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le pari fou de la start-up Marathon, qui compte transformer le mercure en or grâce à la fusion

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Lu il y a 5 minutes



[Nucrazy : ces start-up états-uniennes qui veulent révolutionner le nucléaire 1/3] Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, les Etats-Unis cherchent à relancer à plein régime leur industrie nucléaire, présentée comme l’une des clés pour répondre aux besoins énergétiques du pays. De nombreuses start-up entendent bien surfer sur cette vague atomique, en se démarquant grâce à des solutions… originales. Aujourd’hui, focus sur Marathon Fusion, l’alchimiste du nucléaire.

Début mai 2025, une équipe de physiciens de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern) révélait avoir achevé la quête des alchimistes. Au cours d’expériences réalisées entre 2015 et 2018 au sein du LHC, le plus grand accélérateur de particules de la planète, les scientifiques sont parvenus à créer près de 86 milliards de noyaux d’or grâce à des collisions entre noyaux de plomb. Un résultat historique, mais quelque peu dérisoire une fois rapporté à la masse mesurée : 29 picogrammes, soit 0,000000000029g. Fondée en 2023 à San Francisco, la start-up Marathon Fusion assure avoir trouvé un moyen d’élever la chrysopée (l’art de faire de l’or par transmutation) à un tout autre niveau, grâce à la fusion nucléaire.

5000 kg d’or chaque année

Dans un article publié en juillet, qui n’a pas encore été validé par leurs pairs, ses chercheurs détaillent la formule magique qu’ils ambitionnent de tester au sein d’un tokamak, un dispositif en forme de donut associant des champs magnétiques et un courant induit pour confiner le plasma. Leur processus repose sur l’énorme quantité d’énergie engendrée par la fusion de deutérium et de tritium, deux isotopes d’hydrogène, et plus précisément par les neutrons à grande vitesse émis par cette réaction. Dans les schémas classiques, ces derniers sont captés par une couverture contenant du lithium, au niveau de la paroi interne du tokamak, ce qui permet de produire plus de combustible et ainsi de faire fonctionner le réacteur en continu.

Marathon propose d’introduire dans cette couche une dose de mercure, le métal le plus proche de l’or sur le tableau périodique des éléments, avec 80 protons pour le noyau atomique du premier contre 79 pour le second. Bombardé par les neutrons rapides, le mercure-198 utilisé se transformerait en mercure-197, qui lui-même se désintégrerait au bout de 64 heures pour former de l’or-197, le seul isotope stable de l’or. La start-up estime qu’un réacteur affichant 1 GW de puissance pourrait générer jusqu’à 5000 kg d’or chaque année. Un magot qui, au cours actuel, serait estimé à 582 millions d’euros. De quoi faire pâlir d’envie le roi Midas, et doubler les revenus potentiels de la fusion par rapport à la seule production d’électricité, calcule l’entreprise.

Un délai de sûreté de 18 ans

Les auteurs de l’article reconnaissent néanmoins un bémol à cette transmutation : la radioactivité de l’or obtenu. Selon eux, il faudrait patienter 14 ans pour que le métal jaune ne soit plus considéré comme un déchet nucléaire, et même 18 ans pour qu’il devienne aussi inoffensif… qu’une banane. Une unité de comparaison fréquemment utilisée dans le secteur nucléaire car il s’agit d’un aliment riche en potassium-40, un isotope radioactif. La start-up ne s’inquiète pas outre-mesure de ce délai, rappelant que l’or est souvent employé comme un placement financier, qui ne nécessite pas de véritables manipulations physiques.

Les analyses de Marathon semblent trouver un certain écho : l’entreprise a déjà levé près de 10 millions d’euros depuis sa fondation, et l’article en question a reçu un accueil positif de certains experts du secteur, interrogés par la presse états-unienne. Bien sûr, le défi principal reste encore de démontrer la viabilité de la fusion nucléaire. Si les investissements privés dans cette filière s’accélèrent et que plusieurs pays ont récemment dévoilé leurs ambitions et débloqué des fonds, rien ne permet d’affirmer que cette technologie pourra assouvir les besoins énergétiques de la planète, que ce soit dans dix, vingt ou trente ans. Par ailleurs, il faudra également vérifier que l’introduction de mercure dans un tokamak ne perturbe en rien son fonctionnement. Plutôt qu’une ruée vers l’or, il s’agira donc probablement d’un long marathon…



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