
Solaire, datacenters, pompes à chaleur… En plus de miser sur les technologies liées à la transition énergétique, le distributeur de matériels électriques Rexel compte offrir plus de conseils, à l’image des prestations de sa filiale suisse.
En première ligne de l’électrification de l’industrie, des services et du résidentiel, on retrouve certes les fabricants, mais aussi leurs distributeurs. «Il y a dix ans, des choses qui n’étaient pas rentables le sont devenues : le solaire, la pompe à chaleur et le véhicule électrique, du fait de la massification de la production», observe Guillaume Texier, le directeur général de Rexel, le numéro 2 mondial de la distribution de matériels électriques derrière un autre français, Sonepar.
Arrivé en 2021 à la tête du groupe, après dix-sept ans passés chez Saint-Gobain, il est bien placé pour observer ces mutations. Ses clients ne sont autres que des installateurs électriques, des services de maintenance d’usine, des «consommateurs finaux» – tels que des municipalités ou des hôtels. De l’autre côté, 30 fournisseurs stratégiques (automates industriels, câbles, interrupteurs, disjoncteurs, éclairage, chemins de câbles…) représentent 50% des achats de Rexel, parmi lesquels Schneider Electric ou l’américain Eaton.
«En Bourse, Rexel, c’est une façon peu chère de jouer l’électrification», estime Guillaume Texier, qui revendique une hausse de 152% du cours de Bourse de l’entreprise entre le 1er janvier 2021 et le 1er décembre 2025, contre une progression de 39% pour l’ensemble du SBF120. Entre 2020 et 2025, la croissance annuelle du groupe s’est élevée à 6% en moyenne. Pas de quoi satisfaire l’appétit du dirigeant, dont l’ambition est d’atteindre 7% à 8%, via son plan Axelerate 28 annoncé au printemps, pour développer davantage un groupe de 27000 employés, répartis dans 19 pays, et ayant généré 19,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024.
Solaire et datacenters encore discrets dans les ventes
Le premier levier de développement ? Etre toujours plus près des tendances liées à l’électrification. Le solaire ne représente que 4% des ventes, mais cette part a quadruplé en quatre ans. Pour autant, «cela s’est tassé ces dernières années», observe Guillaume Texier, dans un contexte de fort boom de l’équipement en Allemagne et en Autriche en 2022 et 2023 suite à une forte hausse des prix de l’électricité, à la distribution d’aides publiques et aux peurs liées à l’approvisionnement en gaz russe.
Pour leur part, les datacenters, qui font le bonheur de Schneider Electric ou de Legrand, représentent 5% de son activité aux Etats-Unis (Rexel réalise 45% de ses ventes en Amérique du Nord). Le segment croît de 40% à 50% par an depuis deux ans outre-Atlantique. A l’échelle mondiale, il ne représente que 2% de l’activité : Rexel vend des câbles, des matériels de basse et moyenne tension, des armoires électriques et disjoncteurs… «Cela devient très gros. Il n’y a pas de bulle de l’utilisation de l’intelligence artificielle, les usages sont là», veut croire Guillaume Texier. Dans l’ensemble formé par l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Slovénie, les datacenters représent aussi moins de 5% des ventes, mais l’expansion des capacités installées en Allemagne (5,6 GW en 2030, 12 GW en 2045) aiguise l’intérêt du management local du groupe.
Autre marché sur lequel Rexel souhaite progresser : celui de la pompe à chaleur. En 2022, aux Pays-Bas, Rexel a ainsi acquis Wasco, un spécialiste de la distribution de plomberie et de pompes à chaleur. «Grand supporter» de la technologie, le chef d’entreprise se désespère toutefois du va-et-vient quasi-incessant des aides publiques, à l’instar de MaPrimeRénov’. En tant que distributeur, ses équipes sont en contact quotidien avec les artisans installateurs. «Quand les systèmes d’aides changent constamment, c’est très difficile de les convaincre. La stabilité a plus de valeur que le montant des aides lui-même. Nous avions un bout d’écosystème de production de PAC en France, et cela ne coûtait pas grand-chose d’aider à stabiliser un marché», estime Guillaume Texier.
Prochain levier de développement : le conseil
Autre axe stratégique pour Rexel, les services. «Dans la plupart de nos pays, nos clients commandent le soir pour le lendemain matin, puisqu’il faut s’adapter chaque jour sur un chantier, et que la construction est un métier plein d’imprévus», poursuit le dirigeant. En France, il vient de lancer la génération de devis à la voix, sur téléphone mobile, et étend son service de livraison en deux heures dans les grandes villes. En Suisse, par l’intermédiaire de sa filiale locale Elektro-Materials, rachetée en 2006, dont le sigle «EM» se décline dans toutes les langues (820 personnes, 690 millions de francs suisses, soit environ 739 millions d’euros de chiffre d’affaires), Rexel se positionne comme apporteur d’affaires, voire bureau d’études.
Rendez-vous est pris au parc des expositions de Bâle, dans un immense hall de 18000 m². EM a remporté un marché destiné à la modernisation de 1300 luminaires avec le remplacement des lampes fluocompactes par des LED. La partie extérieure des globes a été conservée. Une proposition développée en interne par EM, avant de choisir un industriel partenaire – le fabricant suisse de LED Smarterion.
Dans le canton de Berne, à Huttwil, la menuiserie industrielle Woodwork AG a pour sa part installé 5000 panneaux solaires (1,2 MW de puissance), ainsi que douze accumulateurs à batteries (Huawei) permettant de stocker 2,5 MW, soit un peu plus d’une demi-journée de fonctionnement de l’usine, avec la possibilité d’être autonome de mars à septembre. EM a assuré le conseil technique, de la conception de la taille, du stockage à l’intégration dans la gestion de l’énergie, ainsi que la livraison du matériel. Pour Rexel, il s’agit du plus gros projet de stockage de gestion de l’énergie en Europe.
Un type de prestation à développer, selon le groupe, qui compte aussi sur l’intelligence artificielle et l’automatisation de ses centres de distribution (10 entrepôts équipés sur 68, dont trois en Suisse) pour gagner en productivité. A Zurich, 80% de l’activité de l’entrepôt, situé en pleine ville, est confiée à des robots.


