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En 2025, le retour des droits de douane américains a destabilisé l’économie mondiale… mais une guerre commerciale totale a été évitée

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Lu il y a 6 minutes


[Dans l’actu en 2025, à suivre en 2026] Un an après son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a poussé à un niveau sans précédent les droits de douane sur les importations. Les exportateurs européens ont été frappés, même si le choc a été moins dur à absorber qu’anticipé.

Acier, automobile, produits chinois, droits de douane «réciproques»… Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier, l’instauration de nouveaux droits de douane par les Etats-Unis donne le tournis même aux lobbystes les plus affûtés de Washington. Selon l’université de Yale, les droits de douane américains ont flambé en moyenne de 2,5% début janvier à près de 18% au 17 octobre, date de sa dernière mise à jour. Depuis 1934, jamais les Etats-Unis n’ont connu de telles barrières tarifaires.

Et encore, les droits de douane américains sont au final moins élevés que ceux annoncés en avril par Donald Trump. Chacune à son tour, l’Union européenne, la Corée et le Japon ont négocié des accords commerciaux avec la Maison Blanche, réduisant à 15% les taxes supplémentaires qui s’appliquent sur la majeure partie de leurs exportations. Plusieurs produits de consommation courante, comme le café ou les bananes, ont aussi fini par faire l’objet d’exemptions afin de contenir l’inflation. Mais la pression n’est pas terminée : la pression pour les Européens n’est pas finie, alors que les Américains réclament des exemptions aux réglementations européennes pour leurs seules entreprises.

Pas de guerre commerciale tout azimut

Pour autant, malgré le choc, l’économie mondiale a plutôt mieux résisté aux coups de boutoir du président américain que ne le craignaient les plus pessimistes. Jusqu’ici, doit-on ajouter. «La guerre commerciale n’a pas eu lieu. L’offensive américaine sur les droits de douane est énorme, mais il n’y a pas eu de spirale de représailles des autres pays», pointe Isabelle Mateos y Lago, la cheffe économiste de BNP Paribas. Le commerce mondial devrait progresser de 2,4% en volume pour 2025 selon l’OMC, très loin de la contraction de 0,2% envisagée en avril, dopé par le mouvement de restockage des entreprises américaines en prévision des hausses tarifaires. La croissance mondiale devrait au final atteindre 3,2% cette année, selon les prévisions de l’OCDE publiées le 2 décembre.

Les entreprises ont malgré tout dû s’adapter à ces nouvelles règles du jeu brutales. «Les Etats-Unis représentaient 20% de nos exports. Nos clients ne vont pas pouvoir absorber des hausses de prix trop fortes», raconte Olivier Brière, dirigeant des pompes Broquet, une PME de 50 salariés d’Argenteuil, qui a été fortement secoué. Les entreprises européennes qui exportent aux Etats-Unis ont aussi dû composer avec la baisse du dollar par rapport à l’euro, qui a renchéri leur coûts. Depuis le début de l’année, les exportations françaises vers les Etats-Unis ont fondu d’un peu plus d’un 1 milliard d’euros, pour un total de 47 milliards d’euros. Même si la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement est en cours, les entreprises ont levé le pied sur leurs investissements, faute de visibilité.

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L’IA a dopé la croissance américaine à court terme

Pour l’instant, la guerre commerciale de la Maison-Blanche ne s’est pas traduite par un désastre pour l’économie américaine. «Ce qui a sauvé l’économie américaine, c’est le boom de l’IA que personne n’avait vu à ce niveau», reconnaît la cheffe économiste de BNP Paribas. Les investissements et la consommation liés à l’IA ont permis d’atténuer la décélération de l’économie, en comptant pour près de la moitié des 2% de croissance attendue pour 2025.

Mais le coût commence à se faire sentir. Depuis l’été, l’inflation américaine est repartie à la hausse, même si Donald Trump n’y voit qu’une supercherie des Démocrates. Elle devrait in fine peser sur la demande des ménages américains. Dans ce contexte, les élections de mi-mandat de fin 2026 pourraient être plus efficaces pour contraindre la Maison Blanche à une pause dans sa frénésie tarifaire que la décision à venir de la Cour suprême sur la légalité de ses droits de douane «réciproques».

Une reconfiguration des exportations chinoises

La guerre commerciale américaine n’a pas non plus, pour l’instant, coûté trop cher à la Chine. Entre les achats anticipés des entreprises américaines, le boom de l’intelligence artificielle dont elle bénéficie aussi et la redirection des exportations chinoises vers d’autres marchés, les exportations chinoises ont progressé de 5,4% sur les onze premiers mois de 2025, grosso modo au même rythme qu’à la même période en 2024, selon une note de la banque ING.

Ses exportations directes vers les Etats-Unis ont chuté de 18%. Mais dans le même temps, ses ventes vers l’Europe ont bondi de près de 50 milliards de dollars depuis le début de l’année. Dopées par la faiblesse du renminbi et les fortes surcapacités, les exportations chinoises de produits pharmaceutiques ont augmenté de 134% en France depuis janvier, celles de machines agricoles de 40% et de textile de 7%. Sans changement rapide, l’Europe pourrait devenir la grande victime de cette guerre commerciale mondiale.



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