illustre le passage des cartes SIM d’un usage purement télécom à une fonction stratégique, directement liée à la guerre.
Ces découvertes confirment l’intuition des services de renseignement : derrière chaque lot de cartes SIM se cache un potentiel d’influence, de surveillance ou de sabotage. La banalité de l’objet masque sa puissance opérationnelle.
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New York face aux « SIM farms » clandestines
À New York, une vaste opération des services secrets américains a mis au jour une ferme de cartes SIM d’une ampleur inédite. Plus de 100 000 cartes actives et 300 serveurs SIM ont été saisis, peu avant l’Assemblée générale des Nations unies. L’enquête n’a pas encore permis d’identifier clairement les responsables, mais les autorités évoquent une organisation structurée, possiblement soutenue par un État.
Ces fermes, appelées « SIM farms », sont capables de générer des appels et des messages massifs, d’usurper des identités télécom et de saturer les réseaux. Selon les enquêteurs, leur potentiel de nuisance est considérable. Elles pourraient être utilisées pour intimider des personnalités publiques, perturber les infrastructures de communication, voire orchestrer des attaques coordonnées.
La découverte à New York montre que ce phénomène ne se limite pas aux zones de conflit. Les capitales occidentales deviennent à leur tour des terrains où se déploient des dispositifs hybrides mêlant espionnage, influence et fraude.
De Kaliningrad à Kiev et jusqu’à New York, les cartes SIM apparaissent comme une ressource stratégique. Elles alimentent à la fois l’escroquerie, la propagande et les opérations militaires. Leur petite taille et leur coût dérisoire masquent leur rôle de vecteur dans des conflits informationnels et cybercriminels de grande ampleur. La question reste entière : comment sécuriser un outil de télécommunication universel devenu une arme invisible dans les nouvelles guerres numériques ? Un business qui ne cesse de s’étendre. Je vous expliquais, début septembre, comment certains pirates mettaient en place des « boutiques » dédiées à la commercialisation de cartes sim « dites » anonymes. Des outils pouvant servir à tous types de malveillances et crimes : dealers, pirates, escrocs, terroristes, Etc. Des réseaux criminels qui exploitent les cartes SIM pour accéder aux données personnelles et bancaires. Utilisées pour diffuser des SMS frauduleux ou piloter des campagnes de phishing, elles se revendent plusieurs centaines d’euros sur les marchés clandestins. Achetées, mais aussi des cartes SIM volées dans les ascenseurs ou, il y a encore quelques mois, dans les bornes d’appel d’urgence !
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