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la passion du vivant au service d’une alternative française aux opioïdes

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Lauréat de la médaille de l’innovation 2025 du CNRS, Aziz Moqrich est directeur de recherche à l’Institut de biologie du développement de Marseille (CNRS / Aix-Marseille Université). Spécialiste du système nerveux périphérique, il a cofondé en 2021 la start-up Tafalgie Therapeutics, qui développe un nouvel antidouleur non addictif, alternative aux opioïdes.

Transformer une découverte académique en alternative crédible aux opioïdes : c’est le défi relevé par Aziz Moqrich avec la création en 2020 de Tafalgie Therapeutics, une biotech marseillaise qui développe un antidouleur non addictif actuellement en essais cliniques. Le résultat d’un parcours scientifique d’excellence, qui lui a valu de se voir décerner le 17 décembre la médaille de l’innovation 2025 du CNRS, plus haute distinction scientifique française, aux côtés de trois autres lauréats.

Un parcours scientifique d’exception

Au départ, rien ne semble destiner Aziz Moqrich à une carrière scientifique. Ce quinquagénaire nait à Agadir au sein d’une fratrie de huit enfants, d’un père comptable et d’une mère femme au foyer. Des parents «extraordinaires», qui lui donnent le goût de l’école et de la réussite. Très tôt, il se passionne pour les mathématiques, puis pour la biologie. «J’étais fasciné par le vivant, avec une envie de comprendre ce qui se passait dans le corps humain», se souvient-il.

Son bac scientifique en poche, il quitte le Maroc et intègre l’université d’Aix-Marseille en biologie. «J’ai découvert les neurosciences un peu tardivement, au moment de ma maîtrise. Ce fut une vraie révélation, qui m’a amené à rédiger ma thèse sur le système nerveux central, autour de molécules impliquées dans la maladie de Parkinson», raconte-t-il.

Un postdoctorat au laboratoire d’un futur prix Nobel

A la fin des années 90, il est courtisé par une demi-douzaine de grandes universités pour son postdoctorat. Il choisit un laboratoire naissant, celui du jeune chercheur Ardem Patapoutian, futur prix Nobel de physiologie-médecine 2021, au Scripps Research Institute, à San Diego.

Premier post-doctorant de l’équipe, Aziz Moqrich participe à des découvertes fondatrices sur les récepteurs sensoriels du toucher et de la température, ouvrant un champ entièrement nouveau de la neurobiologie sensorielle. «C’était extrêmement stimulant, une véritable machine à découvertes qui ont été par la suite publiées dans les meilleures revues scientifiques mondiales », se remémore-t-il.

Un attachement à la recherche publique et à la France

Une expérience qui constitue un nouveau déclic pour le scientifique, qui décide de se consacrer au système nerveux périphérique et commence à s’intéresser au sujet de la douleur. De retour en France en 2005, celui qui n’envisage sa vie qu’au bord de la mer choisit le CNRS et Marseille, malgré des opportunités très attractives à l’étranger.

Par attachement pour la recherche publique et au temps long, et par envie de rendre à l’université française qui lui a tant donné. Une recherche publique dont il regrette cependant le manque de financements récurrents. «J’ai été vice-président de la section neurosciences de l’ANR, et j’ai constaté que de très bons projets n’ont pas pu être financés car les taux d’acceptation ont baissé au fil des années. Avec de vraies conséquences pour la santé mentale des chercheurs.

Comprendre la douleur chronique

À la tête de l’Institut de Biologie du Développement de Marseille, il décrypte, avec son équipe, les mécanismes qui transforment la douleur, au niveau du système nerveux périphérique. Avec en tête un problème encore largement incompris : pourquoi et comment une douleur aiguë devient chronique.

En 2007, son équipe identifie TAFA4, une protéine endogène du système nerveux périphérique capable de moduler durablement la douleur, sans induire de tolérance ni de dépendance — un différenciateur clé par rapport aux opioïdes.

Du labo à l’industrie

Quelques années plus tard, Aziz Moqrich fait une nouvelle rencontre décisive, celle de l’entrepreneur Éric Schettini. Ensemble, ils fondent en 2021 Tafalgie Therapeutics. En moins de cinq ans, la molécule passe du laboratoire aux essais cliniques de phase 1 chez l’humain. Aujourd’hui, la start-up a levé près de 38 millions d’euros, attire les grands groupes pharmaceutiques, et ouvre la voie à une nouvelle génération d’antalgiques, sans dépendance.

Quand on lui demande son rêve, le chercheur répond sans détour : voir un jour son médicament sur le marché, et soulager des millions de personnes. Mais aussi continuer, encore et toujours, à explorer les mystères du vivant.



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