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Entre succès et défis, le grand écart du pétrochimiste Ineos en 2025

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Lu il y a 5 minutes


Entre fermetures, investissements sous perfusion publique et offensive antidumping, Ineos a illustré en 2025 les paradoxes et l’urgence industrielle européenne.

En 2025, Ineos aura incarné les contradictions de la chimie européenne. À sa tête, Jim Ratcliffe, l’un des derniers grands entrepreneurs-industriels du continent, continue de dénoncer sans détour ce qu’il considère comme l’aveuglement stratégique de l’Europe. Son style est abrupt, parfois provocateur, mais son diagnostic est constant : à force de réglementer, de tergiverser et de différer les décisions, l’Europe sacrifie méthodiquement son socle industriel.

Pour appuyer son propos, le patron d’Ineos a rendu publique une liste de 90 sites ou unités déjà fermés ou menacés à très court terme. Un inventaire à la Prévert des renoncements industriels européens, qui sert désormais de fil rouge à son plaidoyer.

Une année de fermetures subies

Rien que chez Ineos, les annonces de fermetures se sont succédé tout au long de l’année, donnant corps à ce discours alarmiste. Début octobre, le groupe a annoncé son intention de fermer deux unités de production à Rheinberg, en Allemagne, avec à la clé 175 suppressions d’emplois. Le lendemain, le groupe déclarait la suppression de 60 postes supplémentaires sur son site de Hull, au Royaume-Uni, soit un cinquième des effectifs. Ironie de la situation : ce site est la seule unité européenne produisant de l’acide acétique, de l’anhydride acétique et de l’acétate d’éthyle, des molécules pourtant jugées stratégiques.

En septembre, c’est la production de chlorométhane — et de chloroforme — du site français de Tavaux, opérée par Ineos Inovyn, qui a été mise en sommeil. Quelques mois plus tôt, le groupe avait également acté la fermeture définitive de son site de Gladbeck, en Allemagne. En activité depuis 1954, celui-ci ne justifiait plus, selon Ineos, des investissements devenus disproportionnés face à une demande locale en chute libre, conséquence directe de la désindustrialisation européenne.

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Dès janvier, un symbole fort avait déjà été frappé : la fermeture de l’avant-dernière usine d’éthanol synthétique d’Europe — et de la dernière du Royaume-Uni — à Grangemouth, en Écosse. Plusieurs centaines d’emplois avaient alors disparu, renforçant le sentiment d’un décrochage industriel inexorable.

Contre-offensive industrielle et juridique

Pour autant, Ineos refuse de se résigner. En novembre, le groupe a déposé pas moins de dix plaintes antidumping auprès de la Commission européenne. Un chiffre qui, à lui seul, en dit long sur l’intensité de la concurrence internationale et sur l’ampleur du problème : à titre de comparaison, l’ensemble de la chimie européenne n’avait engagé que douze plaintes en 2024.

Ce recours massif aux instruments de défense commerciale traduit une stratégie claire : forcer l’Europe à regarder en face les conséquences de son inaction face aux importations à bas coût, notamment en provenance d’Asie.

Des investissements sous condition de soutien public

Parallèlement, Ineos continue d’investir mais lorsqu’il est activement soutenu. En décembre, le groupe a annoncé un investissement de 150 millions de livres sterling (environ 170 millions d’euros) pour sauver le vapocraqueur de Grangemouth, site emblématique mais menacé. Sur ce montant, 125 millions de livres proviennent de l’État britannique, signe que la survie des infrastructures chimiques stratégiques passe désormais par un engagement public massif.

Même logique en France. En novembre, un investissement de 250 millions d’euros, soutenu par les pouvoirs publics, a été annoncé pour sécuriser l’avenir de la plateforme de Lavéra et préserver 2 000 emplois directs. L’objectif affiché est de « régénérer et moderniser » un site clé, longtemps détenu en coentreprise avec TotalEnergies.

Enfin, dès le début de l’année, Ineos avait annoncé 30 millions de livres sterling (35 millions d’euros) pour convertir son site de Hull à l’hydrogène bas carbone et réduire sa dépendance au gaz naturel. Un projet de décarbonation emblématique, mais qui illustre aussi une réalité devenue incontournable : en Europe, la transition industrielle n’est plus possible sans soutien public.



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