
Sur le site Alstom de La Rochelle, Loïc le Gorrec prend ses fonctions de directeur dans un contexte de croissance soutenue de la production et des effectifs. Il a précédemment travaillé dans cette usine, mais aussi en Afrique du Sud et en Australie.
Gérer la montée en cadence d’un site industriel, tel est le défi assigné à Loïc le Gorrec. Depuis le 18 août, il est le nouveau directeur du site Alstom La Rochelle, situé à Aytré (Charente-Maritime). Spécialisée sur la très grande vitesse ferroviaire et les tramways, sur l’ensemble du cycle (conception, fabrication, essais, mise en service), cette usine a recruté 500 personnes depuis 2023, et s’apprête à en intégrer 200 en 2026, puis 100 supplémentaires en 2027.
La raison de cette croissance ? L’arrivée d’une nouvelle génération de trains à grande vitesse, sur une plateforme baptisée Avelia, avec notamment la production du TGV-M pour la SNCF (6 rames produites en 2023 et 2024, puis à terme 27 rames par an d’ici à 2027). Un projet sur lequel des retards ont été enregistrés au démarrage. La future compagnie ferroviaire Velvet a commandé 12 rames (les motrices seront construites à Belfort, et les voitures passagers à La Rochelle). Pour sa part, Eurostar a annoncé, en octobre, avoir passé commande de 30 rames (et 20 en option), tandis que l’Office national des chemins de fer du Maroc attend 18 rames.
Dans l’usine, «il faut former les nouveaux arrivants, et les coacher sur le terrain. Avelia est un nouveau produit, avec un nouveau process», souligne Loïc le Gorrec, qui devra aussi superviser l’installation d’une deuxième ligne de production sur les TGV. Autre projet, la montée en puissance sur les tramways : 35 rames en 2024, 75 rames en 2025, et 150 rames en 2026.
Une arrivée chez Alstom en 2002
Pas de quoi effrayer le manager de 48 ans, qui connaît bien le site rochelais. Diplômé de l’Ecole d’ingénieurs généralistes de La Rochelle (Eigsi), «sans être originaire de la région», il débute sa carrière en 2000 en Australie, chez Alcatel Submarine Networks, pour s’occuper de câbles sous-marin en fibre optique.
Désireux d’intégrer un site de fabrication de trains, il rejoint le site de La Rochelle en 2009, comme directeur des essais des tramways et des TGV, avant de devenir directeur de la production de 2015 à 2019.
Deux expériences en Afrique du Sud et en Australie
A cette date, dans le cadre d’un projet mené avec Prasa, l’opérateur local de transport de passagers, Loïc le Gorrec part en Afrique du Sud et intègre une joint-venture avec l’entreprise locale Gibela. Directeur des opérations, il prend en main un contrat de 600 trains, et doit accompagner la montée en cadence – déjà – de l’usine, en passant de un à six trains fabriqués par mois entre 2020 et 2023.
«D’un point de vue professionnel, j’ai vraiment développé ma capacité d’adaptation, dans un milieu très complexe. Le taux de chômage est de 35%, et de 60% pour les jeunes. 80% des employés de l’usine ont moins de 35 ans, dont la première expérience professionnelle pour une grande partie d’entre eux. Il y avait un gros travail de structuration des équipes», retrace-t-il. De 70 expatriés initialement, l’usine n’en comptait plus que deux lorsque Loïc le Gorrec part, et remet les clefs à un manager formé localement.
«Dans le pays, on peut se retrouver dans des situations très complexes, et voir des choses extraordinaires également. On est tombés amoureux de ce pays. Cela a vraiment été une belle aventure humaine», poursuit-il, qui reste ensuite dans l’hémisphère sud, en Australie, pour prendre en main deux sites dans l’Etat du Victoria. A Dandenong, le projet consiste alors à remettre aux standards d’Alstom un ancien site Bombardier, à la cadence «très faible», dans un contexte de démarrage de contrats de tramways et de métros, et de la fin d’un projet de trains diesel.
«L’international, une manière de se développer»
Même si son départ est initialement prévu à la mi-2027, le manager saisit l’opportunité de revenir à La Rochelle pour se rapprocher de sa famille. Loïc le Gorrec recommande de saisir les opportunités à l’international.
«Ce sont des aventures professionnelles et familiales, ce qui n’est pas évident, il faut avoir une famille soudée. J’ai un enfant. Si des gens ont l’opportunité de le faire, il faut le faire, à l’international, c’est une vraie manière de se développer. En famille, on a beaucoup appris», souligne-t-il. A La Rochelle, Loïc le Gorrec s’adonne moins au VTT mais, en revanche, poursuit sa passion pour le surf.


