Ad image

sur les technologies quantiques, la France et l’Europe au défi de transformer leur excellence scientifique en réussite économique

Service Com'
Lu il y a 5 minutes



Un rapport de l’Office européen des brevets et de l’OCDE publié mercredi 17 décembre salue la bonne place de l’Europe sur les technologies quantiques… Et souligne les difficultés auxquelles elle fait face pour s’imposer sur le front économique.

Une preuve de maturité. Alors que les technologies quantiques continuent leur développement vers des produits (une perspective encore lointaine), les entreprises du secteur protègent de plus en plus leurs inventions. Résultat : le nombre de demandes de brevets internationaux sur le sujet a été multiplié par cinq depuis 2015, mesure l’Office européen des brevets (OEB) dans une étude menée avec l’OCDE publiée mercredi 17 décembre.

Surtout, l’analyse des 9740 demandes de brevets effectuées dans le monde sur les technologies quantiques entre 2005 et 2024 montre la place prépondérante des Etats-Unis sur le domaine et «reflète les enseignements du rapport Draghi», note Gilles Requena, directeur brevets et politiques de l’OEB.

«Il n’y a aucun doute sur la capacité de l’Europe à se positionner sur les technos quantiques, développe-t-il. Au niveau de la recherche, des universités ou des cerveaux, elle tient parfaitement la comparaison.» Et pour cause : le CNRS et le CEA se positionnent à la 17e et à la 19e place des déposants de brevets mondiaux.

Au niveau des start-up aussi, le Vieux continent n’a pas à rougir : alors qu’aux Etats-Unis, les entreprises entièrement dédiées au quantique représentent 20% de celles qui déposent des brevets sur le sujet, «l’Europe abrite l’un des clusters les plus denses d’entreprises quantiques de cœur de métier au niveau mondial», est-il indiqué dans l’étude. Au Royaume-Uni, elles représentent 46% des déposants, aux Pays-Bas 38% et en France 30%.

C’est au niveau des financements que réside la difficulté. «Le quantique est un secteur très gourmand en capital et les risques y sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs, donc les investisseurs se font plus rares, souligne Gilles Requena. L’Europe a un écosystème de start-up très important, le problème est de parvenir aux investissements nécessaires pour les faire décoller.»

Guerre économique et culture du brevet

Mais la bataille se joue aussi sur un autre plan : celui, à venir, de la normalisation du secteur. «C’est un sujet de guerre économique, note le responsable de l’OEB. Plusieurs domaines du quantique vont fait l’objet de normes internationales. Et certaines entreprises commencent à se positionner.» L’objectif : s’assurer que sa technologie fasse standard – selon l’expression consacrée –, obligeant les autres à payer des licences sur leurs brevets.

«Comme toutes les technos vouées à être déployées au niveau mondial, il va falloir assurer leur interopérabilité, il faut donc s’entendre sur des normes mondiales», ajoute-t-il. Le travail se met en place, avec des comités de normalisation qui commencent à apparaitre sur le sujet, comme celui lancé par l’Institut l’European Telecommunications Standards Institute (ETSI) fin septembre. «C’est un signe que les discussions commencent, qu’il y a une demande de la communauté, même si on n’attend pas les technos quantiques sur le marché très prochainement», note Gilles Requena.

Cette nouvelle dynamique peut représenter une opportunité pour les Européens, souligne-t-il : «L’Europe avait très bien joué sur les normes de télécommunication à l’époque, participant à la création de champions comme Nokia ou Philips.»

Pour cela, la France notamment peut s’appuyer sur la puissance de sa recherche publique, notamment du CNRS et du CEA, sur le domaine. Et de leur stratégie de protection intellectuelle active. «Ils développent une vraie activité autour des brevets depuis ces dernières années et jouent un rôle de catalyseur de l’innovation, souligne l’auteur de l’étude. Ils accompagnent les développements des laboratoires jusqu’à la commercialisation d’un produit ou presque, garantissant que les inventions, surtout quand elles ont été financées par des fonds publics, soient protégées.»

Reste à faire infuser une culture de la protection intellectuelle dans les laboratoires de recherche, où la question «n’est pas toujours une priorité, surtout dans la recherche fondamentale», observe Gilles Requena. «Aux Etats-Unis, la culture du brevet est très présente dans les universités comme les entreprises, ce qui explique en partie leur avance, ajoute-t-il. Il y a un travail à faire en Europe pour se positionner face aux entreprises étrangères.» Car la bataille de l’innovation se joue aussi au niveau juridique.



Source link

Share This Article
Laisser un commentaire