La start-up française a levé 4,2 millions d’euros pour révolutionner le recyclage de cette matière. Son procédé consiste à dépolymériser les textiles en nylon afin de recréer du nylon neuf, réutilisant ainsi la matière existante sans perte de qualité. En d’autres termes, il s’agit de régénérer une matière identique à partir de la matière d’origine.
Réutiliser le nylon indéfiniment
Réutiliser le nylon indéfiniment
«Notre technologie repose sur une catalyse précise, que l’on pourrait comparer à un « sniper chimique » : elle ne cible que le nylon. Par exemple, si vous introduisez du polyester dans notre procédé, il ne sera pas affecté. Mais dès qu’il y a du nylon, notre catalyseur l’attaque et le décompose en petits fragments solides», explique Louis Monsigny, cofondateur de Synthetica et ingénieur de formation. Contrairement aux procédés traditionnels qui sont souvent inefficaces ou trop énergivores, cette approche chimique inédite permet un recyclage sélectif et respectueux des propriétés du matériau d’origine.
Les fibres peuvent être réutilisées indéfiniment, ce qui réduit la production de matières vierges et diminue l’impact environnemental. Une analyse du cycle de vie réalisée par l’entreprise montre que les monomères obtenus par ce procédé permettent une réduction significative des émissions de CO2 par rapport à ceux issus du pétrole. Le tout en maintenant un coût équivalent à celui du nylon vierge, sans surcoût une fois les taxes et subventions intégrées.
«Notre procédé présente un avantage clé : il fonctionne à basse température, ce qui le rend beaucoup plus respectueux de l’environnement que les techniques traditionnelles, souvent gourmandes en chaleur et en pression. En recyclant une partie significative du nylon à grande échelle, nous pourrions avoir un impact majeur, ce qui a attiré l’intérêt de nos investisseurs en capital», explique Marco Bertone, cofondateur de Synthetica.
Ouverture d’une usine à Reims
Ouverture d’une usine à Reims
Lors de ce premier tour de table, piloté par le fonds de capital-risque suédois EQT Ventures, plusieurs family offices, dont ceux des entreprises Peugeot et Etam, ont investi dans Synthetica. Cette levée de fonds permettra à la jeune société de viser une production de nylon recyclé, destiné à la mode, notamment pour Etam, et à l’automobile, à un niveau industriel.
«Cette étape permettra à la société de lever entre 15 et 25 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2026 afin de construire une usine pilote près de Reims, bien que d’autres sites soient à l’étude», précisent les deux dirigeants de Synthetica. L’objectif est de passer à une usine industrielle à grande échelle, ce qui nécessitera une nouvelle levée de fonds pour compléter le financement et garantir une production à sa pleine capacité.