
Grâce à un partenariat historique noué avec le gouvernement du Royaume-Uni, le groupe chimique britannique Ineos va investir 150 millions de livres sterling (170 millions d’euros), dont 125 millions de livres sterling apportées par l’État, pour sauver le vapocraqueur d’éthylène de Grangemouth, en Écosse, menacé de fermeture.
Le gouvernement britannique vient à la rescousse du dernier vapocraqueur du pays. Menacé de fermeture, le complexe d’éthylène de Grangemouth d’Ineos, situé à 40 km à l’ouest d’Édimbourg, bénéficiera d’un investissement conjoint de 150 millions de livres sterling (170 millions d’euros), dont 75 millions de livres sterling apportées grâce à un prêt garanti par l’État et à une subvention de 50 millions de livres sterling. Ce soutien du gouvernement, facilité par la banque britannique NatWest, permettra de moderniser les principales unités de production, d’améliorer l’efficacité énergétique, de réduire les émissions et de renforcer la compétitivité du site.
L’une des dernières places fortes du raffinage et de la pétrochimie de Grande-Bretagne
« Le soutien du gouvernement britannique est bienvenu. Toutefois, nous devons poursuivre notre collaboration afin de garantir au Royaume-Uni, sur le long terme, une production bas carbone compétitive et efficace », a commenté Jim Ratcliffe, p-dg d’Ineos. L’an dernier, Ineos avait déjà déboursé près de 100 millions de livres sterling pour maintenir en vie le site.
Acquis par le groupe chimique britannique en 2005 lors du rachat des activités oléfines et dérivés de BP, le complexe de pétrochimie et de raffinage de Grangemouth était en capacité de sortir, jusqu’à récemment, 1,4 million de tonnes par an de produits chimiques. Alimenté en pétrole brut et en liquides de gaz naturel via le réseau de pipelines britannique Forties – acquis par Ineos en 2017 – directement depuis les gisements de la mer du Nord, ce site de 688 hectares reste l’une des dernières places fortes du raffinage et de la pétrochimie de Grande-Bretagne.
Le complexe comprend une unité de craquage de naphta, d’une capacité de 830 000 t/an d’éthylène et de 200 000 t/an de propylène, deux usines de polymérisation (une pour le polyéthylène et une pour le polypropylène), des unités de récupération des coproduits de craquage (butadiène, benzène…). Le site comptait aussi une unité de conversion d’éthylène en éthanol synthétique de 180 000 t/an, fermée début 2025 par manque de demande et la pression des importations. Sur la partie raffinage, la raffinerie de Grangemouth – la dernière du pays – a cessé le traitement du pétrole brut en avril, fermée en raison de pertes d’environ 500 000 dollars par jour et de son manque de compétitivité face aux sites plus grands et plus modernes du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie.
500 emplois sauvegardés
Les autorités sont désormais prêtes à vouloir sauver la partie pétrochimie de Grangemouth, 500 emplois dans la balance, sans compter les centaines de personnes réparties sur toute la chaîne d’approvisionnement. « En nous associant à Ineos, nous soutenons l’usine et son avenir à long terme, offrant ainsi une visibilité aux travailleurs et à la chaîne d’approvisionnement pour les cinq prochaines années », a précisé le secrétaire d’État au Commerce, Peter Kyle.
En octobre, Jim Radcliffe exhortait les responsables politiques – en particulier européens – « à intervenir en extrême urgence pour sauver l’industrie chimique ». En 25 ans, les deux tiers de l’industrie manufacturière ont disparu au Royaume-Uni. « Le secteur chimique européen a été confronté à d’importants défis ces dernières années, notamment des coûts énergétiques élevés, avec environ 40 % des capacités de production d’éthylène restantes en Europe qui ont récemment fermé ou restent menacées », a rappelé le gouvernement britannique.
Cette année, les deux autres vapocraqueurs du Royaume-Uni encore en activité, celui de Teesside du groupe saoudien Sabic et celui de Fife d’ExxonMobil, sont – ou vont – être fermés définitivement. Pourtant le p-dg d’Ineos place encore beaucoup d’espoir dans l’écosystème chimique européen. En témoigne le récent investissement de 250 millions d’euros, avec le soutien de l’État français, dans son complexe pétrochimique de Lavéra (Bouches-du-Rhône), afin de moderniser et rénover ce vapocraqueur.


