
Clap de fin pour Yann LeCun chez Meta. Après douze années passées dans l’entreprise de Marc Zuckerberg, le chercheur en intelligence artificielle monte sa propre start-up. L’occasion pour lui de travailler sur les ‘world models’, des modèles comprenant le monde physique, avec de la mémoire et des capacités de raisonnement.
Yann LeCun espère doubler la Silicon Valley. Après douze années passées chez Meta, en tant que responsable de la recherche en intelligence artificielle (IA) et directeur fondateur du laboratoire Fair, le chercheur monte sa propre start-up. L’occasion pour cette figure mondialement connue de l’IA de se pencher sur les ‘world models’ dont il explique le concept lors de l’événement AI Pulse organisé par Scaleway à Station F le 4 décembre.
Mener des recherches différentes depuis Paris
«La majeure partie du savoir humain n’est pas bien représentée par des textes, selon Yann LeCun. Il s’agit principalement de modèles mentaux et d’intuition. […] Les pensées ne prennent pas la forme de tokens, mais d’images et d’environnements.» C’est pourquoi les LLM souffrent de nombreuses limites. «En tant qu’humains, nous pensons que le langage est essentiel pour l’intelligence, mais ça ne fait pas tout […], explique-t-il encore. Comprendre le monde physique, est beaucoup plus difficile que comprendre le langage. […] Les roboticiens le savent depuis longtemps.»
Ce discours, il le tient depuis plusieurs années déjà. Mais il semble avoir de plus en plus de mal à se faire entendre en raison de l’engouement autour de l’IA générative. Yann LeCun parle même d’une «Silicon Valley complètement hypnotisée par les modèles génératifs» et estime que «pour mener ces recherches différentes, il faut le faire depuis Paris».
Est-ce l’annonce d’un retour dans l’Hexagone avec sa start-up ? Une chose est sûre pour l’instant, celle-ci va plancher sur l’AMI, pour advanced machine intelligence – soit l’intelligence avancée. C’est ici que s’imbrique tout son discours autour des world models, ces modèles d’IA comprenant le monde physique, avec de la mémoire et pouvant raisonner et planifier une série de tâches complexes.
Anticiper l’état du monde suite à des actions
«Nous avons des outils pour coder très bien et très rapidement [grâce à l’IA, ndlr], mais nous n’avons toujours pas de robot qui sache faire ce qu’un enfant de cinq ou six ans sait faire», constate le chercheur. A ses yeux, les scientifiques passent à côté de quelque chose d’important, du fait que les bébés apprennent en observant et en interagissant. D’où ses recherches autour des world models.
Une des difficultés de cette approche est de développer des modèles qui puissent comprendre l’état du monde et anticiper son état suite à une série d’actions. Comment modéliser non seulement le robot lui-même, mais aussi son interaction avec son environnement et les modèles de cet environnement ? «Nous avons donc besoin d’un système capable de prédire l’avenir et les conséquences d’une série d’actions», ajoute-t-il.
Il ne quitte pas Meta en mauvais terme puisque l’entreprise de Mark Zuckerberg sera «un partenaire de la start-up» mais «pas un investisseur». Car ses recherches auront «de nombreuses applications dans divers secteurs, dont certaines recoupent les intérêts commerciaux de Meta», a ajouté Yann LeCun sans en dire davantage. D’autres (nombreuses) questions restent en suspens. Il faudra attendre janvier 2026 pour en savoir plus.


