Fondée en 1946, une emblématique filature de laine à tricoter, un des dernières de l’Hexagone, s’apprête à prendre un nouveau départ. Aux Trois-Domaines (Meuse), les salariés de Bergère de France se félicitent du sauvetage de leur entreprise entériné le 21 octobre par le tribunal de commerce de Bar-le-Duc qui a validé un plan de reprise en Scop (Société coopérative et participative).
L’offre déposée par 57 salariés-coopérateurs était en compétition avec celle du nordiste Happywool (ex Phildar et Pingouin). Or, cette dernière ne prévoyait de conserver aucun emploi localement, a-t-on appris de source syndicale. Le dossier de reprise en Scop va pour sa part permettre de préserver 70 salariés en CDI sur un total de 120. S’y ajoute une dizaine de tricoteuses à domicile employées à temps partiel et dont le travail représente deux équivalents temps plein. «On y croit, c’est un projet viable. Mais nous avons des inquiétudes sur la capacité de l’entreprise à tenir la cadence. En production, nous allons travailler avec un tiers des effectifs en moins», s’inquiète Allison Da Cruz, déléguée syndicale FO.
Exemple Duralex
Bergère de France (chiffre d’affaires de 15,2 millions d’euros en 2023) revient de loin. Placée en redressement judiciaire en 2015, la société a vécu «une longue descente aux enfers», selon les mots de Marie-Madeleine Maucourt, directrice de l’Union régionale des Scop du Grand-Est (Urscop). Incapable de faire face aux échéances de son plan de continuation, l’entreprise a été placée en liquidation judiciaire le 26 avril dernier. La juridiction commerciale avait cependant accordé une poursuite provisoire de l’activité pendant six mois, le temps de trouver un repreneur.
Citant l’exemple de Duralex, Marie-Madeleine Maucourt insiste sur le fait que «Bergère de France n’est pas un cas isolé» et insiste sur le fait que «le maintien de nos industries et nos savoir-faire en France est primordial pour ce territoire». Le projet meusien a bénéficié du soutien décisif de partenaires financiers parmi lesquels Socoden, la banque des Scop, le Crédit coopératif et le Crédit agricole. La Région Grand-Est et le groupement d’intérêt public Objectif Meuse ont également apporté leur appui au dossier.