
Créée fin 2022, la société rochelaise les Ateliers Gonnel fabrique des vélos en bois destinés aux sportifs, en particulier aux pratiquants de longues et d’ultra-distances. Matériaux biosourcés, circuit court, production locale… La jeune pousse aspire à tripler sa production en 2026.
Si l’épreuve du temps sera l’unique juge qui attestera de la robustesse des vélos de sport en bois fabriqués par les Ateliers Gonnel, son fondateur et directeur Benjamin Boissier a monté cette entreprise, fin 2022, avec l’ambition « de les fabriquer pour qu’ils durent une vie ». Cette société de La Rochelle commercialise aujourd’hui une gamme sport, sur-mesure et haute performance, composée de deux modèles, un vélo gravel (vélo polyvalent à mi-chemin entre le vélo de route et le VTT ndlr) et un vélo de route, et aspire à lancer une nouvelle gamme « très différente » l’année prochaine.
« Nous privilégions le plus possible le circuit court »
L’approche de Gonnel : fabriquer des cadres de vélos composés d’environ 80 % de bois, 10 % de fibres et 10 % d’une résine époxy biosourcée à 46 %, utilisée notamment sur les bateaux de course. Pour protéger durablement cette matière première naturelle, la société emprunte les usages du nautisme, en premier lieu par l’imprégnation avec la résine époxy, à laquelle est ajouté un vernis polyuréthane. Les cadres sont homologués ISO 4210, norme relative aux exigences de sécurité et de performance pour la conception, l’assemblage et les essais des bicyclettes. Associant essentiellement bois de frêne et fibres de lin, la structure du gravel possède le taux d’origine végétale le plus élevé, aux alentours de 85 %. Le modèle route mêle bois de peuplier ou de paulownia, mais intègre de la fibre de carbone, ce qui fait descendre son taux de biosourcing à 75 %.
« Nous privilégions le plus possible le circuit court » , explique le fondateur. Hormis la fibre de carbone, la fibre de lin provient de Normandie, le bois est obtenu en France, sauf le paulownia en provenance d’Espagne. La résine partiellement biosourcée, la SR GreenPoxy 550, est un système époxy conçu pour les composites à base de fibres de bois développé – et produit à Châteauneuf-les-Martigues, près de Marseille – par l’entreprise française Sicomin.
Objectif : trois vélos par semaine en 2026
« Après vous avez tous les périphériques (dérailleurs, chaînes, pédales, selles… ), qui sont ceux du marché, dominé par des équipementiers comme SRAM, Shimano ou Compagnolo ». Sur ces composants, le directeur assure proposer des solutions françaises quand cela est possible. « Sur les systèmes de transmission c’est difficile, mais pour les pneus, nous travaillons avec Hutchinson et nous proposons dans notre catalogue uniquement leurs modèles made in France. Pour les roues, nous travaillons avec la marque néerlandaise Scope, mais aussi avec une entreprise vendéenne d’assemblage artisanal, Duke racing wheels ».
L’entreprise sous-traite assez peu d’étapes dans la fabrication de ses modèles. Du débitage des troncs d’arbres aux vélos prêts à l’emploi, l’opération dure cinq semaines. « Toutes les semaines nous avons un à deux vélos qui sortent de l’atelier », explique Benjamin Boissier. En 2026, l’objectif des Ateliers Gonnel sera de se fixer sur deux vélos produits de manière hebdomadaire, voire d’atteindre le chiffre de trois vélos par semaine, grâce au surplus d’activités apporté par la mise en route de la nouvelle gamme.
Calculer l’empreinte carbone des vélos
En 2024, la jeune pousse a bouclé une levée de fonds de plus de 500 000 euros, dont la première moitié provenait d’actionnaires privés (en grande partie des clients), et l’autre moitié de Bpifrance, de la Région Nouvelle-Aquitaine, et d’une banque commerciale. Ce tour de table avait permis à l’entreprise de déménager dans un atelier de plus de 200 m2 à proximité du port de La Rochelle, d’acquérir des machines afin d’internaliser plusieurs étapes de fabrication, et, in fine, de contribuer à l’amélioration des conditions de travail.
Mais une question reste en suspens : quelle est la diminution réelle de l’empreinte carbone d’un vélo Gonnel, par rapport à un modèle de sport haut de gamme classique (cadres carbone, aluminium, titane…) produit la plupart du temps en Asie ? Cette mission échoiera à une alternante, qui arrive en janvier.


