
La cristallerie Saint-Louis, filiale du groupe Hermès, investit 30 millions d’euros dans la transition de sa manufacture de Saint-Louis-lès-Bitche (Moselle) vers la production de cristal sans plomb.
Remise aux normes. L’entrée en vigueur de nouvelles valeurs limites d’exposition des salariés au plomb au niveau européen pousse la cristallerie Saint-Louis à renouveler intégralement ses outils de fabrication. Cette filiale du groupe Hermès mobilise 30 millions d’euros sur la période 2025-2028 en vue d’adapter sa manufacture de Saint-Louis-lès-Bitche (Moselle) à ces exigences réglementaires.
Fondée en 1586 aux confins de la Lorraine et de l’Alsace, la plus ancienne cristallerie française a commencé ce chantier par la mise en service d’un second four à bassin, début 2025. Cet équipement d’une capacité de 8 tonnes par jour a permis à la manufacture de 400 personnes de démarrer la production de pièces en cristal sans plomb, un métal qui entre habituellement à hauteur de 24% minimum dans les recettes des cristalliers.
Des premières pièces intégrées dans ses gammes de luminaires
Jérôme de Lavergnolle, PDG de Saint-Louis, explique que «nos ingénieurs en chimie ont utilisé les propriétés de différents oxydes métalliques pour élaborer une nouvelle composition de cristal sur la base de laquelle le design du nouveau four à bassin a été modélisé».
Ce four doit permettre à la cristallerie de mener toutes les campagnes d’essai nécessaires à la mise sur le marché de nouveaux produits en cristal sans plomb. Saint-Louis aurait d’ores et déjà intégré des premières pièces dans ses gammes de luminaires, un marché qui représente plus de la moitié de son activité. Parmi les grandes maisons du luxe françaises, la manufacture de Saint-Louis-lès-Bitche serait la première à commercialiser des produits en cristal sans plomb.
Chiffre d’affaires doublé en six ans
La firme verrière va continuer de décliner le plan de renouvellement de ses outils industriels en remplaçant, à l’horizon 2027, son four à neufs pots (total de 5,4 tonnes), un équipement adapté à la fabrication de cristal coloré. Son programme d’investissement se clôturera en 2028, avec le renouvellement de son premier four à bassin (8 tonnes par jour), alors que la réglementation européenne entrera en vigueur, le 31 décembre de la même année.
«La transition vers le cristal sans plomb est une transition des procédés de fusion et une adaptation de l’humain. C’est pourquoi les deux prochaines années vont être consacrées à la formation de nos artisans verriers. En effet, c’est toute la chaîne de fabrication manufacturière qui évolue : la fusion dans les fours, mais aussi le travail à chaud et le travail à froid», insiste Jérôme de Lavergnolle.
La prestigieuse maison, qui ne communique pas ses résultats, indique avoir doublé son chiffre d’affaires entre 2019 et 2025, portée par les marchés chinois et japonais ; l’Asie représentant 45% de son activité.


