
2025 aura été une année rude pour l’industrie française : davantage de fermetures d’usines que d’ouvertures, un appareil productif fragilisé et des secteurs-clés comme l’automobile plongés dans le doute. 2026 devra impérativement être l’année du rebond si la France veut éviter un décrochage durable.
2025 se referme avec un goût amer. Une année éprouvante, marquée par des fermetures d’usines qui, une fois encore, selon le baromètre exclusif des investissements industriels de L’Usine Nouvelle, ont été plus nombreuses que les ouvertures. Une année où l’on a vu vaciller des pans entiers de notre appareil productif. Une année où les crises – commerciales, énergétiques, géopolitiques – se sont enchevêtrées.
Automobile, énergie, géopolitique : des secteurs fragilisés
2025 a aussi été l’année du doute pour des secteurs entiers, au premier rang desquels l’automobile. Certes, Bruxelles a entrouvert la porte en assouplissant — légèrement — l’horizon de 2035, laissant vivre un peu plus longtemps le moteur thermique dans des conditions encadrées. Mais ce répit ne saurait masquer l’essentiel : la transition reste immense, les investissements colossaux et les modèles économiques fragilisés. Beaucoup d’industriels ont avancé à contre-vent, cherchant encore leur trajectoire dans un marché devenu imprévisible.
Un budget 2026 sans vision industrielle
Et pendant que le pays se perdait dans des débats budgétaires interminables, l’impossibilité de trouver un projet de loi de finances pour 2026 a révélé un impensé assez saisissant : l’avenir n’est pas traité. Où est passée l’ambition industrielle ? Où sont les réformes structurelles attendues pour libérer les énergies productives ? Où sont les signaux clairs envoyés aux investisseurs, aux entrepreneurs, aux territoires ? Au lieu de tout cela, nous avons eu une mécanique comptable élaborée au gré des menaces de censures des uns et des autres. Dans un monde où la Chine accélère, où les États-Unis protègent, où l’Europe hésite, la France ne peut se contenter de gérer la pénurie.
2026, l’année décisive pour un sursaut industriel
Pourtant, malgré ce tableau parfois sombre, il serait injuste de ne pas voir les forces qui se consolident. Nos industries innovent, pivotent, résistent. Elles continuent d’embaucher, de former, de réinventer leurs procédés. Elles portent encore, à elles seules, une grande part de la compétitivité et de la souveraineté du pays. Cette énergie-là existe. Elle n’attend qu’un cadre plus stable, plus lisible, plus ambitieux. C’est pour cela qu’il faut souhaiter que 2026 soit enfin l’année du rebond. Une année où l’on assume vraiment que la réindustrialisation n’est pas un slogan mais une stratégie. Une année où l’État, les entreprises et l’Europe avanceront dans le même sens : moins d’injonctions contradictoires, davantage de constance et un cap clair pour la décennie qui s’ouvre.
Car si 2026 devait être une nouvelle année de surplace – ou pire, de décrochage – nous pourrions, collectivement, basculer dans un avenir bien incertain. Celui où l’idée de souveraineté industrielle ne serait plus qu’un souvenir, et l’avenir un terrain cédé aux autres.
Nous n’en sommes pas là. Rien n’est écrit. Alors, malgré les secousses, malgré les inquiétudes, faisons le pari qu’un élan est encore possible. Qu’il nous appartient de le construire, de l’exiger, de le porter. À toutes et tous, bonnes fêtes et bonne année 2026. Qu’elle soit, enfin, celle du sursaut que notre industrie mérite.


