
Le syndicat des fabricants Elipso lance le projet «Plastic Packaging Plan 2040». Fort de 51 actions, il vise une diminution de l’empreinte carbone de la filière de 37% sur quinze ans.
«Une dynamique industrielle avec une architecture cohérente est nécessaire», indique Gaël Bouquet, le directeur général d’Elipso, le syndicat des fabricants d’emballage plastique. Dans un contexte de fragilisation de la filière de la plasturgie et du recyclage par les importations asiatiques et alors que la fiscalité des déchets est âprement discutée au Parlement, les industriels veulent «reprendre la main» et défendre les atouts de leurs produits dans le cadre réglementaire des «3R» (pour réduction, réemploi et recyclage). Aussi ont-ils élaboré le «Plastic Packaging Plan 2040». Objectifs ? Décarbonation, lutte contre la pollution plastique et renforcement de la confiance dans la sécurité sanitaire.
Feuille de route
Véritable feuille de route de la filière, ce plan s’appuie sur les avancées déjà réalisées – Gaël Bouquet rappelle que Valorplast a été créé en 1993 – et fixe donc une trajectoire vers 2040. Elle a été «coconstruite avec les marques et les parties prenantes», souligne le dirigeant, avec des «actions visibles et concrètes» à court et moyen terme dans l’alimentaire, la cosmétique, l’hygiène et l’industrie. «Parce que l’emballage plastique est un produit aux fonctions environnementales uniques, un garant de sécurité alimentaire avec le matériau le plus réglementé, un levier puissant contre le gaspillage et les émissions, un potentiel fort de circularité et une matière adaptable, évolutive et innovante.»
Trois scénarios ont été établis. Le premier, « business as usual », autrement dit le maintien des performances actuelles, serait contreproductif puisqu’il aboutirait à une évolution de +14% des émissions de CO2. Le deuxième, qualifié de «filière engagée», est aligné sur les exigences du règlement européen sur les emballages et déchets d’emballages (PPWR) ; il permettrait de réduire de près de 16% de l’empreinte carbone.
Améliorer les performances du recyclage
Option privilégiée, le troisième, dénommé «transition avancée», repose sur une approche de rupture beaucoup plus ambitieuse pour atteindre une diminution de 37%, selon une «trajectoire non figée et non linéaire». Il passe notamment un triplement du taux de recyclage, de 26 à 75%, la réincorporation accrue de matière recyclée – de 13% aujourd’hui à 61% –, un taux de réemploi de 20%, ou encore la décarbonation des process industriels à hauteur de -40% des émissions liées aux scopes 1 et 2. Pour y parvenir, 51 actions spécifiques ou transversales ont été imaginées. Par exemple, Elipso veut se doter d’un référentiel «juste emballage plastique» fonctionnel et favoriser une approche par les usages via le Comité de liaison des industries françaises de l’emballage (Clife), réactivé pour l’occasion. Pour améliorer les performances du recyclage, des travaux portent sur les bouchons transparents ou la suppression des perturbateurs. Sont également au programme le développement d’«offres structurantes de réemploi», en particulier dans les bouteilles et les emballages industriels, et d’emballages en plastique biosourcé. L’association professionnelle milite aussi pour un dispositif fiscal qui «désincite» à enfouir les déchets, le taux étant encore de 29% en France, pour une modernisation des centres de tri et pour la mise en place de la consigne pour recyclage. «Il s’agit de sortir des incantations, de mettre en œuvre des actions réalistes et d’intégrer la dynamique plastique dans l’écologie plutôt que de l’exclure», résume Christian Théry, le président d’Elipso.
En parallèle, la communication n’est pas négligée, la filière entendant faire connaître ces réalisations au plus grand nombre. Un site web dédié expliquera la démarche et présentera les avancées, tandis que des vidéos traiteront des trois enjeux principaux de la pollution, de la sécurité sanitaire et de la décarbonation.
Harmoniser les textes français et européens
Gaël Bouquet insiste cependant sur l’importance du cadre réglementaire pour amplifier cette mobilisation. « Il faut harmoniser les droits français et européen, prévient-il. La direction générale de la prévention des risques (DGPR) ne doit pas aller au-delà de la lettre des textes. En effet, il existe des incompatibilités majeures entre nos lois et le PPWR, sur le réemploi, la question de la recyclabilité et de l’information du consommateur, et les restrictions en particulier. Sinon, nous n’hésiterons pas à agir en justice.»


