Champion des pompes à chaleur sur le marché français, Atlantic a annoncé lundi 22 décembre la cession d’une majorité de son capital au groupe nippo-américain Paloma Rheem. Cette opération, présentée comme un bouclier face à la concurrence chinoise, devra encore obtenir le feu vert de Bercy, via une procédure de contrôle des investissements étrangers en France.
La France s’apprête-elle (encore) à céder l’un de ses fleurons industriels ? Numéro un sur le marché français des pompes à chaleur, le groupe Atlantic a annoncé lundi 22 décembre avoir signé un accord avec le groupe nippo-américain Paloma Rheem afin que ce dernier prenne une participation majoritaire à son capital. Cette opération, qui doit être bouclée mi-2026, s’inscrit dans un contexte difficile pour la filière, qui subit de plein fouet la concurrence des fabricants asiatiques, notamment chinois, et l’instabilité des aides publiques. En 2024, seulement 180000 pompes à chaleur air/eau ont été vendues, soit 40% de moins qu’en 2023.
Si Atlantic, qui produit également des radiateurs, des chauffe-eau et des chaudières, a réussi à dégager un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros en 2024, celui-ci est en recul de 12,5% sur un an. Une perte de vitesse qui ne semblait pourtant pas freiner son expansion : le groupe avait annoncé en décembre 2024 un investissement de 140 millions d’euros pour ouvrir une nouvelle usine de pompes à chaleur près de Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire), afin de relocaliser en France une partie de sa production.
Une consolidation pertinente
Basé à Tokyo, Paloma Rheem résulte quant à lui de l’alliance des deux groupes japonais, Paloma et Fujitsu General, avec l’américain Rheem. Selon un communiqué, il est spécialisé dans la «fabrication et la commercialisation d’équipements de climatisation, de production d’eau chaude, et de chauffage». Les deux signataires de l’accord se connaissent bien : Atlantic assure depuis 30 ans la distribution en France et au Benelux des équipements de climatisation de Fujitsu General. Ensemble, ils afficheraient un chiffre d’affaires supérieur à 10 milliards d’euros, ce qui leur permettrait d’entrer dans le top 10 mondial du secteur.
«Paloma Rheem a constamment démontré sa capacité à investir dans les entreprises qu’elle acquiert et à en soutenir la croissance dans la durée en laissant une large autonomie au management opérationnel local, a déclaré Damien Carroz, président du directoire d’Atlantic. Dans un contexte de concurrence internationale accrue, cette opération nous donne les moyens de renforcer durablement notre compétitivité tout en accélérant notre transition vers les solutions thermodynamiques».
Vos indices

6000 emplois en jeu
Le montant de la transaction n’a pas été précisé mais, selon Les Echos, elle pourrait dépasser les 3 milliards d’euros. Atlantic estime qu’elle «devrait être finalisée mi-2026», mais elle devra au préalable obtenir le feu vert de Bercy, les pompes à chaleur représentant un pilier de la stratégie d’électrification tricolore. Le ministère précise à L’Usine Nouvelle que l’opération sera bien soumise à autorisation dans le cadre de la procédure du contrôle des investissements étrangers en France, qui prendra environ deux mois. Par ailleurs, «le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin, devrait rencontrer les dirigeants d’Atlantic dans le courant du mois de janvier pour faire le point sur le projet des nouveaux actionnaires», a-t-il ajouté.
Interrogé à ce sujet par BFMTV, le ministre de l’Economie, Roland Lescure, a quant à lui indiqué ne pas être «fermé aux investissements étrangers en France» mais rester «vigilant sur les conditions de ces investissements». «Si on a un investisseur qui vient pour développer Atlantic, préserver l’empreinte industrielle, en faire un des leaders mondiaux de la transition énergétique : bienvenue, a-t-il résumé. Si c’est pour désosser, couper, casser, prendre l’argent et se tirer, c’est non».
Le sujet est d’autant plus critique que le groupe Atlantic, dont le siège se situe à La Roche-sur-Yon (Vendée), compte à ce jour treize usines en France, et environ 6000 salariés (soit la moitié de son effectif total). Le communiqué affirme que «l’équipe de management actuelle restera en place afin d’assurer la continuité stratégique et opérationnelle», mais aucune garantie n’a pour l’instant été apportée sur la pérennité de l’ensemble des emplois. Atlantic indique tout de même que la société “conservera son siège en France et deviendra une entité autonome au sein du groupe Paloma Rheem”.


