
Des produits laitiers européens (lait, crèmes et fromages) vont être frappés par de lourds droits de douane, a annoncé la Chine le 22 décembre. Ces nouvelles taxes entrent en vigueur dès le 23 décembre.
Nouvelle poussée de fièvre entre l’Europe et la Chine. Alors que les droits de douane sur la viande de porc ont été abaissés mi-décembre, laissant croire à une trêve dans les tensions commerciales entre les deux blocs, il n’en est rien. La Chine va imposer des droits de douane provisoires de 21,9% à 42,7% sur certains produits laitiers importés de l’Union européenne (UE) à partir du 23 décembre, à la suite d’une enquête antidumping lancée un an plus tôt. Une façon de protester contre les taxes européennes qui visent les véhicules électriques chinois et après l’ouverture de trois nouvelles enquêtes européennes visant la Chine le 19 décembre.
Selon des conclusions préliminaires, la Chine estime que les produits laitiers importés en provenance de l’UE sont subventionnés, ce qui cause un préjudice considérable à l’industrie nationale, a déclaré le ministère chinois du Commerce dans un communiqué publié le 22 décembre.
La Commission européenne a estimé que l’enquête reposait sur des “allégations douteuses et des preuves insuffisantes” et a qualifié les mesures d’“injustifiées et non fondées”. Elle a déjà déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce il y a plus d’un an. “La Commission examine actuellement les conclusions préliminaires et transmettra ses commentaires aux autorités chinoises”, a déclaré un porte-parole, précisant que l’enquête devrait être terminée d’ici le 21 février.
L’entreprise européenne qui se verra appliquer le taux le plus bas de 21,9% est l’italienne Sterilgarda Alimenti SpA, tandis que FrieslandCampina Belgium N.V. et FrieslandCampina Nederland B.V. devront s’acquitter du taux le plus élevé de 42,7%, a annoncé le ministère chinois du Commerce.
Toutes les autres sociétés européennes qui n’ont pas participé à l’enquête se verront imposer le taux maximal. Une douzaine d’entreprises françaises (comme Richemonts, Elle & Vire, la coopérative Bressor ou la fromagerie Fromarsac appartnenant à Savencia) seront soumises à des droits de douane de 29,7%, tandis qu’une cinquantaine d’autres, notamment en Italie et en Allemagne, écopent d’un taux de 28,6%, selon le communiqué. Lactalis, Bel, Eurial, Candia, Isigny Saint-Mère sont classés dans cette deuxième catégorie.
Une aubaine pour la Nouvelle-Zélande
L’Union européenne est la deuxième fournisseur de produits laitiers de la Chine, derrière la Nouvelle-Zélande, selon les données des douanes chinoises. La Chine est par ailleurs le deuxième marché du bloc pour le lait écrémé en poudre et le quatrième pour le beurre et le lait entier en poudre, d’après les données européennes de 2023.
La Chine a importé pour 589 millions de dollars (500,72 millions d’euros) de produits laitiers couverts par l’enquête actuelle en 2024, soit des valeurs similaires à celles de 2023. Tom Booijink, spécialiste senior des produits laitiers pour l’Europe et l’Afrique chez Rabobank, a estimé qu’un droit de douane de 42% rendrait les exportations prohibitives, notamment pour le fromage car il est facile de se tourner vers d’autres fournisseurs. “Je pense donc que la Nouvelle-Zélande sera assez satisfaite de cette mesure”, a-t-il déclaré, ajoutant que ce sont les producteurs français qui en souffriraient le plus. Les produits visés par l’enquête chinoise ne comprennent pas les laits infantiles, une activité à forte marge pour les exportateurs européens.
Yukun Zhang, Shi Bu et Ryan Woo ; version française Elizaveta Zhuravleva, édité par Kate Entringer (Reuters)


