EDF a dévoilé le 18 décembre le montant du devis prévisionnel pour la construction de trois paires de réacteurs nucléaires EPR2 en France. Il est supérieur de 30% au devis initial malgré le travail d’optimisation sur les délais. Il s’agit d’un plafond, tente de rassurer l’entreprise…. mais l’enveloppe n’inclut pas les frais financiers.
Avec un an de retard, EDF a dévoilé le 18 décembre 2025 le montant du devis pour la construction de trois paires de réacteurs nucléaires EPR2, de 1650 MWe, sur les sites de Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et Bugey (Ain). Il s’élève à 72,8 milliards d’euros en valeur 2020, soit environ 83 milliards d’euros en 2025.
C’est 30% de plus que le premier devis de 2021, qui s’élevait à 51,7 milliards d’euros en 2020 et 8% supérieur à un devis intermédiaire de 2024, qui tablait sur 67,4 milliards d’euros et tenait compte notamment de l’inflation sur les coûts des principaux équipements. Ce devis sera audité par la Direction interministérielle du nouveau nucléaire (DINN).
Ces 72,8 milliards d’euros sont «un plafond», explique Xavier Gruz, directeur exécutif du groupe en charge de la préfiguration de la maîtrise d’ouvrage du nouveau nucléaire. C’est la base sur laquelle sera établi le plan de financement du programme EDF, qui prévoit un prêt de l’Etat de l’ordre de 60% des coûts de construction, comme négocié en juin, et qui a été notifié à la Commission européenne le 19 novembre. Le nouveau surcoût de 8% est principalement dû à une «augmentation des provisions pour risques», explique le responsable d’EDF. Mais ce montant ne comprend pas les frais financiers, qui pourraient porter la facture globale à 100 milliards d’euros, comme l’a calculé la Cour des comptes et l’évoquait Luc Rémont, l’ancien PDG d’EDF, lors d’une audition au Sénat en avril 2025. EDF prévoit de dépenser 2,7 milliards d’euros dès 2026 pour avancer sur les travaux des EPR2.
Un devis de 83 milliards de 2025 hors coûts de financement
Pour tenir les coûts, EDF mise sur un travail d’optimisation des délais de construction avec comme cible 70 mois pour le dernier réacteur construit, grâce notamment au travail sur le retour d’expérience des chantiers de Flamanville 3, d’Hinkley Point C au Royaume-Uni et à l’envoi d’équipes EDF en formation de deux mois en Chine chez CGN et CNNC, pour apprendre les bonnes pratiques, avec «plus de modularité, de préconstruction et un meilleur agencement des séquences de génie civil et de montage pour qu’elles puissent se superposer», Thierry Le Mouroux, directeur exécutif du Groupe EDF en charge de la direction projets et construction.
Vos indices
Ces bonnes pratiques chinoises permettront «de commencer les travaux électrotechniques une vingtaine de mois après le premier béton nucléaire», assure le directeur d’EDF en charge de la direction projets et construction. Pour le premier EPR2 de Penly, le premier béton est prévu en mars 2029. Un travail d’optimisation avec les fournisseurs, notamment de génie civil, a aussi permis de réduire les délais de construction «de 8 mois» pour le premier EPR2, à «moins de 90 mois» contre 96 prévus initialement, indique le responsable de la préfiguration de la maîtrise d’ouvrage.
Pour autant, le travail d’optimisation des coûts est loin d’être achevé pour EDF. L’entreprise doit encore avancer sur les plans de détails et obtenir la demande d’autorisation de construction (DAC) de l’Autorité de sûreté nucléaire et radioprotection. L’électricien doit aussi travailler «à optimiser l’exploitation» de ces EPR2, reconnait Xavier Gruz, pour atteindre l’objectif cible d’un objectif de coût de production de 70 euros par MWh. Mais EDF le sait déjà, il ne sera pas possible d’y parvenir avant d’avoir construit, par paires, au moins 14 EPR2 en France. Le gouvernement attend d’ailleurs un devis pour quatre paires d’EPR2 supplémentaires.
