
Uma a de grandes ambitions. La toute nouvelle start-up parisienne souhaite fabriquer un robot humanoïde léger, robuste et à bas coût pour automatiser de nouvelles tâches dans les usines. Elle va d’abord se concentrer sur les briques logicielles.
Un nouvel acteur français de la robotique entend séduire les industriels. Uma a profité de l’événement AI Pulse organisé par Scaleway le 4 décembre à Paris pour dévoiler ses ambitions. La start-up parisienne s’inscrit dans le courant de l’IA physique défini par son PDG et cofondateur Rémi Cadène comme le fait de «dépasser l’univers numérique avec une IA qui s’incarne dans le physique à travers la robotique». Basée à Paris, elle souhaite développer des briques logicielles et matérielles pour automatiser de nouvelles tâches dans les usines.
«L’application de l’IA à la robotique devient mature, explique Rémi Cadène. Nous arrivons à un moment où il est possible de la mettre en production.» Le chercheur en IA, passé chez Tesla pour travailler sur le véhicule autonome et l’humanoïde Optimus, n’entend pas passer à côté de cette révolution qu’il voit venir. D’où la création d’Uma pour “Universal Mechanical Assistant”. La start-up s’appuie sur «les méthodes et les briques open source développées ces deux dernières années au sein de la division LeRobot chez Hugging Face par Simon Alibert [l’un des cofondateurs, ndlr] et moi-même», ajoute Rémi Cadène.
Focus sur la dextérité et la préhension
Les avancées actuelles dans l’IA procurent des capacités de raisonnement et de contextualisation impressionnantes aux robots, mais Uma se spécialise plus particulièrement dans les décisions instantanées et le contrôle ultra-précis du corps. Pour cela, la toute jeune start-up développe «toutes les briques logicielles pour l’entraînement de l’IA, afin de mettre à l’échelle la génération des données et les outils de visualisation des données», liste Rémi Cadène. Mais pas seulement. Uma développe aussi des modèles d’apprentissage par imitation en combinant la perception et l’apprentissage par renforcement afin que le robot apprenne en continu.
«La dextérité est le challenge le plus important !, souligne Rémi Cadène. Nos mains manipulent une variété d’objets de toutes tailles, formes et poids sans que nous les regardions toujours avant de les saisir. Cette compétence est hors de portée de la robotique classique, c’est pour cela que nous voulons que le robot apprenne en regardant des personnes faire.» Robert Knight, l’un des quatre cofondateurs, est spécialisé sur ce sujet des mains robotisées. Et Uma est en discussion avec une start-up pour acquérir des capteurs tactiles.
La fabrication d’un humanoïde en ligne de mire
Au-delà des briques logicielles, Uma souhaite concevoir ses propres robots. L’un mobile avec deux bras pour automatiser des tâches en entrepôt, dans des centres logistiques et des environnements d’assemblage. L’autre humanoïde pour évoluer dans des espaces plus complexes et assister les industriels sur des tâches diverses. La start-up promet des robots «légers, sécurisés et robustes à un coût compétitif», selon son PDG qui souhaite à terme «produire des robots moins chers que ceux provenant de Chine», probablement en Europe. Un projet ambitieux alors que les fabricants chinois ont largement contribué à rendre les robots quadrupèdes et bipèdes accessibles en faisant baisser leurs coûts.
Mais la valeur ajoutée la plus importante reste l’automatisation. Et sur ce sujet, seule la partie logicielle compte. Dans un premier temps, Uma va donc se concentrer sur ces développements avant de progressivement descendre la chaîne de valeur jusqu’à la production d’un robot. Le déploiement des premiers prototypes, dans des environnements variés, est prévu pour fin 2026. D’ici là, Uma entend dévoiler ses recherches dans un espace de 600m² pour montrer l’état de l’art de la technologie. La pépite espère séduire des industriels puisqu’elle entend déployer ses robots dans des secteurs comme le textile et la logistique ainsi que sur des lignes d’assemblage.
La concurrence ne fait pas peur à Rémi Cadène. Il cite la promesse d’un marché de la robotique humanoïde qui pèserait 240 milliards de dollars en 2035 poussé par une forte demande en automatisation de l’industrie. Toutefois, le gouvernement chinois a mis en garde contre le risque d’une bulle des robots humanoïdes en raison d’un très grand nombre de start-up présentes en Chine sur ce segment et encore trop peu d’usages réels. Si les humanoïdes fascinent, ils doivent encore faire leurs preuves en usine.


