
Pour se garantir un accès à des agrumes et plantes fraîches indispensables à la fabrication de ses gins, vodkas et whiskies Bear Brothers, la Distillerie des Pyrénées investit dans cinq hectares de cultures biologiques à proximité de son site d’Auzeville-Tolozane (Haute-Garonne).
À Auzeville-Tolozane (Haute-Garonne), la Distillerie des Pyrénées, qui commercialise ses gins, vodkas et whiskies sous le nom de Bear Brothers, souhaite sécuriser ses approvisionnements. «La saison des agrumes est en hiver, de novembre à mars, ce qui limite notre période de fabrication. Beaucoup de producteurs souhaitent vendre au plus tôt leur production, notamment pour se prémunir de maladies. Certains produits sont disponibles jusqu’en janvier seulement», observe Alexandre Caruana, cofondateur de l’entreprise (11 personnes) avec Julien Caruana et Frédéric Gommard.
Créée en 2019, l’entreprise louait des installations à la Distillerie du Golfe, à Plougoumelen (Morbihan), afin de se former à l’utilisation d’alambics Stupfler. En janvier 2023, elle a emménagé dans son propre bâtiment, moyennant 5 millions d’euros d’investissement. Situé dans une zone baptisée Agrobiopole, il jouxte un lycée agricole ainsi que l’Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse (AgroToulouse). «Nous souhaitions avoir des synergies en matière d’agronomie», précise Alexandre Caruana.
670 arbres fruitiers et 1300 pieds de genévrier envisagés
Afin de s’approvisionner plus facilement en agrumes frais, macérés environ 48 heures après leur récolte, et en herbes fraîches, la Distillerie des Pyrénées a acquis, également à Auzeville-Tolozane, 5 hectares de terrain, situés à trois kilomètres de la distillerie. Objectif : planter 27 variétés d’agrumes, ainsi que de la genièvre, en agriculture biologique, à compter de 2026. Dans un contexte de changement climatique, «il y a quinze ans, nous n’aurions pas pu planter des agrumes sur Toulouse», observe le chef d’entreprise. Des serres seront construites, afin de placer les cultures à l’abri du gel.
«Les trois premières années seront les plus difficiles puisque les plants d’agrumes seront jeunes, et nous devrons être assez pointus sur l’irrigation, en goutte-à-goutte, dans une région soumise à un fort stress hydrique», indique Alexandre Caruana. Pour l’heure, la Distillerie des Pyrénées travaille avec des producteurs français ou avec des groupements spécialisés. Pour certains produits, tels que la bergamote, la distillerie demande à échelonner au maximum les approvisionnements dans le temps, jusqu’en mars.
Le lycée agricole de la ville, situé à 1 kilomètre, a pour sa part réservé deux hectares de terrain afin de cultiver de l’orge, qui sera utilisée dans le cadre de la production de whisky. Les céréales continueront d’être maltées à la Malterie occitane, à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn).
Une double filière d’approvisionnement
En 2026, la distillerie compte produire 150000 bouteilles, contre 10000 il y a cinq ans. Elle compte conserver des contrats avec la plupart de ses fournisseurs, pour disposer d’une double filière d’approvisionnement et se prémunir contre la variabilité des rendements. Les clémentines seront, elles, toujours corses, indication géographique protégée oblige.
Parallèlement à ce projet, une réflexion a été engagée sur la tourbe utilisée dans le whisky, qui vient actuellement de Pologne. D’autres initiatives environnementales, telles que la récupération d’eaux ou le design du bâtiment en «basse consommation», ont pour leur part déjà été menées.


