
Pour ses vestes de travail, la SNCF a travaillé avec des fournisseurs français, passant du coton au lin.
«Le textile est l’un des secteurs qui émet le plus d’émissions de gaz à effet de serre et certains vêtements font 30000 kilomètres, analyse Pascal Décary, l’ancien directeur des achats et de l’économie circulaire de la SNCF. Nous travaillons à la décarbonation de notre scope 3 qui représente plus de 4 millions de tonnes de CO2 sur un total de 4,8 millions.»
Pour changer les choses, le groupe a repensé une partie de son approvisionnement en vêtements en se tournant vers des fournisseurs travaillant une matière locale, le lin.
Le projet ne concerne pas les uniformes mais les vestes de travail, les EPI. Pour la première fois en Europe, ils seront fabriqués dans cette matière, produite par la coopérative Terre de lin en Normandie.
La SNCF travaille avec deux fournisseurs pour le textile : Armor-Lux, pour les uniformes, et Cepovett, pour les EPI. Ce dernier tient le même discours. «Nous étions totalement dépendants du coton asiatique. La France est l’un des rares pays au monde à avoir une compétence sur le lin. Quand on a une industrie, il faut la préserver. Nous avons travaillé quatre ans pour en faire un vêtement technique», raconte Daniele Lacchini, chef de projet dans cette ETI familiale de Villefranche-sur-Saône (Rhône).
La direction a accepté d’investir 400000 euros après avoir proposé ce marché à la SNCF, il y a cinq ans. Pour produire un kilo de coton, il faut 18000 à 20000 litres d’eau, contre 1000 litres pour le lin, avec l’ennoblissement et quasiment pas d’intrants chimiques. Surtout, il existe une filière du lin en France, alors que le coton venait du Xinjiang, où la population ouïgoure est bien souvent soumise à un travail forcé. Si le fil de lin est produit en Slovénie, en attendant une solution made in France, la toile, elle, est tissée chez Tenthorey, une ETI vosgienne. Quant au fil de polyester, il est fourni par Reju, une filiale de Technip spécialisée dans le recyclage. «Le projet, compliqué, a exigé beaucoup d’essais, mais nous sommes restés avec le même niveau d’exigence», précise Pascal Décary. Les deux parties mettent en avant leurs bonnes relations. «Nous regardons le coût complet, qui inclut la décarbonation et la relocalisation, indique la SNCF. Nous avons modifié la durée du contrat en passant de cinq à sept ans afin que Cepovett puisse réaliser les investissements nécessaires.» Côté fournisseur, même son de cloche : «La relation avec la SNCF s’est faite de manière intelligente, toujours avec énormément de respect et d’échanges.»
La SNCF commande 280 000 EPI par an (9 millions d’euros). Les livraisons ont réellement lieu maintenant. Si l’entreprise envisage de relocaliser progressivement les différents achats et la production du tissu et si les étapes les plus énergivores ont lieu en France et en Europe, la confection des EPI, elle, est toujours réalisée dans une usine tunisienne.
Vous lisez un article de L’Usine Nouvelle 3747 – Octobre 2025


