Ad image

Malgré l’incertitude budgétaire, les industriels français du bâtiment entrevoient un (fragile) rebond en 2026

Service Com'
Lu il y a 6 minutes



Après trois années de recul, l’activité du bâtiment pourrait renouer avec la croissance en 2026, portée par la reprise du logement neuf. Si les perspectives s’améliorent pour les fabricants de matériaux, le secteur reste suspendu aux incertitudes budgétaires.

Enfin des signes de rebond dans le bâtiment. En 2026, l’activité du secteur pourrait progresser de 2,6%, après un recul de 4% en 2025, d’après la Fédération française du bâtiment (FFB). Précédemment, le chiffre d’affaires avait perdu 1,2% en 2023, et 6% en 2024.

La production de logements neufs progresserait de 9,5% (+11,2% pour l’individuel et +7,5% pour le collectif). Un frémissement se fait déjà sentir fin 2025, malgré l’incertitude politique. Au troisième trimestre, les ventes de maisons individuelles ont grimpé de 38% sur un an.

Cette dynamique devrait bénéficier aux fabricants de matériaux. «Le rebond des mises en chantier et des permis, le dynamisme retrouvé du marché de la maison individuelle et des conditions de crédit peu dégradées», sont autant d’indicateurs positifs, d’après Carole Deneuve, la cheffe du service économique et statistique de l’Union nationale des industries de carrières et des matériaux de construction (Unicem).

Plus de maisons… mais pas encore beaucoup plus de béton

En 2025, la France n’avait jamais produit aussi peu de granulats et de béton prêt à l’emploi (BPE). Pour 2026, l’Unicem prévoit, pour le BPE, une croissance de l’activité pouvant aller jusqu’à 2% (contre -2% entre 2024 et 2025).

«Le raffermissement de l’activité constructive en 2026 devrait à terme soutenir la demande de BPE», ajoute Carole Deneuve. Les délais s’écoulant entre les dépôts de permis, les mises en chantier et le début effectif des travaux peuvent aller de six mois à près de deux ans, d’où la modestie des chiffres prévus.

Pour les granulats, après une baisse estimée à -1,7% en 2025, la baisse de l’activité serait un peu moins marquée (de 0% à -2%). La faute à une année précédant les élections municipales qui n’a pas été fructueuse pour les entreprises de travaux publics (TP). Traditionnellement, les maires s’empressent pourtant de terminer leurs réalisations avant la remise en jeu de leur mandat. En 2025, l’activité des TP devrait «légèrement baisser», alors qu’une hausse de 9,2% était anticipée.

Des coupes déjà orchestrées par des industriels

Les chiffres orientés à la hausse sur la production de logements apportent une bouffée d’air potentielle aux industriels. Dans la foulée des difficultés de son propriétaire, le promoteur immobilier Réalités, le fabricant de modules résidentiels en bois Mayers, basé sur le site industriel de La Janais (Ille-et-Vilaine), a été placé en liquidation judiciaire le 12 novembre.

Autre symptôme de la crise du bâtiment, les tourments des industriels des briques et tuiles, également confrontés à la hausse des prix de l’énergie ces dernières années. Fin novembre, la filiale française de Wienerberger a ainsi annoncé l’arrêt de deux lignes de production de briques de structure, avec la fin de la fabrication sur le site de Durtal (Maine-et-Loire) et le recentrage de l’usine de Lasbordes (Aude) sur l’une de ses deux implantations.

En février 2025, c’était déjà le cas des sociétés du groupe Morlot, situé à Contrexéville (Vosges), de «subir de plein fouet la conjoncture dans le bâtiment, après avoir été fragilisées par l’augmentation des prix du bois et la crise sanitaire», selon leur dirigeant Laurent Morlot. En avril, le numéro quatre français du BTP, NGE, avait repris 58% des effectifs, tandis que le fabricant de charpentes en bois Weisrock Vosges a été repris par Sapois. Placé en redressement judiciaire en août, le fabricant et poseur de fenêtres dijonnais Pacotte et Mignotte a, lui, été repris début décembre par le groupe jurassien Bonglet. Entre 2023 et 2024, son chiffre d’affaires avait chuté de 19%.

En novembre 2024, Legrand a pour sa part présenté un projet de redéploiement d’activités entre sites français, et de transfert à l’étranger de certaines productions, compte tenu du recul du marché français du bâtiment, «sans perspectives de reprise». Des sites situés à Limoges (Haute-Vienne), Guise (Aisne) et à Fontaine-le-Bourg (Seine-Maritime) étaient concernés. Il n’y a pas qu’en France que la construction bat de l’aile : en octobre 2025, Sika a fait part de son intention de supprimer jusqu’à 1500 postes, invoquant la faiblesse du marché de la construction, notamment en Chine.

MaPrimeRénov’ dans l’expectative

Toutes les difficultés ne sont pas derrière les acteurs du secteur : l’incertitude sur le budget plombe la visibilité de l’activité. «Si le budget n’est pas voté, le dispositif MaPrimeRénov’ sera suspendu», alertait, dimanche 14 décembre, Vincent Jeanbrun, le ministre de la Ville et du Logement, dans Le Parisien. Pour les professionnels du bâtiment, le segment de l’amélioration-entretien n’était déjà pas au beau fixe. «Les blocages et rabotages de MaPrimeRénov’, comme des certificats d’économies d’énergie», d’après la FFB, ont contribué à une baisse d’activité de 1,2% en 2025. En 2026, la baisse serait de 0,5%.



Source link

Share This Article
Laisser un commentaire