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Deux avions pour le SCAF ? Une (coûteuse) proposition pour tenter de maintenir le programme franco-allemand à flots

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Lu il y a 5 minutes



Un député allemand propose de développer deux avions de combat distincts dans le cadre du programme SCAF de système de combat aérien du futur. L’approche permettrait à chaque pays d’acquérir un appareil répondant au mieux à ses besoins, sur fond de tensions persistantes entre la France et l’Allemagne. Mais qui ferait bondir la facture…

Et si la solution, pour sauver le SCAF, consistait à développer non pas un, mais deux avions de combat ? Ce scénario vient d’être mis sur la table, mardi 16 décembre, par un député allemand. Cette solution pourrait-elle sortir de l’ornière ce projet stratégique porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, enlisé depuis plusieurs mois dans une querelle entre Airbus et Dassault Aviation ?

Ce qui plaide pour deux appareils, qui seraient tous deux capables de s’insérer dans le même cloud de combat et de communiquer avec des drones interconnectés ? Les attentes différentes des deux côtés du Rhin. «La France et l’Allemagne n’ont pas besoin forcément du même avion», avance Volker Mayer-Lay, député CDU/CSU, dans un communiqué envoyé à L’Usine Nouvelle. Le SCAF est censé remplacer le Rafale de Dassault et l’Eurofighter (développé par Airbus, BAE et Leonardo) à l’horizon 2040.

Des besoins distincts des deux côtés du Rhin

Différence de taille, la nécessité côté français de pouvoir transporter une charge nucléaire. «La France a besoin d’un système explicitement conçu pour la dissuasion nucléaire, nécessitant l’utilisation de porte-avions et de moyens spécifiques», détaille le député allemand. La navalisation des avions de combat induit par ailleurs le développement de plus petits appareils, alors que l’armée allemande cherche au contraire à acquérir des avions plus imposants capables de se projeter à plus longue distance.

«L’Allemagne poursuit d’autres priorités opérationnelles, ajoute encore Volker Mayer-Lay. Ces exigences militaires différentes ne vont pas à l’encontre de la coopération européenne, mais plaident en faveur de solutions réalistes et différenciées qui respectent les exigences nationales.» Et de conclure : «Un tel modèle [à deux appareils, ndlr] pourrait mieux refléter les exigences militaires nationales tout en levant les blocages dans la coopération industrielle.»

Les discussions patinent

Cette sortie intervient juste avant la rencontre à Bruxelles (Belgique) entre Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, dans le cadre d’un sommet européen. Nul doute qu’ils aborderont les solutions de sauvetage du SCAF, emboîtant le pas des ministres de la Défense, qui se sont réunis le 11 décembre dernier. Il y a urgence : un accord doit être trouvé d’ici la fin de l’année.

Les industriels impliqués dans le SCAF, lancé en 2017, ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord, en particulier Dassault Aviation et Airbus. Les deux acteurs affichent publiquement leurs différends depuis plusieurs mois. Dassault ne cache pas son ambition d’avoir davantage d’autonomie au niveau du développement de l’avion de combat lui-même, le pilier dit NGF (pour New Generation Fighter), remettant en cause la gouvernance. L’autre porte de sortie évoquée ces derniers mois est celle d’un développement conjoint du seul cloud de combat, le système de commandement et de contrôle du SCAF… et donc de l’abandon du projet d’avion de combat.

Une facture qui promet de flamber

La solution à deux avions aurait pour conséquence d’augmenter considérablement la facture pour les différents pays. Pour l’heure, le montant du SCAF est évalué à 100 milliards d’euros. «Cela coûterait beaucoup plus cher, c’est évident, glisse un expert du secteur de la défense à L’Usine Nouvelle. Le marché pour chacun de ses avions risque en outre d’être très petit, réduisant les chances de vente à l’export.» Pas de quoi rassurer les politiques, attachés à réduire les déficits et a priori peu enclins à faire flamber le carnet de chèques.

Les tensions ont atteint un tel point d’intensité que la rupture entre la France et l’Allemagne est ouvertement évoquée ces dernières semaines. «Nous sommes heureux de collaborer avec des entreprises françaises, mais pas avec Dassault», lâchait début décembre le syndicat allemand IG Metall. Dans son communiqué, le député allemand Volker Mayer-Lay mentionne la nécessité «de s’ouvrir à de nouveaux partenariats», évoquant à la fois le programme anglo-italo-japonais Global Combat Air Programme (GCAP) et le protocole d’accord existant entre Airbus et Saab.



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