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Adelphe et cinq laboratoires accélèrent la transition des blisters pharmaceutiques vers le recyclable

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Lu il y a 6 minutes



Alors que 8000 tonnes de blisters PVC/alu sont mises sur le marché chaque année en France, l’éco-organisme enclenche une étape décisive. Cinq laboratoires pharmaceutiques ont été sélectionnés dans un programme de trois ans pour mettre au point des solutions recyclables, soutenues financièrement et techniquement.

« On veut faire bouger la filière en partant des acteurs qui pèsent lourd », résume Vesna Reynal, responsable marché santé chez Adelphe. Derrière cette accélération, un constat simple : le blister PVC/aluminium, incontournable pour protéger les médicaments, demeure impossible à recycler. Dans un contexte de pression réglementaire — les emballages devront être recyclables d’ici à 2030 — Adelphe a lancé un appel à projets pour soutenir les industriels prêts à basculer vers d’autres matériaux.

Bayer, Karo, Mayoly, Opella et Sanofi figurent parmi les lauréats. Ensemble, ils représentent 260 millions de boîtes, soit 10 % du marché français. Pour ces laboratoires, la mission est claire : identifier des matériaux alternatifs, compatibles à la fois avec la protection du médicament et les cadences industrielles. « Aucune solution miracle n’existe : chaque matériau a ses atouts et ses limites », rappelle Pauline Tabourel, en charge de ces projets au sein d’Adelphe.

Chaque initiative pourra bénéficier jusqu’à 200 000 euros, destinés à financer études techniques, tests de stabilité ou adaptation des lignes de conditionnement. L’objectif n’est pas seulement d’innover, mais de déboucher sur des solutions industrialisables. « On veut sécuriser les étapes critiques pour que les matériaux recyclables puissent réellement entrer en production », précise Adelphe.

La démarche s’appuie sur six pistes déjà identifiées par un groupe de travail lancé en 2019 : polyéthylène téréphtalate (PET) clair ou coloré, polypropylène (PP), polyéthylène (PE), aluminium ou cellulose. Mayoly, par exemple, teste des blisters monomatériaux sur trois produits représentant 70 % de ses volumes. « On doit vérifier la machinabilité et la tenue de ces matériaux dans nos outils industriels », explique Céline Buffangeix-Contant, directrice R&D et industrialisation. Les essais se sont d’abord déroulés chez des partenaires avant d’être rapatriés sur site.

Opella Healthcare, de son côté, insiste sur les impératifs d’usage. « On ne transigera pas sur l’ouverture : certains patients ont de l’arthrite, par exemple, c’est un critère non négociable », rappelle Arnaud Constant, directeur développement packaging. Plus la matière offre une forte barrière, plus les adaptations industrielles s’annoncent complexes.

Cette transition s’inscrit dans un mouvement plus large, celui des 3R (réduire, réemployer, recycler) qui structure les travaux d’Adelphe. Le blister constitue le « deuxième gisement » après les boîtes carton, et l’un des plus complexes à transformer. « Levier le plus facilement actionnable, la réduction doit aussi être systématiquement étudiée », insiste Pauline Tabourel, même si la taille des blisters reste très contrainte par les moules et les machines.

Le secteur avance cependant, comme le montrent les démarches d’UPSA. La réduction de la taille des comprimés du Dafalgan codéine a permis de diminuer de 20 à 30 % le poids des emballages. « On peut faire de l’éco-conception dans la pharmacie, malgré les contraintes réglementaires », affirme Laure Lechertier, directrice accès au marché, affaires publiques, communication et RSE. Sur Efferalgan, une démarche similaire pourrait générer plus de 3 500 tonnes de CO₂ évitées.

Pour Adelphe, l’horizon est fixé : dans cinq ans, les emballages mis en marché devront tous être recyclables. Les résultats des projets seront partagés afin de favoriser l’adoption des alternatives. L’enjeu dépasse les seuls lauréats : il s’agit de créer un socle commun pour toute la filière, alors que les dispositifs médicaux (200 000 tonnes de plastique) et les compléments alimentaires (4 757 tonnes) font eux aussi face à une pression croissante.

« On veut être un vecteur d’accélération », résume Vesna Reynal. Et si les cinq lauréats parviennent à faire émerger des solutions robustes, l’effet d’entraînement pourrait, cette fois, changer la donne.

Ce que représentent les médicaments 

Chaque année en France, la production d’emballages de médicaments atteint 121 500 tonnes, ce qui équivaut au poids de douze tours Eiffel. Au total sont sont de trois milliards de boîtes de médicaments qui sont fabriquées annuellement, et 8 500 tonnes de médicaments non utilisés sont jetées chaque année.

La production des emballages représente 8% des émissions totales du secteur pharmaceutique. Les notices, bien qu’elles constituent 10% de la masse des emballages, ne génèrent que 6% des émissions.

Concernant les dispositifs médicaux, ils représentent plus de 200 000 tonnes de plastique et sont responsables de 3% des émissions de CO2. Le plastique constitue le gisement le plus significatif dans cette catégorie.



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