L’opération sera officiellement achevée mardi 16 décembre. La France, qui vient d’injecter via son Agence des participations de l’Etat quelque 749 millions d’euros dans l’entreprise, en deviendra officiellement le premier actionnaire, avec près de 30% des parts.
Eutelsat a réussi son pari. Après avoir présenté un projet d’augmentation de capital à hauteur de 1,5 milliard d’euros au mois de juin, l’opérateur français de satellites a annoncé, vendredi 12 décembre, la finalisation de cette opération. Officiellement achevée à compter de mardi 16 décembre, elle s’est déroulée en deux phases : une première tranche à 828 millions d’euros fin novembre, une seconde à 670 millions début décembre. “Pour continuer cette histoire de croissance, on avait besoin de cette augmentation de capital”a justifié Jean-François Fallacher, directeur général de l’entreprise, sur BFM Business.
L’Etat comme premier actionnaire
Côté actionnaire, c’est l’Etat français qui figure désormais en tête du classement, avec près de 30% de parts. En novembre et en décembre, l’Agence des participations de l’Etat a en effet injecté un peu plus de 749 millions d’euros, soit la moitié de l’augmentation de capital. “L’État fait le choix clair et assumé de la puissance industrielle et numérique de la France […] Nous réaffirmons notre volonté de consolider un acteur stratégique au cœur des infrastructures critiques de demain et de notre souveraineté“, a pour sa part commenté Roland Lescure, le ministre de l’économie.
Et de poursuivre : “Avec cette opération, la France et l’Europe se donnent les moyens de peser davantage dans la bataille des constellations en orbite basse, segment clé des télécommunications, en appuyant la stratégie d’Eutelsat qui jouera un rôle clé dans le déploiement d’Iris2, future constellation souveraine européenne.” Pensée comme une alternative au réseau Starlink de l’entreprise américaine SpaceXcette initiative du Vieux Continent constituée de près de 300 satellites multi-orbitaux devrait offrir des services de connexion à Internet d’ici à 2030.
Concurrencer Starlink
Pour accélérer la construction de cette nouvelle constellation, Eutelsat aimerait convaincre davantage d’Etats européens d’entrer à son capital, comme l’a expliqué Jean-François Fallacher, toujours sur BFM Business. “Il faut qu’on engage des discussions”a commenté le directeur général de l’entreprise, qui compte déjà parmi ses actionnaires le gouvernement britannique, à hauteur de 11% des parts. Parmi les autres se trouvent le conglomérat indien Bharti Space Limited (près de 18%), l’armateur CMA CGM (7,5%) et le Fonds stratégique de participations (5%).
Outre Iris2, Eutelsat espère grâce à ces nouveaux investissements “renforcer sa structure financière et financer son plan stratégique”. 440 nouveaux satellites seront également lancés en orbite dans les trois prochaines années, a annoncé le patron du groupe, qui en exploite déjà plus de 600 en orbite basse depuis sa fusion avec l’opérateur britannique OneWeb en 2023. Pour rappel, Starlink, la constellation d’Elon Musk qu’Eutelsat, mais également Amazon ainsi qu’Airbus, Thales et Leonardo veulent concurrencer, a franchi fin octobre le cap symbolique des 10 000 appareils lancés.
